Désavouée par les marchés, Liz Truss assume ses baisses d'impôts

Publié le 29/09/2022 à 12:01

Désavouée par les marchés, Liz Truss assume ses baisses d'impôts

Publié le 29/09/2022 à 12:01

Par AFP

Liz Truss est sortie de plusieurs jours de silence pour défendre le plan qui provoque la tempête depuis vendredi. (Photo: 123RF)

Londres — La première ministre britannique Liz Truss a assumé jeudi les mesures «controversées et difficiles» prises par son gouvernement pour soutenir l'économie, balayant les appels à revenir sur les baisses d'impôts massives qui ont placé le Royaume-Uni au bord de la crise financière.

Moins d'un mois après son arrivée à Downing Street, la dirigeante conservatrice ultralibérale se trouve déjà dans la tourmente, accumulant sondages désastreux, dérapage des marchés financiers et désormais critiques au sein de la majorité.

Liz Truss est sortie de plusieurs jours de silence pour défendre le plan qui provoque la tempête depuis vendredi, comprenant aides aux ménages face à la flambée des prix et réduction tous azimuts des taxes favorisant les plus riches, le tout financé par la dette.

«Nous devions mener une action décisive pour aider les gens pour cet hiver et le suivant. (…) Nous devions prendre des mesures urgentes pour faire croître notre économie, faire avancer la Grande-Bretagne, et aussi faire face à l'inflation», a déclaré Liz Truss sur la BBC. 

«Cela veut dire prendre des décisions difficiles et controversées, mais je suis prête à le faire en tant que première ministre», a-t-elle ajouté. 

Son ministre des Finances Kwasi Kwarteng a également affirmé que le gouvernement s'en tiendrait à ce «plan de croissance». 

 

Avertissement du FMI

Évaluées par les économistes à un montant de 100 à 200 milliards de livres, ces annonces, dont le financement et l'impact restent flous et non chiffrés par le gouvernement, ont semé le trouble sur les marchés. La livre sterling a plongé à un plus bas historique, à 1,0350 dollar américain lundi. Les taux d'intérêt auxquels l’État britannique s'endette ont flambé.

Elles ont aussi provoqué un avertissement exceptionnel du Fonds monétaire international qui a demandé explicitement à Londres de revenir sur les mesures concernant les revenus les plus élevés, qui risquent «d'accroître les inégalités» déjà élevées au Royaume-Uni.

Pour tenter de calmer la tempête, la banque centrale a été contrainte d'intervenir sur les marchés, deux jours après avoir assuré qu'elle n'agirait pas avant sa prochaine réunion début novembre, invoquant des «risques réels pour la stabilité financière».

 

Déjà en récession

Si la livre se reprenait nettement jeudi après-midi, son évolution restait extrêmement volatile et les dégâts politiques sont massifs pour les conservateurs, qui perdent leur réputation de crédibilité économique face aux travaillistes. Les sondages donnent désormais une large avance au Labour, à deux ans des prochaines législatives. Et la presse commence à spéculer sur une éviction prochaine de Liz Truss par sa majorité, moins de trois mois après la démission de Boris Johnson, poussé vers la sortie à la suite du «partygate», le scandale des fêtes à Downing Street pendant les confinements. 

Alors que les appels se multiplient pour demande un rappel en urgence du Parlement, actuellement en vacances, la dirigeante a estimé avoir mis en place «le bon plan»: «Ce qui est important, c'est que nous mettions ce pays sur une meilleure trajectoire pour le long terme».

«Bien sûr, il y a beaucoup de gens avec beaucoup d'opinions différentes. Mais je pense que personne ne conteste le fait que nous devions prendre des mesures pour faire face à une situation économique très, très difficile», a insisté Liz Truss.

Elle a invoqué un niveau d'imposition au plus haut depuis 70 ans et la conjoncture internationale avec l'invasion russe de l'Ukraine qui a fait flamber les prix de l'énergie et provoqué une poussée d'inflation.

Le Royaume-Uni, qui connaît le taux d'inflation le plus élevé du G7 à près de 10%, est déjà en récession selon la banque centrale.

Reflétant la défiance des milieux financiers, l'ancien gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, a lui aussi critiqué les mesures du gouvernement sur la BBC: «Malheureusement, le fait d'avoir un budget partiel, dans ces circonstances - économie mondiale difficile, position difficile sur les marchés financiers, travail à contre-courant avec la Banque — a conduit à des mouvements assez spectaculaires sur les marchés financiers». 

Sur le même sujet

Fiscalement parlant, travailler ou prendre sa retraite?

03/05/2024 | Les étudiants en sciences comptables de l'UQO

Plusieurs éléments doivent être pris en compte afin de passer ce moment en toute tranquillité d’esprit.

Augmenter l’impôt sur le gain en capital nuirait à l’investissement, selon l’IEDM

Le budget fédéral propose que le taux d’inclusion du gain en capital passe de 50% à 66% à partir du seuil de 250 000 $.

À la une

Trois actions pour une réelle transition énergétique

EXPERT. Le Québec devrait investir dans l'innovation pour la production d'énergie et diversifier son approvisionnement.

À surveiller: Apple, Groupe CGI et Air Canada

10:05 | Jean Gagnon

Que faire avec les titres d'Apple, CGI et Air Canada? Voici quelques recommandations d'analystes.

Bourse: Wall Street commence en hausse poursuivant l'élan de fin de semaine

Mis à jour il y a 32 minutes | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto a également commencé dans le vert.