De TotalEnergies à Shell, des bénéfices en recul grignotés par la baisse des hydrocarbures

Publié le 27/07/2023 à 11:22

De TotalEnergies à Shell, des bénéfices en recul grignotés par la baisse des hydrocarbures

Publié le 27/07/2023 à 11:22

Par AFP

Le prix du pétrole et du gaz reste «favorable quoiqu’en repli», a résumé le PDG de TotalEnergies, cité dans le communiqué. (Photo: 123RF)

Paris — TotalEnergies a encore réalisé de solides bénéfices de 4,1 milliards de dollars au deuxième trimestre, bien qu’en nette baisse de 28% sur un an, conséquence de l’accalmie sur les prix du gaz et du pétrole qui a aussi fait perdre des milliards à Shell et à d’autres compagnies pétrolières. 

L’année dernière avait été exceptionnelle pour les majors. TotalEnergies avait gagné un bénéfice net annuel de 20,5 milliards de dollars américains (G$ US), son record absolu après ses 16G$ US de 2021.

Comme ses concurrentes occidentales, le géant français avait profité de la flambée des prix du gaz et du pétrole. Le marché était alors bouleversé par la reprise économique post-pandémie et plus encore, par l’offensive russe en Ukraine et la décision de Moscou de couper les approvisionnements gaziers dans les pipelines vers l’Europe, ce qui avait déclenché une ruée vers le GNL acheminé par bateau.

Depuis, l’Europe a diversifié ses approvisionnements et bien rempli ses stockages, contribuant à une baisse de la demande. Au premier semestre 2023, les ventes totales de GNL du groupe ont baissé de 12% sur un an.

Comme elle, Repsol, Shell, Equinor, toutes les compagnies pétrogazières ont présenté des résultats semestriels rognés par la baisse des cours. Shell a malgré tout gagné 3G$ US.

Le baril de pétrole Brent de la mer du Nord s’est vendu en moyenne à 78,1 $US au 2e trimestre, loin des presque 114 $US de moyenne l’an dernier à la même époque. Côté gaz, TotalEnergies a vendu son GNL au prix moyen de 9,84 dollars/Mbtu (milliers d’unités thermiques britanniques, l’unité de référence), au 2e trimestre, contre 13,96 dollars au même trimestre 2022.

Le prix du pétrole et du gaz reste «favorable quoiqu’en repli», a résumé le PDG de TotalEnergies, cité dans le communiqué.

 

Toujours «rentable»

Malgré cet «environnement en baisse, nous avons démontré que nous sommes rentables», a fait valoir le PDG, dans une conférence avec des analystes. Le groupe a d’ailleurs gratifié ses actionnaires d’un 2e acompte sur dividende de 74 centimes par action au titre de 2023, en hausse par rapport à 2022.

Le groupe se veut confiant en rappelant les gros investissements annoncés ces derniers mois, à la fois dans le GNL, pour répondre, à «une demande croissante», et pour développer des projets d’électricité renouvelable «rentables», selon le PDG.

TotalEnergies est le troisième acteur mondial du GNL, et parie depuis plusieurs années sur le gaz, aux États-Unis, au Moyen-Orient et en Russie. Dans ce pays, il détient toujours 20% dans le champ gazier de Yamal LNG en Sibérie, au côté de la société privée russe Novatek (50,1%).

«L’entreprise continue d’acheter du gaz russe, envoyant de l’argent à la machine de guerre russe», a dénoncé jeudi Jonathan Noronha-Gant, de l’ONG Global Witness, qui appelle l’UE à sanctionner le GNL russe au même titre que le pétrole.

TotalEnergies a toujours assumé ces approvisionnements russes, soutenant que l’Europe en a besoin, faute d’en avoir par les gazoducs.

«Si nous décidions de ne pas prendre les volumes de gaz, nous serions quand même obligés de les payer», a indiqué la société à l’ONG.

Le groupe a encore renforcé ses investissements dans le GNL en annonçant le mois dernier s’associer à un nouveau projet du terminal texan Rio Grande, une usine de liquéfaction de gaz, augmentant ses capacités d’exports de 15 millions de tonnes par an.

De quoi alimenter encore les critiques des associations environnementales qui lui reprochent ses investissements continus dans les énergies fossiles.

«Ces bénéfices sont encore et toujours le fruit de la stratégie climaticide de la major française, notamment sa stratégie basée sur le GNL (…) nouvelle poule aux œufs d’or de TotalEnergies», a commenté Greenpeace France, alors que par ailleurs, sa production de pétrole a encore augmenté ce trimestre, grâce à de nouveaux champs au Nigeria, au Brésil et à Oman.

Le groupe répond qu’il multiplie les annonces d’investissements à coups de milliards dans les renouvelables: par exemple son intention de développer 3 GW de projets solaires en Espagne ou encore l’équivalent dans l’éolien en Allemagne. Mercredi, il a annoncé l’acquisition à 100% de Total Eren, un leader de l’électricité d’origine renouvelable.

 

 

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