Photo : BST

Le train qui a déraillé à Lac-Mégantic roulait beaucoup plus vite que la vitesse permise lorsqu'il est sorti des rails dans une courbe après avoir descendu une pente très prononcée, ont affirmé mardi les enquêteurs du Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST).

Les enquêteurs n'ont pas encore établi exactement à quelle vitesse roulait le train.

Un responsable du BST en Estrie, Ed Belkaloul, a indiqué mardi que 14 enquêteurs étaient déployés sur le terrain pour faire la lumière sur le déraillement du train transportant du pétrole brut, qui a causé des explosions et un gigantesque incendie ayant détruit une trentaine de bâtiments au centre-ville de Lac-Mégantic.

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Le bilan de la tragédie est toujours de treize morts et d'une quarantaine de disparus, a précisé la Sûreté du Québec mardi.

Les treize corps retrouvés jusqu'à maintenant ont été transportés au Laboratoire des sciences judiciaires et de médecine légale de Montréal afin de procéder à leur identification, a indiqué Geneviève Guilbault, du Bureau du coroner.

Pour des raisons de sécurité, les enquêteurs du BST n'ont pas encore pu accéder à l'endroit où se trouvent les wagons-citernes incendiés, a indiqué M. Belkaloul. Les enquêteurs ont cependant pu récupérer les informations du train, l'équivalent de la «boîte noire» d'un avion, et savent dans quelle position les commandes du train ont été trouvées après l'accident.

«Il y a beaucoup de facteurs à considérer. Plusieurs autres enquêtes sont menées parallèlement, ce qui limite l'information que l'on peut communiquer au public afin de ne pas compromettre les autres enquêtes», a expliqué M. Belkaloul.

Accès au site difficile

«Le processus sera très long et on ne veut pas se tromper. C'était difficile d'avoir accès au site jusqu'à maintenant, mais ça s'améliore et l'enquête va s'accélérer», a dit M. Belkaloul.

Les enquêteurs du BST ont déjà établi que le train s'était arrêté au village voisin de Nantes vers 23 h vendredi soir. Vers 23 h 50, un incendie dans le train a été signalé au contrôleur de la société propriétaire du train, Montreal, Maine And Atlantic (MMA), après qu'un citoyen eut appelé les pompiers.

«Vers 1 h, après le départ des pompiers et de l'employé de MMA, le train a commencé à rouler sans contrôle», a indiqué M. Belkaloul. «Il y a une pente de 1,2% entre Nantes et Lac-Mégantic, ce qui est énorme en termes ferroviaires.»

Vitesse excessive

Le déraillement à Lac-Mégantic est survenu vers 1h 14, selon les enquêteurs. «La vitesse acquise dans la descente était bien au-delà de la vitesse autorisée dans la courbe» où le train a déraillé, a dit Ed Belkaloul.

Les enquêteurs tenteront de comprendre pourquoi le train était sur la voie principale et non sur la voie secondaire avant le déraillement, ce qui aurait peut-être permis de freiner sa course, a-t-il indiqué.

Laisser les trains sur la voie avec les moteurs en marche lors des changements de quart est une procédure normale, a-t-il dit, tout en précisant que les procédures diffèrent d'une entreprise à l'autre.

Le président de MMA, Edward Burkhardt, doit se rendre à Lac-Mégantic plus tard mardi. Il devra probablement faire face aux nombreuses questions et à la colère des résidants durement éprouvés par la tragédie.

La mairesse de Lac-Mégantic, Colette Roy-Laroche, a annoncé mardi matin que 1200 résidants évacués depuis la catastrophe ferroviaire pourraient réintégrer leur domicile au cours de la journée.

Tous les résidants du secteur Fatima et une partie des résidants du secteur Cousineau seront autorisés à rentrer chez eux, a-t-elle dit. L'ordre d'évacuation reste toutefois en vigueur pour environ 800 résidants.

L'avis d'ébullition de l'eau est maintenu de façon préventive, mais les autorités assurent que l'eau potable n'est pas contaminée par du pétrole ou des bactéries.

Les responsables municipaux et de la santé publique ont demandé aux résidants de respecter scrupuleusement les consignes de sécurité en vigueur.