Israël-Palestine: «Nous sommes en guerre»

Publié le 07/10/2023 à 20:55

Israël-Palestine: «Nous sommes en guerre»

Publié le 07/10/2023 à 20:55

Par AFP

Des roquettes lancées depuis Gaza, ce samedi. (Photo: Getty Images)

Sdérot, Israël — Israël et la bande de Gaza sont en guerre et les morts se comptent par centaines de part et d’autre après le déclenchement samedi d’une offensive militaire surprise et spectaculaire du Hamas, qui a tiré des milliers de roquettes, infiltré des combattants en territoire israélien et capturé des Israéliens.

Cette éruption de violence a fait « plus de 200 morts » et « plus de 1000 blessés » côté israélien, selon l’armée qui a accusé le Hamas d’avoir « massacré des civils » jusque dans leurs maisons.

Dans la bande de Gaza, où l’armée israélienne a mené des dizaines de frappes aériennes en représailles, les autorités du Hamas mouvement islamiste au pouvoir sur ce microterritoire depuis 2007 ont dénombré 232 morts.

« Ce qui s’est passé aujourd’hui est sans précédent en Israël » a reconnu le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou, promettant que l’armée utiliserait « toute sa puissance » pour « détruire les capacités » du Hamas.

« Il (s’agit) bien d’une guerre […] et nous la gagnerons », a-t-il aussi déclaré à propos des cette escalade la plus meurtrière dans le conflit israélo-palestinien depuis des décennies. « Tous ces endroits où le Hamas se cache [...] nous allons en faire des ruines. »

« Nous sommes sur le point de remporter une grande victoire », a affirmé de son côté Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas.

L’offensive a lieu cinquante ans et un jour après le début de la guerre israélo-arabe de 1973 qui avait pris Israël totalement par surprise en plein Kippour (le jour du Grand Pardon juif).

Au sol, les combats entre soldats israéliens et « des centaines » d’infiltrés se sont poursuivis jusque dans la nuit en « 22 endroits », selon un porte-parole de l’armée israélienne, qui a mentionné une « situation grave impliquant des otages » dans un rayon de 20 km à l’est de la bande de Gaza.

Peu avant une heure du matin dimanche (22 h GMT samedi), l’armée israélienne a frappé plusieurs bâtiments à Gaza alors que se poursuivaient les tirs de roquettes à partir du territoire, selon des journalistes de l’AFP. L’armée affirme qu’il s’agissait de « centres de commandement » du Hamas.

Les hostilités ont commencé samedi avant 6 h 30 (3 h 30 GMT) par un déluge de roquettes tirées depuis la bande de Gaza, vers les localités israéliennes voisines, mais aussi plus en profondeur jusque vers Tel-Aviv et Jérusalem.

Profitant de l’effet de surprise, des combattants du Hamas à bords de véhicules, de bateaux et même de parapentes motorisés se sont joués de l’imposante barrière de sécurité érigée par Israël autour de la bande de Gaza, attaquant des positions militaires ou des civils en pleine rue.

Les brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du Hamas, ont affirmé dans une vidéo avoir « capturé plusieurs soldats ennemis » et les Brigades al-Qods, la branche militaire du Jihad islamique palestinien, ont aussi déclaré détenir « de nombreux soldats » israéliens.

Le général Daniel Hagari porte-parole de l’armée israélienne a confirmé que des « soldats et des civils israéliens » avaient été enlevés. « Je ne peux pas donner de chiffres à leur propos. C’est un crime de guerre commis par le Hamas et ils en paieront le prix », a-t-il dit.

Le commandant des brigades Al-Qassam, Mohammad Deif, a annoncé avoir déclenché l’opération « déluge d’Al-Aqsa » contre Israël pour « mettre fin à tous les crimes de l’occupation ».

L’armée israélienne a compté plus de 3000 tirs de roquettes sur Israël. Beaucoup ont été interceptées par la défense antiaérienne.

Le conflit a provoqué d’importantes perturbations à l’aéroport international Ben Gourion de Tel-Aviv, et de nombreuses compagnies aériennes ont annulé leurs vols à destination de Tel-Aviv ce week-end.

Les écoles, elles, resteront fermées dimanche, début de la semaine en Israël.

Combats toujours en cours

« Envoyez de l’aide s’il vous plait (…), ils tirent sur notre maison », a imploré une femme enceinte vivant à quelques kilomètres de la bande de Gaza, dans un témoignage relayé par le quotidien Times of Israel.

« J’ai vu beaucoup de corps, de terroristes et de civils […] trop de corps », a dit à l’AFP Shlomi, un Israélien, à côté de cadavres éparpillés sur une route près du kibboutz Gevim, dans le sud d’Israël.

Des frappes aériennes israéliennes ont détruit les trois immeubles de plus de dix étages de la « tour Palestine » à Gaza.

Médecins sans frontières a déclaré qu’une frappe avait touché un hôpital dans l’enclave, causant plusieurs décès.

En Cisjordanie occupée, six Palestiniens ont été tués et 120 blessés lors d’affrontements avec les forces israéliennes et des colons, selon le ministère palestinien de la Santé.

Dès le matin, des centaines de civils ont fui leurs maisons dans le nord-est de Gaza pour s’éloigner de la frontière avec Israël.

Samedi soir, Israël a ordonné de couper la fourniture d’électricité à l’enclave.

«Restaurer le calme»

L’ONU a annoncé avoir convoqué une réunion d’urgence du Conseil de sécurité sur le Moyen-Orient dimanche.

Le patron de l’organisation, Antonio Guterres, a exhorté la communauté internationale à des « efforts diplomatiques pour éviter un élargissement de la conflagration ».

Le président américain Joe Biden a martelé samedi, dans une courte allocution à la Maison-Blanche, que le soutien des États-Unis à Israël était « gravé dans le marbre et inébranlable ».

Son ministre des Affaires étrangères, Antony Blinken s’est entretenu par téléphone avec son homologue égyptien Sameh Choukri auprès de qui il a souligné « l’urgence de parvenir à un arrêt immédiat de l’effroyable assaut des terroristes du Hamas contre Israël », selon le département d’Etat. L’Égypte est un intermédiaire clé entre Israël et le Hamas.

 

«Fermement condamné»

L’UE et de nombreuses capitales européennes ont « fermement condamné » samedi les attaques menées dans la nuit par le Hamas et souligné le droit d’Israël, qui a lancé une riposte, à « se défendre », la Russie pour sa part appelant à la « retenue » et la Turquie à éviter une escalade. Voici les principales réactions.

Union européenne

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a condamné « sans équivoque » des attaques relevant du « terrorisme dans sa forme la plus méprisable », et estimé qu’Israël avait « le droit de se défendre ».

« Nous suivons avec angoisse les nouvelles en provenance d’Israël (...) Cette violence horrible doit cesser immédiatement. Le terrorisme et la violence ne résolvent rien », a souligné de son côté le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. « L’UE exprime sa solidarité avec Israël dans ces moments difficiles », a-t-il ajouté.

Le président du Conseil européen, Charles Michel, a également dénoncé ces « attaques aveugles lancées contre Israël et son peuple ce matin, infligeant terreur et violence à des citoyens innocents »

Russie

Moscou appelle à la « retenue » après ces attaques, a indiqué un diplomate russe haut placé. « Nous sommes en contact avec tout le monde maintenant. Avec les Israéliens, les Palestiniens et les Arabes », a déclaré Mikhaïl Bogdanov, vice-ministre russe des Affaires étrangères et émissaire du Kremlin pour le Proche-Orient et l’Afrique, cité par l’agence Interfax.

Ukraine

Kiev « condamne fermement les attaques terroristes en cours contre Israël, y compris les tirs de roquettes contre la population civile à Jérusalem et à Tel-Aviv », a déclaré le ministère ukrainien des Affaires étrangères. L’Ukraine exprime son « soutien à Israël dans son droit à de défendre lui-même et son peuple ».

Turquie

Le président Recep Tayyip Erdogan a exhorté Israéliens et Palestiniens à « agir de manière raisonnable » et « à s’abstenir d’agir impulsivement ce qui augmenterait les tensions ».

France

Le président Emmanuel Macron « condamne fermement les attaques terroristes qui frappent actuellement Israël », et a exprimé sa « pleine solidarité » avec les victimes.

Par la voix de son ministère des Affaires étrangères, Paris a aussi « réaffirmé son rejet absolu du terrorisme et son attachement à la sécurité d’Israël ».

Royaume-Uni

« Je suis choqué par les attaques menées ce matin par les terroristes du Hamas contre des citoyens israéliens », a déclaré le chef du gouvernement Rishi Sunak. « Israël a le droit absolu de se défendre », a-t-il ajouté.

Londres condamne « sans équivoque les horribles attaques du Hamas contre les civils israéliens », a dit de son côté le ministre des Affaires étrangères James Cleverly. Londres « soutiendra toujours le droit d’Israël à se défendre », a-t-il ajouté.

Allemagne

Berlin « condamne fermement les attaques terroristes venant de Gaza contre Israël », a déclaré la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock.

Israël « a toute notre solidarité » et « le droit, garanti par le droit international, de se défendre contre le terrorisme », a-t-elle ajouté. Le Hamas « contribue à l’intensification de la violence », estime encore Mme Baerbock.

Italie

Rome « soutient le droit d’Israël à se défendre » contre « l’attaque brutale qui se déroule en Israël », a indiqué le gouvernement.

Espagne

L’Espagne est « choquée » par la « violence aveugle » des attaques « terroristes extrêmement graves » lancées par le Hamas, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Jose Manuel Albares.

Pays-Bas

Le Premier ministre Mark Rutte s’est entretenu avec son homologue israélien Benjamin Nétanyahu de « l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël » et lui dire que « les Pays-Bas condamnent sans ambiguïté cette violence terroriste et soutiennent pleinement le droit d’Israël à se défendre ».

Pologne

Le ministre des Affaires étrangères polonais Zbigniew Rau  « a condamné dans les termes les plus fermes » ces attaques qualifiées d’« inacceptables » et d’« actes d’agression révoltants ».

République tchèque

Le premier ministre tchèque Petr Fiala a « condamné » ces attaques contre des « victimes innocentes ». Prague « a toujours été du côté d’Israël et continuera de l’être », a-t-il ajouté.

Grèce

Le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a « fermement condamné » ces « attaques atroces ». Athènes « est aux côtés du peuple israélien et soutient pleinement son droit à se défendre ».

Albanie

Le ministre albanais des Affaires étrangères, Igli Hasani, a « fermement condamné » ces attaques, et ajouté que « nous sommes fermes face au terrorisme ».

 

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