Genivar est prête à passer à l'offensive

Publié le 14/01/2012 à 00:00, mis à jour le 23/01/2012 à 09:59

Genivar est prête à passer à l'offensive

Publié le 14/01/2012 à 00:00, mis à jour le 23/01/2012 à 09:59

Par Dominique Beauchamp

Genivar (Tor., GNV, 28,00 $) est fin prête pour une nouvelle phase d'acquisitions.

La firme d'ingénieur-conseil dispose de près de 160 millions de dollars (M$) d'argent frais et de deux partenaires financiers patients pour passer à l'offensive.

La Caisse de dépôt et placement du Québec et l'Office d'investissement du régime de pensions du Canada (OIRPC) ont chacun acheté 3,25 millions d'actions de Genivar le 21 décembre, dans un placement privé de 159,7 M$.

Chacun aura une part de 9,9 % des actions de Genivar.

«Nous sommes encouragés de voir deux importants financiers sophistiqués investir de façon significative dans la société, qui pourra ainsi financer sans souci ses prochaines acquisitions», note Michael Tupholme, analyste chez Valeurs mobilières TD.

«La transaction avec la Caisse et l'OIRPC est avant tout un endossement du modèle d'entreprise et de sa stratégie de croissance par acquisitions», ajoute-t-il.

La Caisse et l'OIRPC ont tous deux demandé le droit de participer aux éventuelles futures émissions d'actions, pour préserver leur intérêt actuel. Les deux financiers obtiennent aussi le droit de nommer un membre chacun au conseil d'administration de Genivar.

«Avec l'appui de deux gros financiers, la stratégie d'acquisition de Genivar peut changer de vitesse», dit Frédéric Bastien, de Raymond James. Il salue la décision de Genivar d'avoir trouvé une source stable de fonds, dans une conjoncture incertaine pour l'industrie québécoise de la construction et pour les marchés financiers.

Trésor de guerre de 300 M$

Genivar aura des liquidités nettes de 86 M$ et son bilan ne comprendra aucune dette à la fin de 2011, évalue Mark Neville, de Scotia Capitaux.

La firme montréalaise a donc la flexibilité financière de conclure une ou des acquisitions d'une valeur d'au moins 300 M$, précise-t-il.

Les analystes spéculent quant au marché où Genivar fera ses prochains achats.

Genivar bouclera une acquisition de bonne taille aux États-Unis, en Europe ou en Australie, et la complétera avec des achats en Colombie ou au Brésil, en Chine ou en Inde, avance M. Neville.

Trevor Johnson, de la Financière Banque Nationale, croit qu'un achat de taille aux États-Unis est imminent.

Genivar prospecte le marché américain depuis deux ans dans le but de mettre la main sur un cabinet de professionnels américain qui soit prospère et qui partage ses valeurs, afin d'en faire une plateforme lui permettant de prendre pied au sud de la frontière.

«Genivar avait déjà tissé des liens avec la Caisse et le fonds de retraite en fonction d'une future transaction. Le placement privé indique qu'une acquisition est proche», dit M. Johnson.

Sur papier, le placement privé donne à Genivar les moyens d'ajouter 1 600 employés à son réseau de cabinets, «mais nous ne prévoyons rien de cette ampleur à court terme», précise M. Tupholme.

«Avec un trésor de guerre de 300 M$, y compris son crédit bancaire de 275 M$, Genivar a suffisamment de capital pour ajouter de 2 000 à 3 000 professionnels», calcule Bert Powell, analyste chez BMO Marchés des capitaux. Il table toutefois sur un achat de 150 à 250 M$, qui ajouterait de 1 560 à 2 750 nouveaux employés aux 5 000 que compte déjà Genivar.

M. Tupholme, de la TD, rappelle que, pour atteindre l'objectif de revenus de 1,5 milliard de dollars qu'elle s'est fixé pour la fin de 2014, Genivar devra faire passer la croissance annuelle de ses revenus de 15,6 %, entre 2010 et 2011, à une cadence de 52,5 % d'ici 2015.

M. Bastien s'attend à une acquisition rapide, d'ici deux ou trois mois, et prévoit l'ajout de 1 500 employés à l'entreprise.

L'ÉMISSION MODIFIE LES PRÉVISIONS

L'émission d'actions de 159,7 M$ gonfle le nombre d'actions en circulation de Genivar de 25 % et diminue les futurs bénéfices par action.

Sept analystes ont ainsi réduit de 14 à 15 % leurs prévisions de bénéfices pour 2012.

«L'émission d'actions diluera l'avoir des actionnaires, tant que le capital récolté ne sera pas mis à contribution», dit Bert Powell, de BMO Marchés des capitaux.

De son côté, Mark Neville, de Scotia Capitaux, maintient son cours cible de 29 $, malgré la dilution du placement privé. Le potentiel d'acquisitions justifie une légère hausse du multiple d'évaluation du titre, estime M. Neville.

«L'action de Genivar a déjà une évaluation supérieure à ses semblables en Bourse. Une acquisition de taille gonflerait davantage nos prévisions de bénéfices et notre cible», dit l'analyste.

Quant à Michael Tupholme, de Valeurs mobilières TD, il réduit sa cible de 31 à 30 $, parce que le bénéfice d'exploitation additionnel des futures acquisitions et l'endettement réduit ne compensent par pour l'effet de dilution, pour l'instant.

Le cours chute de 14 % en un an

Source : Bloomberg

Recommandations des analystes

Acheter 8

Conserver 7

Cours cible moyen : 29,43 $

Nouvelles prévisions de bénéfices par action

2011 1,80 $

2012 1,79 $

2013 1,93 $

Source : Bloomberg

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