Hong-Kong s'attaque à sa pollution atmosphérique

Publié le 20/05/2008 à 13:33

Hong-Kong s'attaque à sa pollution atmosphérique

Publié le 20/05/2008 à 13:33

Par lesaffaires.com
Dans cette mégalopole asiatique, il n'est pas rare que les citoyens interrogent les visiteurs sur la météo de leur coin de pays. «Si le ciel est souvent bleu à Montréal? Euh, oui, bien sûr, assez souvent même.» Si la question peut surprendre, elle témoigne bien de la préoccupation croissante en matière d'environnement des Hong-Kongais, notamment à propos de la qualité de l'air. Le ciel de Hong-Kong est le plus souvent voilé de gris. Ce smog, un curieux cocktail de brouillard et de polluants, gâche la beauté exceptionnelle du site, en plus de nuire à la santé des Hong-Kongais. L'enjeu environnemental numéro un «La qualité de l'air est de loin notre principal enjeu environnemental», affirme Mee Kam Ng, professeure au Centre d'urbanisme et de gestion environnementale de l'Université de Hong-Kong. De tous les citoyens, les jeunes sont les plus critiques en matière d'environnement, précise cette spécialiste en développement durable. «Les jeunes de moins de 25 ans déplorent la mauvaise qualité de l'air», dit-elle. Pour Michel Lahaie, président de la firme Axiom Investment Management, la pollution atmosphérique est une tache sur le bilan de la ville; elle fait ombrage à ses nombreuses forces. «Les gens n'y ont pas assez prêté attention dans le passé», dit ce Québécois d'origine installé à Hong-Kong depuis les années 1980, qui précise que l'asthme de son fils disparaît lorsqu'il vient au Québec. Hong-Kong est soumise à deux sources de pollution atmosphérique : les émissions locales de la Région administrative spéciale (RAS) de Hong-Kong, un territoire de quelque 1 000 kilomètres carrés, et celles de la Chine continentale, tout particulièrement de la province de Guangdong, où est concentrée l'industrie manufacturière chinoise. Sur le front local, le gouvernement de Hong-Kong a mis en place ces dernières années diverses mesures pour réduire les émissions de polluants, des oxydes de soufre (SOx) aux oxydes d'azote (NOx) et des composée organiques volatils (COV) aux matières particulaires (MP). Par exemple, tous les taxis de la ville sont passés du carburant diésel au gaz de pétrole liquéfié (GPL), plus écologique. Plus de la moitié des autobus de taille moyenne de Hong-Kong se sont aussi convertis au GPL. Le gouvernement offre aussi des incitatifs fiscaux aux citoyens qui achètent des voitures écoénergétiques. Sans parler des bâtiments publics, de plus en plus efficaces sur le plan de l'énergie, grâce à des toits verts ou des systèmes d'éclairage intelligents qui s'éteignent lorsqu'ils sont inutilisés, par exemple. Mais la bataille est loin d'être gagnée. «Les émissions de dioxyd ede soufre (S02) sont toujours en progression», admet le ministre de l'Environnement, Edward Yau. Cette hausse est principalement imputable aux centrales thermiques au charbon qui alimentent Hong-Kong en électricité. Le plus grand défi provient du continent Pour tenter de remédier à la situation, le gouvernement va imposer des plafonds d'émissions. Ainsi, les rejets de SO2 devront se limiter à 25 000 tonnes en 2010, comparativement à 65 000 tonnes en 2006. À moyen et à long termes, le plus grand défi provient toutefois de la Chine continentale. Le pays connaît une croissance économique fulgurante depuis un quart de siècle, ce qui produit beaucoup de pollution. De plus, la protection de l'environnement est loin d'y être une priorité, même si les autorités communistes et les citoyens sont de plus en plus sensibles à cet enjeu. «Ils émettent beaucoup de polluants atmosphériques», souligne Edgar W. K. Cheng, président du Conseil pour le développement durable, un organisme qui formule des recommandations au gouvernement de Hong-Kong sur les meilleures stratégies pour protéger l'environnement. «De 15 à 20 % du smog de Hong-Kong vient de l'extérieur», dit-il. Projet pilote dans 1 500 entreprises chinoises Pour limiter les effets négatifs du développement économique chinois, le gouvernement de Hong-Kong et les autorités de la province de Guangdong se sont associées pour mettre en place un projet pilote, le Cleaner Production Partnership Programme. L'initiative vise à aider 1 500 entreprises à réduire leurs émissions de polluants atmosphériques et, dans une moindre mesure, celles de gaz à effet de serre (GES). «Nous voulons les amener à produire de manière plus propre tout en réduisant leurs coûts d'exploitation», précise le ministre Edward Yau. Toutes ces entreprises de Chine continentale sont la propriété d'investisseurs de Hong-Kong - ils en contrôlent au total 56 000 dans la province. Les 1 500 usines ciblées par le programme sont situées dans le delta de la rivière Pearl. Elles œuvrent dans huit secteurs d'activité : le textile, les minerais non métalliques, les produits métalliques, les aliments et les boissons, les produits chimiques, l'impression, la fabrication de meubles, et le papier. La mise en place d'un système d'échange de droits d'émission de polluants atmosphériques est aussi projetée, mais aucun crédit ne s'échange pour l'instant. La Bourse de Hong-Kong compte d'ores et déjà contribuer à ce système. «Nous voulons être prêts quand la demande sera là», explique Ronald Arculli, président de cet important parquet boursier asiatique et mondial. Mais bien que le gouvernement de Hong-Kong, les entreprises et les marchés financiers mettent l'épaule à la roue pour réduire la pollution, Mee Kam Ng estime que l'effort est insuffisant. «Nos critères en matière de qualité de l'air sont inférieurs à ceux de l'Organisation mondiale de la santé, déplore l'universitaire. Nous pouvons faire mieux.» François Normand a récemment séjourné à Hong-Kong à l'invitation du gouvernement de Hong-Kong, dans le cadre d'un programme de perfectionnement s'adressant aux journalistes étrangers."

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