Anne Cormier. Elle vient d'être nommée à la tête de l'École d'architecture de l'Université de Montréal, une première au pays pour une femme. Quelle est la situation de l'architecture au Québec et au Canada ? Elle s'est améliorée, mais la rémunération reste bien en deçà de ce qu'on pourrait espérer. L'écart s'élargit avec le reste du Canada. Le gouvernement québécois donne un mauvais exemple en ne respectant pas les décrets et en choisissant les honoraires les plus bas. Le mode d'attribution des contrats doit d'ailleurs être révisé. La formule des concours est sous-exploitée. Dans l'habitation, je souhaiterais voir plus de promoteurs ouverts à l'architecture contemporaine. Grâce à la mode des lofts, il y a tout de même plus d'intérêt qu'avant pour de l'architecture de qualité au centre-ville de Montréal. Quel est le principal défi pour l'avenir l'architecture ? Le développement durable. Le défi dans le bâtiment n'est pas seulement technique, il suscite aussi une importante réflexion sur l'espace et dans sa composition. Le développement durable dépasse l'architecture et comprend le design et l'ingénierie. Mais il revient à l'architecte de composer avec tout cela. Nos étudiants n'y échappent pas. Ils ont grandi dans le recyclage et la revitalisation, c'est leur univers. Une autre tendance en architecture est sa féminisation. Près de 75 % de nos étudiants sont de sexe féminin. Quels sont vos objectifs à la tête de l'École d'architecture ? Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour encourager une plus vaste diffusion des travaux de recherche en architecture. Il y a maintenant une certaine fascination mondiale pour l'architecture; profitons-en pour montrer comment elle contribue au mieux-vivre. Je veux aussi susciter un meilleur maillage entre nos étudiants et les bureaux d'architectes en région. Ce sera pour eux un enrichissement mutuel."