Déboulonner le mythe du Québec vert

Publié le 09/10/2007 à 17:10

Déboulonner le mythe du Québec vert

Publié le 09/10/2007 à 17:10

Par lesaffaires.com
Vision durable a posé cinq questions au journaliste spécialisé en environnement de La Presse, François Cardinal, à propos de son livre Le Mythe du Québec vert. 1- Qu'est-ce que le mythe du Québec vert ? L'idée m'est venue d'un sondage publié dans La Presse en 2006, dans lequel les Québécois se disaient non seulement les plus sensibles à l'environnement au Canada, mais dans le monde. J'ai donc voulu vérifier si cette perception se vérifiait dans les faits. J'ai retenu trois secteurs : les déchets, l'énergie et les transports. Or, les Québécois sont les plus importants producteurs de déchets au Canada, et cela est notamment dû à un très faible taux de récupération et de compostage. Dans le cas de l'énergie, nous sommes des "boulimiques" dont la consommation d'électricité ne cesse d'augmenter. Enfin, la part modale des transports actifs diminue de manière importante depuis le début des années 1990, tandis que les véhicules des Québécois sont plus gros et consomment davantage, notamment à cause de la popularité des VUS. 2- Est-ce que ce mythe tient également pour les entreprises, moins abordées dans votre livre ? Pourquoi les avoir laissées de côté ? Contrairement à ce que plusieurs personnes pensent, la part des transports est plus importante que celle des industries dans l'inventaire des émissions de GES du Québec (37 % contre 31 %). Malgré ce fait, il y a actuellement un discours très accusateur des entreprises, et j'ai voulu confronter cette idée. Des groupes écologistes dénoncent presque systématiquement les initiatives environnementales comme relevant du"greenwashing" (mascarade écologique). Wal-Mart, par exemple, est une entreprise qui est loin d'être parfaite mais elle a mise en place plusieurs mesures pour réduire son impact environnemental, et je perçois les actions de plusieurs entreprises comme étant authentiques. Enfin il faut également souligner que le"mythe du Québec vert" que j'ai voulu déboulonner concerne l'opinion que les Québécois ont d'eux-mêmes et non les actions des entreprises. Je voulais aussi rejoindre les gens directement en leur parlant de leurs actions et des solutions qu'ils pouvaient adopter. 3- Il est vrai que les Québécois consomment beaucoup d'électricité, mais il est important de souligner que 70 % des ménages au Québec sont chauffés à l'électricité, et que le chauffage contribue une part importante de cette consommation. Lorsqu'on enlève ce facteur de l'équation, la"boulimie" énergétique des Québécois est beaucoup moindre, non ? N'est-elle pas comparable à celle des Ontariens, par exemple ? Je crois qu'il ne faut pas s'attarder aux comparaisons entre pays et États mais plutôt regarder les tendances. Et c'est là que le bât blesse, selon moi. Peu importe comment cette électricité est utilisée, pour le chauffage ou une autre raison, il demeure que la quantité consommée augmente constamment. Pourquoi ? À cause de nos maisons toujours plus grosses, de nos appareils électroniques qui se multiplient et grandissent, comme les télévisions plasma, très énergivores. Il faut aussi ajouter que la consommation accrue d'électricité est aggravée par le fait que les Québécois s'opposent contre presque tout nouveau projet de développement énergétique. 4- Montréal compte l'un des taux de déplacements actifs (transport collectif, vélo et marche) les plus élevés en Amérique du Nord, et les Québécois achètent moins de camions légers que le reste du Canada : la consommation moyenne des véhicules au Québec est d'ailleurs la deuxième plus faible au pays. Est-ce que cette critique est vraiment valable ou se pourrait-il que les problèmes soulevés en ce qui a trait aux transports en commun ne soient les mêmes qu'ailleurs ? Jusqu'à récemment, la part modale des transports actifs diminuaient régulièrement. Depuis quelques années, elle se contente de stagner : elle n'augmente pas, toutefois. Encore une fois, c'est la tendance qu'il faut examiner selon moi. Or la tendance d'une plus grande sensibilisation des Québécois à l'environnement, véhiculée par tous les sondages, ne se traduit pas par un recours accru aux transports en commun. On peut expliquer ce phénomène de plusieurs façons, notamment par le fait que les usagers des transports en commun doivent défrayer une part croissante des coûts reliés à ces transports. En ce qui a trait aux voitures, il est vrai que les Québécois achètent des véhicules plus économes. Mais c'est parce que les voitures achetées au Québec sont plus petites, donc moins énergivores ! Plutôt que la conscience écologique des gens, c'est notamment le plus faible pouvoir d'achat qui explique ces choix, même si c'était plus vrai historiquement que maintenant. 5- Vous proposez plusieurs solutions dans votre livre. Si on devait en retenir une ou deux, quelles seraient-elles ? En voici deux qui sont basées sur le même concept, celui d'utilisateur-payeur. La première proposition est d'adopter le"pay-as-you-drive", c'est-à-dire que les immatriculations et les assurances soient déterminées par les distances parcourues par les conducteurs. La Société d'assurance automobile du Québec pourrait se charger de faire cette vérification. De cette manière, les bons comportements seraient récompensés. Actuellement, si je décide de prendre l'autobus un jour de travail, je dois payer deux fois : une fois pour le transport en commun, et l'autre fois pour ma voiture, qui reste dans mon entrée ! La deuxième idée s'appelle"pay-as-you-throw". Cette approche, actuellement en vigueur dans la ville de Victoria en Colombie-Britannique, limite la quantité de sacs de déchets pouvant être mis au chemin gratuitement. Les gens peuvent mettre un sac de poubelle à la rue par semaine, après quoi ils doivent acheter des"timbres" pour chaque sac supplémentaire, un peu à la manière d'un ticket modérateur. Cette approche oblige les gens à expurger les matières recyclables et compostables qui trop souvent se retrouvent dans les déchets.

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