Le premier ministre François Legault a inauguré jeudi le complexe hydroélectrique de La Romaine, sur la Côte-Nord. (Photo: La Presse Canadienne)
Havre-Saint-Pierre — Le premier ministre François Legault a inauguré jeudi le complexe hydroélectrique de La Romaine, sur la Côte-Nord, le plus imposant depuis la Baie-James.
«Ça m’amène beaucoup de fierté. C’est vraiment le symbole du génie québécois», s’est réjoui M. Legault lors de son discours devant les dignitaires et travailleurs.
Le premier ministre a rendu hommage à ses prédécesseurs, dont le libéral Jean Charest qui était parmi les invités et qui a lancé la construction en 2009, affirmant qu’ils avaient fait «les bons choix».
«Aujourd’hui, grâce à ces choix, on a les tarifs d’électricité les plus bas en Amérique du Nord», a-t-il soutenu. Plus tard en mêlée de presse, M. Charest s’est dit «agréablement surpris» d’avoir été invité.
«Ce qui compte en politique, c’est ce qu’il y a de fondateur et qui dure dans le temps, alors ça me rend très fier aujourd’hui», a-t-il déclaré devant les journalistes.
M. Legault était également accompagné de son ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, et du PDG d’Hydro-Québec, Michael Sabia.
La Romaine — qui comprend quatre centrales — produira 8 TWh par an, permettant d’alimenter quelque 470 000 foyers. La construction s’est déroulée entre 2009 et 2023, au coût de 7,4 milliards de dollars.
Le chantier de La Romaine aura aussi eu un coût humain ; quatre travailleurs ont perdu la vie au fil des ans.
«Hydro-Québec a appris de ces tragédies. Nos pratiques ont changé et maintenant, la sécurité […] est au centre de tout ce que nous faisons chaque jour», a assuré M. Sabia.
Le complexe de La Romaine est situé au nord de Havre-Saint-Pierre, près de la frontière du Labrador. Il a inondé un large territoire, a souligné dans son allocution le chef d’Ekuanitshit, Jean-Charles Piétacho.
«L’aînée de notre village, elle a eu 92 ans le 5 octobre, ça aurait été malaisant de l’inviter aujourd’hui avec moi, parce que son lieu de naissance […] a été inondé», a-t-il déploré.
M. Piétacho a invité les différents acteurs à «repenser» leurs relations avec les Premières Nations et les Inuit.
Au premier ministre Legault, comptable de formation, il a lancé: «C’est très bien. Moi [aussi], je sais compter. On va compter en milliards, et non en millions si on veut discuter.»
Le chef innu a profité de sa présence à l’inauguration, jeudi, pour passer un autre message: «Non» à un barrage sur la rivière Magpie, une rivière «intouchable».
Le plan Sabia déposé en novembre
Le chef d’Ekuanitshit «s’inquiète pour rien», car il n’y a aucun projet prévu sur la rivière Magpie, lui a répondu en mêlée de presse François Legault.
Il confirme toutefois que le projet de barrage sur la rivière Petit-Mécatina est toujours «en analyse».
Car s’il veut atteindre ses cibles, notamment en matière de réduction de gaz à effet de serre et de carboneutralité, le Québec aura besoin de «beaucoup plus d’électricité», selon M. Legault.
Combien exactement? Ce sera précisé dans le plan que déposera au début novembre le PDG d’Hydro-Québec, a-t-il annoncé.
«Nous allons nous adresser à la question des besoins du Québec […] et présenter quelques-unes de nos orientations», a indiqué M. Sabia, qui parle du «début d’une conversation, d’un dialogue».
En effet, les Québécois auront d’importantes questions à se poser, selon M. Legault, qui n’exclut rien, sauf le retour au nucléaire. «Veut-on en faire plus comme leader de l’économie verte?» a-t-il demandé.
Le rapport Sabia sera étudié en commission parlementaire.
Caroline Plante, La Presse Canadienne
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