Dubaï ou la fin du mirage

Publié le 30/11/2009 à 07:29

Dubaï ou la fin du mirage

Publié le 30/11/2009 à 07:29

Par La Presse Canadienne

Tourisme, immobilier et luxe sont synonymes de Dubaï. Photo : Bloomberg

Luxueuse oasis de tous les excès, avec ses pistes de ski intérieures, ses îles artificielles et ses chantiers pharaoniques, Dubaï croule aujourd'hui sous les dettes. Et la menace de faillite de l'émirat jette le doute sur d'autres pays du Golfe, où le pétrole devrait à nouveau faire toute la différence.

Petit pays dépourvu du précieux or noir, Dubaï a vécu à crédit pour s'imposer comme la plaque tournante financière de la région, un aimant à investissements, touristes de luxe et travailleurs étrangers.

Il a joué à fond depuis une dizaine d'années la carte de la spéculation immobilière et de la démesure, s'enorgueillissant de posséder le plus haut gratte-ciel du monde, le Burj Dubai, qui doit ouvrir en janvier. Les prix de l'immobilier s'effondraient depuis plusieurs mois, on annulait projet de construction sur projet de construction, les expatriés partaient en masse? A en croire encore récemment son émir, le cheikh Mohammed bin Rachid Al-Maktoum, le modèle économique de Dubaï résistait à la crise immobilière puis financière.

Jusqu'à ce que le conglomérat Dubai World, moteur financier de l'émirat, demande cette semaine un moratoire de six mois pour rembourser ses 60 milliards de dollars de dettes (40 milliards d'euros), dont le plus gros correspond à des emprunts de sa branche immobilière Nakheel. La dette totale de la cité-Etat avoisine les 80 milliards de dollars (53 milliards d'euros).

L'annonce a fait dévisser les bourses du monde entier, ravivant le souvenir tout frais des débuts de la crise mondiale au moment où l'on constate les premiers signes d'une reprise économique. Mais pour les analystes du cabinet Capital Economics, "les problèmes actuels de Dubaï sont davantage la conséquence longtemps retardée de l'explosion de la bulle immobilière que le début d'une nouvelle crise financière".

Il n'empêche que la déconfiture de ce pays de la taille de l'Autriche "va avoir des conséquences négatives pour tout le monde dans la région", estime John Sfakianakis, économiste en chef du groupe Banque Saudi Fransi-Credit Agricole, car elle souligne l'opacité des comptes de Dubaï et des Emirats arabes unis, qui brassent pourtant des centaines de milliards de dollars d'investissements.

Si ces investisseurs ont pu se satisfaire de la situation quand ces pays rapportaient gros, la crise financière et le cas de Dubaï vont les inciter à plus de prudence, selon Simon Henderson, spécialiste de l'énergie dans le golfe arabo-persique à l'Institut politique pour le Proche-Orient à Washington. "Les investisseurs étrangers vont juger l'opportunité d'investir dans le Golfe à l'aune de la présence ou non de pétrole dans ces pays", affirme-t-il.

A ce jeu-là, Dubaï est perdant, contrairement à son voisin émirati Abou Dhabi, ou à l'Arabie saoudite et au Qatar. Et c'est d'Abou Dhabi que vient le salut de Dubaï, version émiratie de ces entreprises américaines "trop importantes pour faire faillite" ("too big to fail") sans ébranler toute l'économie. "La perte de confiance des marchés en Dubaï comporte de sérieux risques pour Abou Dhabi", explique Hani Sabra du Groupe Eurasie aux Etats-Unis, qui évalue le risque politique pour les investisseurs étrangers dans le Golfe. Désormais, "Abou Dhabi est clairement l'émirat dominant" du tandem.

L'émirat pétrolier a déjà prêté 10 milliards de dollars à son voisin cette année pour affronter la récession et ses relais dans la presse assurent que les infrastructures de Dubaï sont saines, mais la générosité d'Abou Dhabi dépendra probablement du contenu des livres de comptes de Dubaï. "Je pense que le message d'Abou Dhabi est qu'il n'y aura pas de chèque en blanc", analyse Jane Kinninmont, spécialiste des économies du Golfe à l'Economist Intelligence Unit de Londres.

Chevalier blanc de Dubaï, Abou Dhabi, plus conservateur dans sa façon de gouverner, renforce par la même occasion son droit de regard sur la politique de développement de son débiteur, et freinera sans doute ses ardeurs dépensières

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