Après la cigarette, est-ce qu'il sera bientôt mal vu de manger de la viande ? Si cela peut aujourd'hui paraître peu probable, l'attention grandissante portée aux importants dommages environnementaux attribuables à l'industrie de la viande pourrait se transformer en campagne anti-viande. Le New York Times publiait hier un long article sur ce qui pourrait être l'un des derniers tabous écologiques ("Rethinking the Meat-Guzzler"). En effet, plusieurs citoyens sensibles au sort de l'environnement sont prêts à acheter des produits responsables, à donner de l'argent à des groupes écologistes et même à dépenser un peu plus pour se procurer une voiture hybride. Mais combien d'entre eux iraient jusqu'à modifier leur alimentation pour des raisons environnementales ? Les chiffres rapportés par le quotidien new-yorkais frappent l'imaginaire. Chaque année, les Américains mangent 10 milliards d'animaux. En moyenne, ils consomment quotidiennement plus d'une demi-livre de viande, volaille et poisson, ou 200 livres (90 kilos) par année. Environ 75 % des cas de pollution des cours d'eau seraient reliés à l'agriculture, qui par la culture des grains servant à nourrir le bétail est intimement liée à l'industrie de la viande, selon l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis. L'élevage de bétail serait par ailleurs responsable de 20 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, soit davantage que le secteur des transports, selon le FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture). Or malgré l'impact considérable de ce secteur, celui-ci est très peu abordé dans les mesures nationales ou internationales proposées afin de lutter contre les changements climatiques. Cela peut notamment être expliqué par l'impopularité de mesures qui viseraient à limiter ou décourager la consommation de viande. Les gains environnementaux seraient toutefois appréciables. Selon une étude de l'Université de Chicago, une réduction de la consommation de viande de 20 % par les citoyens américains auraient le même effet que si l'ensemble des gens se promenaient en Toyota Prius (4 litres/100km) plutôt qu'en berline (env. 9 litres/100km). Pour aller plus loin : http://www.nytimes.com/2008/01/27/weekinreview/27bittman.html The New York Times http://www.fao.org/ag/magazine/0612sp1.htm FAO: Livestock's Long Shadow