En 2013, l'Allemagne semble encore frappée par ce syndrome qu'avait identifié le politologue et diplomate Henry Kissigner à propos de la première unification allemande de 1871, soulignait récemment le quotidien français Le Figaro.
Avec une population de 82 millions d'habitants, l'Allemagne ne pourra en effet jamais devenir une grande puissance comme les États-Unis ou la Chine. Mais elle peut aspirer à jouer un rôle plus grand en Europe et dans le monde, comparativement à la France ou au Royaume-Uni.
En Europe, elle le fait déjà dans le cadre de l'Union européenne. Mais sa nouvelle influence au sein de l'UE commence à agacer bien des pays, la France au premier chef, qui pâtit de l'ombre de son voisin.
À l'échelle internationale, l'Allemagne s'implique aussi de plus en plus dans de grands enjeux. Elle l'a fait lors de la guerre en ex-Yougoslavie, en 1995, en y envoyant un contingent de soldats - c'était la première intervention allemande dans un conflit armé à l'étranger depuis la Deuxième Guerre mondiale. Aujourd'hui, ses soldats sont aussi en Afghanistan.
L'influence accrue de Allemagne en inquiète toutefois plus d'un en Europe. Selon un sondage Harris réalisé en juin, une majorité de citoyens en France (56%), en Italie (82%) et en Espagne (88%) estiment que l'Allemagne a trop d'influence dans l'UE. À la lumière de l'histoire du 20e siècle, on peut comprendre les craintes de certains Européens.
Cela dit, l'Allemagne est une démocratie stable et exemplaire depuis la Deuxième Guerre mondiale. Aussi, sa montée en puissance ne constitue pas une menace à la paix en Europe et dans le monde, disent les spécialistes en relations internationales.
Ce qui ne veut pas dire que la puissance militaire de l'Allemagne ne prendra de l'importance dans les prochaines années. Car, dans le jeu des relations internationales, influence politique rime avec puissance militaire - les États-Unis nous le rappellent tous les jours.
Berlin pourrait du reste ne pas avoir le choix d'augmenter ses dépenses militaires. Les États-Unis se désengagent graduellement du continent européen, et ce, pour se concentrer sur l'Asie-Pacifique afin d'y contrer la montée de la Chine.
Les Européens devront donc assumer de plus en plus leur défense. Et cela devra se faire nécessairement avec le concours de l'Allemagne. Quand celle-ci s'éveillera...
