Israël se prépare à une invasion terrestre à Gaza

Publié le 15/10/2023 à 09:37, mis à jour le 15/10/2023 à 20:42

Israël se prépare à une invasion terrestre à Gaza

Publié le 15/10/2023 à 09:37, mis à jour le 15/10/2023 à 20:42

Par AFP

La riposte israélienne a tué plus de 2300 personnes, dont plus de 700 enfants, dans la bande de Gaza. (Photo: Getty Images)

Israël a continué dimanche à mobiliser ses troupes aux abords de la bande de Gaza en vue d’une probable offensive terrestre contre le Hamas palestinien, qui fait craindre un embrasement de toute la région.

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La guerre entre Israël et le Hamas, qui a fait des milliers de morts dans les deux camps, a été déclenchée après une attaque sanglante et sans précédent lancée le 7 octobre par le Hamas contre le territoire israélien à partir de la bande de Gaza sous contrôle du mouvement islamiste palestinien.

Au neuvième jour du conflit, l’armée de l’air israélienne a bombardé sans relâche des cibles dans la bande de Gaza, alors que les combattants du Hamas ont continué de tirer des roquettes en direction d’Israël.

Face aux frappes aériennes et après les appels de l’armée à évacuer le nord de la bande de Gaza, plus d’un million de personnes ont été déplacées en une semaine dans ce territoire de 362 km2, qui compte au total 2,4 millions d’habitants, selon l’ONU.

L’armée israélienne a confirmé qu’elle se préparait à une « prochaine étape » de son opération de représailles contre le Hamas, responsable de l’attaque la plus meurtrière depuis la création d’Israël, se disant dans l’attente d’une «décision politique».

Ces préparatifs inquiètent au plus haut point la communauté internationale, qui redoute que le conflit embrase la région.

À la manoeuvre depuis plusieurs jours, le secrétaire d’État américain Antony Blinken doit retourner en Israël lundi, pour une deuxième visite en une semaine, après une tournée dans plusieurs pays arabes.

Au Caire, il a assuré que les alliés arabes des États-Unis ne voulaient pas de débordement du conflit.

 

«Risque très grave»

« Personne ne doit jeter de l’huile sur le feu ailleurs », a-t-il dit, ajoutant que les différentes capitales arabes visitées, dont Ryad, utilisaient « leurs propres canaux pour s’assurer que cela n’arrive pas ».

Les États-Unis ont enjoint à l’Iran, un allié du Hamas et du Hezbollah libanais, de ne pas étendre le conflit.

L’Iran a prévenu que « nul ne peut garantir le contrôle de la situation et la perspective d’un élargissement du conflit » si Israël envahit Gaza.

La conseillère spéciale de l’ONU sur la prévention des génocides, Alice Wairimu Nderitu, a elle évoqué le « risque très grave d’une escalade militaire dans la région ».

La tension monte dangereusement à la frontière entre le Liban et Israël, où les accrochages meurtriers se multiplient entre le Hezbollah et l’armée israélienne.

Dimanche, un civil israélien a été tué et plusieurs autres blessés à Shtula, dans le nord d’Israël, par un tir de missile du Hezbollah. Et le siège des Casques bleus de l’ONU dans le sud du Liban a été touché par une roquette.

Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a affirmé que son pays ne voulait pas d’une guerre à sa frontière avec le Liban, mais « si le Hezbollah choisit la voie de la guerre, il en paiera un très lourd tribut ».

L’armée a dit samedi avoir tué à cette frontière « plusieurs terroristes » tentant de s’infiltrer. Le Hamas a confirmé la mort de trois combattants infiltrés.

Israël a frappé en outre samedi à l’artillerie la Syrie voisine après des alertes aériennes dans la partie du plateau du Golan annexé par Israël en 1967.

 

«Catastrophe humanitaire»

Plus de 1 400 personnes, surtout des civils, dont des enfants, ont été tuées en Israël dans l’attaque du Hamas, selon un dernier bilan israélien.

Les autorités du Hamas ont fait état d’au moins 2 670 personnes, dont des centaines d’enfants, tuées dans les frappes israéliennes qui ont dévasté des quartiers entiers.

Quelque 155 personnes ont été en outre enlevées par le Hamas, selon Israël qui a annoncé avoir retrouvé lors d’incursions à Gaza « des cadavres » d’otages. Le Hamas a fait état de 22 otages tués dans les raids israéliens.

Dans l’attente d’une opération terrestre à Gaza où il a juré d’en finir avec le Hamas, Israël n’a cessé depuis vendredi d’exhorter les Gazaouis à fuir le nord de la bande de Gaza vers le sud.

L’armée affirme cibler la ville de Gaza, dans le nord, pour y détruire le centre des opérations du mouvement palestinien, classé organisation « terroriste » par les États-Unis et l’Union européenne.

Elle a annoncé dimanche la mort dans des frappes d’un troisième chef militaire du Hamas, responsables selon elle de l’attaque du 7 octobre.

À Gaza, une « catastrophe humanitaire inédite » est en cours, a affirmé l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).

« Pas une goutte d’eau, pas un grain de blé, pas un litre de carburant n’a été autorisé à entrer à Gaza ces huit derniers jours », a affirmé Philippe Lazzarini, le chef de l’Unrwa.

Seule lueur d’espoir, l’eau est revenue dans certaines localités du sud du territoire palestinien où s’entassent des dizaines de milliers de personnes.

Mais la situation y reste très difficile pour ces milliers de réfugiés. « Chaque jour, nous réfléchissons à la façon d’économiser l’eau. Si l’on prend une douche, on ne boira pas d’eau », regrette Assem, un habitant de Kan Younès, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a assimilé le « déplacement » en cours à l’exode de quelque 760 000 Palestiniens à la création en 1948 de l’État d’Israël, l’Égypte et la Jordanie s’opposant pour leur part à toute nouvelle dispersion de Palestiniens hors de leurs terres.

Il a par ailleurs affirmé, lors d’un entretien avec son homologue vénézuélien Nicolás Maduro, que « les politiques et les actions du Hamas ne représentent pas le peuple palestinien », selon l’agence de presse officielle palestinienne Wafa.

 

«La peur»

Dans le sud de la bande de Gaza, où les déplacés affluent par dizaines de milliers, manquant de tout, les frappes israéliennes se poursuivent, selon des habitants.

« Regardez les destructions massives. Ils prétendent qu’il y a du terrorisme ici », crie Alaa al-Hams en montrant les décombres d’une habitation bombardée dimanche à Rafah. « Où est l’humanité dont ils parlent? Ici, tous sont des civils, sans lien avec aucun groupe, mais ils sont tous morts. »

Au poste-frontière de Rafah, entre l’Égypte et Gaza, l’aide humanitaire afflue de plusieurs capitales, mais ne passe toujours pas.

Ce seul passage entre Gaza et l’extérieur qui ne soit pas sous contrôle israélien reste fermé, bombardé à plusieurs reprises par la chasse israélienne.

De l’autre côté de la barrière israélienne clôturant la bande de Gaza, les habitants de Sdérot sont aussi évacués.

« C’est dur (...) la peur à chaque alerte, il faut partir, c’est mieux pour les enfants », dit Helen Afteker, 50 ans.

Le 7 octobre à l’aube, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, des centaines de combattants du Hamas ont infiltré Israël par la terre et les airs, tuant plus d’un millier de civils et semant la terreur sous un déluge de roquettes. Environ 270 personnes, d’après les autorités, ont été abattues ou brûlées dans leur voiture dans un festival de musique.

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