[Photo : Bloomberg]
Les Affaires à Toronto - La présidente de la Compagnie de la Baie d’Hudson, Bonnie Brooks, estime que les droits de douane imposés aux détaillants canadiens qui importent des biens sont trop élevés. « Il y a des écarts très importants, souvent plus de 20 % [entre les droits d’importation au Canada et aux États-Unis]. C’est un message qu’Ottawa doit entendre », a-t-elle déclaré lors du congrès annuel du Conseil canadien du commerce de détail (CCCD) qui s’est terminé hier.
N.D.L.R. Notre journaliste Marie-Eve Fournier est à Toronto pour rendre compte de ce qui se passe au Store 2012, un événement organisé par le Conseil canadien du commerce de détail auquel participent près de 900 acteurs de l'industrie du commerce de détail.
La dirigeante a indiqué qu’elle parlait en toute connaissance de cause puisqu’elle gère aussi la destinée des grands magasins américains Lord & Taylor, acquis par la Compagnie de la Baie d’Hudson (HBC) en janvier dernier.
Depuis cette transaction de 427 M$, elle constate à quel point les droits de douane diffèrent d’un pays à l’autre. Ce qui a pour effet de rendre les prix de vente canadiens moins attrayants pour les consommateurs et de susciter la critique des détaillants canadiens.
Elle a donné l’exemple des chandails en cachemire dont les droits de douane sont de 18 % au Canada contre seulement 4 % aux États-Unis. « C’est une différence significative », a commenté Bonnie Brooks, qui fut la seule conférencière, en deux jours, à évoquer un grand enjeu politique touchant l’industrie.
Écarts de prix : la faute aux douanes et aux fabricants
Les détaillants ont pourtant été interpelés récemment par le ministre des Finances, Jim Flaherty, qui a demandé au Comité sénatorial permanent des finances nationales de se pencher sur les écarts de prix entre le Canada et les États-Unis pour mieux les comprendre.
Dans son mémoire présenté le mois dernier au Comité, le Conseil canadien du commerce de détail (CCCD) a insisté pour dire que ses membres n’empochent pas de gros profits sur le dos des consommateurs. Ce sont plutôt « les tarifs douaniers excessifs » et les manufacturiers qui seraient responsables des différences de prix.
Pour prouver son point, le regroupement de détaillants a dévoilé des chiffres aussi inédits qu’étonnants. Il s’agit des prix de gros payés par les détaillants de part et d’autre de la frontière pour des produits identiques (voir ci-bas).
En outre, le CCCD a dénoncé au cours des dernières semaines la décision du gouvernement Harper d’augmenter les exemptions de droits de douane pour les consommateurs qui font des achats aux États-Unis. La mesure est entrée en vigueur le 1er juin. L’industrie craint que cela n’encourage le magasinage outre frontière, au détriment des détaillants canadiens déjà aux prises avec la concurrence féroce des sites transactionnels américains qui livrent au Canada.
Voici quelques exemples de prix soumis par le CCCD.
Pneu pour automobile
État-Unis : 128,21 $
Canada : 169,69 $
+ 32 %
Téléviseur LED 46 pouces
États-Unis : 888,75 $
Canada : 1 001,00 $
+ 13 %
Aspirine 81 mg (350 unités)
États-Unis : 10,16 $
Canada : 21,78 $
+ 114%
Ketchup (total de 2,5 litres)
États-Unis : 3,92 $
Canada : 6,90 $
+ 76%
Sacs de congélation (150 unités)
États-Unis : 6,10 $
Canada : 9,24 $
+ 51%
Jus d’orange (7,56 litres au total)
États-Unis : 10,01 $
Canada : 12,66 $
+ 26 %
Imprimante
États-Unis :116,65 $
Canada : 171,99 $
+ 47 %
Cafetière
États-Unis : 127,76 $
Canada : 167,19 $
+ 31 %
Ibuprofène 200 mg
États-Unis : 10,76 $
Canada : 18,29 $
+ 70%
Savons (16 unités)
États-Unis : 6,99 $
Canada : 8,98 $
+ 28 %
Selon le CCCD, les manufacturiers justifient ces écarts de 3 façons :
• Les Canadiens ont l’habitude de payer plus pour leurs produits au Canada.
• Les prix plus élevés exigés auprès des détaillants au Canada servent à subventionner les coûts exigés pour maintenir les bureaux et les opérations des fournisseurs au Canada.
• Les prix plus élevés sont nécessaires pour compenser nos distributeurs/grossistes canadiens.
* Prix de gros (net landed price) en dollars canadiens (conversion effectuée en décembre au taux en vigueur).
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