L'Irlande, premier pays de la zone euro à sortir du plan d'aide

Publié le 13/12/2013 à 06:52

L'Irlande, premier pays de la zone euro à sortir du plan d'aide

Publié le 13/12/2013 à 06:52

Par AFP

L'Irlande deviendra dimanche le premier pays de la zone euro sous assistance financière à s'affranchir de l'aide de ses partenaires, mais le pays a encore de nombreux obstacles à franchir avant d'avoir pleinement réussi son pari.

«Nous sortons du plan d'aide (...) Bien sûr, ce n'est qu'une première étape et nous savons que ce n'est pas la fin du voyage», reconnaissait le ministre des Finances Michael Noonan, dans un discours la semaine dernière.

La République d'Irlande va récupérer sa pleine souveraineté après avoir été contrainte d'accepter un plan d'aide international de 85 milliards d'euros en 2010, quand l'explosion de la bulle immobilière menaçait son système bancaire d'une faillite totale.

La troïka - Commission européenne, Banque centrale européenne (BCE) et Fonds monétaire international (FMI) - lui a imposé en échange des hausses d'impôts, ventes d'actifs publics et autres «réformes structurelles» douloureuses.

La sortie du petit pays du plan d'aide au terme de ces années d'austérité en fait désormais un exemple pour les trois autres États européens sous assistance - Chypre, la Grèce et le Portugal - et son paysage économique est aujourd'hui bien différent.

Les petites banques ont été fusionnées dans des établissements viables tandis qu'Anglo Irish Bank a été liquidée en février avec ses actifs toxiques. «La réduction du système bancaire a été significative, et il est désormais d'une taille plus appropriée à l'économie irlandaise", salue Philip O'Sullivan, économiste en chef d'Investec Ireland.

La croissance reste pour sa part encore en dents de scie. Dublin prévoit seulement 0,2% de croissance cette année mais attend 2% l'an prochain. Le pays a toutefois convaincu les investisseurs: de retour sur les marchés, il emprunte à des taux convenables - en tout cas inférieurs à ceux de l'Italie et de l'Espagne.

"Les objectifs budgétaires sont en bonne voie, des progrès ont été réalisés dans le secteur bancaire et la compétitivité a largement été restaurée", résument les économistes du courtier Goodbody.

Encore des défis, toujours l'austérité

Mais "le secteur bancaire reste le plus gros défi de la période suivant le plan d'aide", tempèrent-ils.

Malgré l'assainissement des établissements irlandais, les tests de résistance du secteur bancaire menés à travers l'Europe l'an prochain risquent de mettre en lumière des faiblesses héritées des prêts hypothécaires risqués.

C'est l'un des défis auxquels reste confronté un pays dont l'économie souffre par ailleurs de plusieurs déséquilibres.

L'Irlande dépend beaucoup de ses exportations, ce qui la place en situation de fragilité en cas de retournement de tendance chez ses principaux partenaires commerciaux. Son sort reste ainsi encore lié à celui d'une zone euro convalescente.

La demande intérieure demeure pour sa part déprimée par un fort taux d'endettement des ménages, la faiblesse des prêts accordés aujourd'hui par les banques ainsi que les mesures d'austérité drastiques qui ont pesé sur le pouvoir d'achat.

Surtout, la situation de l'emploi reste difficile: malgré une lente amélioration, le taux de chômage était encore de 12,5% en novembre et les chômeurs de longue durée peinent à retrouver un travail.

Signe d'un malaise, les Irlandais émigrent en masse, avec près de 90.000 départs chaque année. Plus d'un quart de la population a été touché par le départ d'un proche et la moitié des 18-24 ans envisagent d'émigrer, selon l'organisation de jeunesse NYCI.

Malgré ces ombres au tableau, le gouvernement a choisi de sortir du plan d'aide sans filet, renonçant à demander à ses partenaires internationaux une ligne de crédit de précaution, qui aurait pu servir d'amortisseur en cas de coup dur.

"On ne saute pas de l'avion sans parachute", assure toutefois M. Noonan. "Nous disposons de réserves de liquidités de plus de 20 milliards d'euros".

Seule certitude pour les Irlandais: le départ de la troïka ne sera pas synonyme de fin de l'austérité.

La Commission européenne continuera de surveiller de près les progrès de l'Irlande jusqu'à ce que 75% des aides soient remboursées. Et le prochain budget, en octobre 2014, promet déjà des nouvelles coupes dans les dépenses ainsi que des hausses d'impôts.

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