Énergie: l'UE refuse de payer le gaz en roubles et se prépare à une rupture avec Moscou

Publié le 02/05/2022 à 08:29, mis à jour le 02/05/2022 à 15:14

Énergie: l'UE refuse de payer le gaz en roubles et se prépare à une rupture avec Moscou

Publié le 02/05/2022 à 08:29, mis à jour le 02/05/2022 à 15:14

Du gaz naturel liquéfié américain a commencé à arriver par la Lituanie. (Photo: 123RF)

Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l'invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 27 avril 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c'est ici.     

15h00 | L’Union européenne refuse de payer ses achats de gaz à la Russie en roubles et doit se préparer à une rupture dans ses approvisionnements, ont averti la Commission européenne et la présidence française du Conseil à l’issue d’une réunion d’urgence des ministres de l’Énergie des 27 à Bruxelles.

La demande de Moscou de payer les achats en roubles est «une modification unilatérale et injustifiée des contrats et il est légitime de la rejeter», a déclaré la commissaire à l’Énergie Kadri Simson.

«97% des contrats (conclus par les entreprises européennes) spécifient la devise pour le paiement et il s’agit soit de l’euro, soit du dollar américain», a-t-elle précisé.

Kadri Simson a affirmé ne pas avoir connaissance d’ouverture de comptes en roubles. «Des paiements sont prévus pour la mi-mai et la majorité des entreprises respecteront les règles des contrats», a-t-elle assuré. La ministre française de la Transition écologique Barbara Pompili, présidente de la réunion, a confirmé la «volonté de respecter les contrats».

«Nous devons nous préparer à une suspension des approvisionnements», a averti la Commissaire européenne. 

Plusieurs États membres ont demandé des clarifications sur le paiement en roubles par le biais de l’ouverture d’un compte spécial et Kadri Simson a promis des «précisions détaillées pour expliquer aux entreprises ce qu’elles peuvent faire ou non».

La Pologne et la Bulgarie ont réglé leurs achats dans la devise prévue dans leurs contrats avec Gazprom, le géant gazier russe, et ont refusé d’ouvrir un second compte en roubles. La compagnie gazière russe a en rétorsion suspendu ses livraisons, considérant que le règlement n’avait pas été effectué.

«Il n’y a pas de risques immédiats pour les approvisionnements», a assuré la Commissaire. «Mais nous ne pourrons pas remplacer les 150 milliards de m3 de gaz achetés à la Russie par d’autres sources. Ce n’est pas tenable», a-t-elle reconnu.

«Nous pouvons gérer le remplacement de 2/3 des approvisionnements en gaz russe», a-t-elle précisé.

Kadri Simson a insisté sur la nécessité pour les États membres de remplir leurs réserves et Barbara Pompili a souligné l’impératif de «diversifier la manière de produire l’électricité et de se chauffer».

«L’Europe doit se débarrasser de la dépendance aux énergies fossiles russes», a affirmé la ministre polonaise Anna Moskwa. «Nos réserves seront à 100% de leurs capacités pour cet hiver», a-t-elle assuré. «Du gaz naturel liquéfié américain a commencé à arriver par la Lituanie et nous allons nous fournir en gaz de Norvège par le Danemark», a-t-elle expliqué.

 

Finalisation de l’embargo pétrolier

Les ministres ont également eu un échange sur un arrêt progressif des achats de pétrole et de produits pétroliers russes planifié par l’UE afin de tarir les financements européens pour la guerre menée par le Kremlin en Ukraine. Mais aucune décision n’a été prise.

«Un nouveau paquet de sanctions est en préparation, mais ce n’était pas le sujet de la réunion», a déclaré Barbara Pompili.

«Nous travaillons sur un nouveau paquet de sanctions», a confirmé la commissaire Simson.  

«Une réunion du collège (l’ensemble des commissaires, NDLR) va se tenir mardi à Strasbourg», en marge de la session du Parlement, «et la présidente Ursula von der Leyen précisera ce qui a été décidé», a-t-elle indiqué.

La proposition est « finalisée et sera adoptée mardi par la Commission », a indiqué à l’AFP une source européenne.

«Je pense que la Commission proposera demain (mardi) un 6e paquet de sanctions, y compris le retrait du pétrole russe», a déclaré le ministre allemand Robert Habeck.

La proposition sera soumise mercredi aux États membres pour adoption. «Je ne sais pas si cela sera possible d’ici au week-end», a toutefois indiqué le ministre allemand.

Si les 27 s’entendent sur cette mesure, l’arrêt des achats de pétrole et de produits pétroliers à la Russie sera progressif, sur six à huit mois, mais avec des mesures à effet immédiat, notamment une taxe sur le transport par navires-citernes, a confié un responsable européen.

L’UE a déjà imposé un embargo sur le charbon russe et fermé ses ports aux navires russes, à l’exception du transport d’hydrocarbures.

Les principaux importateurs de combustibles fossiles de la Russie (gaz, pétrole brut, produits pétroliers et charbon) sont l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas et la France.

 

8h42 | Helsinki — Un consortium en Finlande a annulé lundi son contrat avec le géant russe Rosatom pour construire un réacteur nucléaire dans le nord du pays nordique, invoquant l'impact de la guerre en Ukraine sur la faisabilité du projet.

«La guerre en Ukraine a aggravé les risques du projet» situé au bord de la mer Baltique, a justifié le consortium Fennovoima, soulignant que la filiale de Rosatom impliquée dans le projet, RAOS Project, avait «été incapable d'atténuer ces risques».

Déjà fragile depuis sa naissance en 2010 et marqué par d'importants retards de calendrier, ce projet de troisième centrale nucléaire en Finlande était un des plus importants chantiers industriels impliquant un groupe russe dans l'Union européenne.

Fennovoima, possédé aux deux tiers par un consortium d'entreprises finlandaises et à 34% par Rosatom, a également invoqué les «importants retards et l'incapacité» de Rosatom «à faire aboutir» le chantier du réacteur Hanhikivi-1.

Dans un communiqué, Rosatom a exprimé sa «sincère déception» et affirmé ne pas avoir été consulté malgré son rang de premier actionnaire individuel de Fennovoima.

«Les raisons d'une telle décision sont complètement incompréhensibles», a déploré le groupe russe. «Nous nous réservons le droit de défendre nos intérêts conformément aux contrats et à la loi en vigueur».

Le consortium finlandais va-t-il complètement abandonner le projet d'un nouveau réacteur ou chercher un nouveau partenaire? «Il est trop tôt pour spéculer sur l'avenir du projet», a déclaré son président Esa Härmälä lors d'une conférence de presse.

Estimé à plus de 7,5 milliards d'euros selon Fennovoima, le projet de réacteur de 1 200 mégawatts est situé à Pyhäjoki dans le nord de la Finlande, à une centaine de kilomètres au sud de la ville portuaire d'Oulu.

 

600 millions déjà investis

D'importants travaux préparatoires ont déjà été engagés sur le site, mais le permis de construire final n'avait pas encore été accordé.

À la veille de l'invasion de l'Ukraine, le gouvernement finlandais avait déjà fait savoir qu'il allait réévaluer le projet et mener une nouvelle «évaluation des risques».

«Nous n'avons fait l'objet d'aucune pression», a assuré M. Härmälä lundi. 

Les groupes russes dans le nucléaire civil ne sont pour l'heure pas directement visés dans les sanctions européennes face à la guerre en Ukraine.

Mais Fennovoima avait prévu début avril que même les sanctions actuelles «devraient affecter le projet Hanhikivi-1».

Le consortium finlandais, qui emploie actuellement 450 personnes, dont 80, sur le site de Pyhäjoki, a déjà dépensé 600 à 700 millions d'euros dans le projet.

La décision d'annuler le contrat avec Rosatom «n'est pas prise à la légère», a souligné Fennovoima.

Le ministre finlandais de l'Économie, Mika Lintilä, a «salué» la «décision claire» du consortium. «Il aurait été pratiquement impossible de mener le projet à terme», a-t-il dit sur Twitter.

Le dernier calendrier annoncé l'an dernier par Fennovoima dans le cadre de sa demande de permis de construire visait un début de chantier en 2023 et une mise en service en 2029.

La décision intervient alors que la Finlande envisage de rejoindre l'OTAN et qu'une candidature dans les prochaines semaines est désormais «très probable», selon la ministre des Affaires européennes.

La Finlande, un des pays d'Europe qui a choisi de continuer à investir dans l'atome civil, a actuellement quatre réacteurs pleinement opérationnels sur deux centrales, fournissant déjà environ 30% de l'électricité du pays.

Un cinquième, un réacteur EPR de 1,650 mégawatt construit par le français Areva, a également été mis en service en mars sur le site d'Olkiluoto (sud-ouest), avec un fonctionnement à pleine capacité prévu pour septembre.

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