Un trou de 23 milliards dans les caisses des exportateurs

Publié le 09/10/2010 à 00:00, mis à jour le 13/10/2010 à 16:36

Un trou de 23 milliards dans les caisses des exportateurs

Publié le 09/10/2010 à 00:00, mis à jour le 13/10/2010 à 16:36

Par François Normand

Photo : Bloomberg

Chute de la demande, envolée du huard, nouvelle concurrence. Depuis une décennie, toutes les raisons sont bonnes pour faire dégringoler les exportations du Québec vers les États-Unis.

En 2000, nos exportations en terre américaine totalisaient 63,5 milliards de dollars canadiens (G$) contre seulement 40,3 G$ l'an dernier. Une baisse de plus de 23 G$, soit l'équivalent d'environ 10 % du PIB québécois. De 2008 à 2009, on parle d'un manque à gagner de 11 G$...

Malgré la déconfiture de nos exportations, le marché américain reçoit encore plus des deux tiers de nos exportations. Par sa profondeur, sa richesse et sa proximité, il sera toujours important pour les entreprises québécoises. Néanmoins, l'époque où les fabricants pouvaient y vendre leurs produits sans trop de difficulté est révolue.

La concurrence étrangère s'est accrue. " Les entreprises chinoises sont bien ancrées dans le marché américain ", souligne Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins. Le Japon et l'Allemagne nous talonnent, sans parler du Mexique, dont les entreprises, comme les nôtres, ne sont pas soumises à des tarifs douaniers pour exporter aux États-Unis en vertu de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

Nos entreprises doivent donc cibler, cibler et encore cibler leurs marchés pour se tailler une place aux États-Unis, disent les spécialistes. " Il faut être différent et unique, puis chercher pour qui ces caractéristiques sont importantes, dit Pierre Trudel, associé principal d'Avantage Interaction client, un consultant en commerce international. De toute façon, les entreprises n'ont pas les ressources marketing pour viser tous les consommateurs. "

Des cibles, nous en avons déterminé six, en collaboration avec le ministère québécois du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation (MDEIE). Les six secteurs de l'économie américaine les plus stratégiques pour le Québec sont le marché du gouvernement fédéral, de l'aérospatiale, des sciences de la vie, des technologies de l'information et des jeux vidéos, du transport public, et de l'énergie et de l'environnement.

Ce sont des grappes dans lesquelles les entreprises québécoises brassent déjà des affaires, mais où il y a plusieurs occasions d'accroître les échanges, disent les entrepreneurs et les intervenants que nous avons rencontrés ces dernières semaines aux quatre coins des États-Unis.

" Nous sommes toujours acheteurs d'équipements, comme des systèmes de contrôle ou des systèmes de roulement à billes ", indique par exemple Benjamen D. Hempstead, chef ingénieur mécanicien d'Electroimpact, une PME de l'État de Washington qui fabrique des machines automatisées servant à assembler les ailes des avions de ligne.

Ces grappes feront l'objet de six grands reportages dans nos pages et sur notre site Web lesaffaires.com/monde jusqu'au 13 novembre. Nous vous expliquerons comment les entreprises d'ici peuvent atteindre le coeur de ces marchés stratégiques.

69 %

Pourcentage des exportations québécoises destinées au marché des États-Unis aujourd'hui, par rapport à 85 % en 2000.

POURQUOI LES EXPORTATIONS DU QUÉBEC SONT EN DÉCLIN

La concurrence étrangère est plus forte que jamais

Les exportateurs canadiens ont été déclassés par les entreprises chinoises en 2007. Aujourd'hui, la Chine est le premier exportateur de biens aux États-Unis.

D'où viennent les importations américaines1

Chine

193,9 G$ US

Canada

159,8 G$ US

Mexique

128,8 G$ US

Japon

66 G$ US

Allemagne

45,7 G$ US

1 en milliards de dollars américains (G$ US), de janvier à juillet 2010 Source : U.S. Census Bureau

La croissance du PIB américain est moins dynamique

Le recul des exportations québécoises aux États-Unis a commencé avant la récession.

L'industrie forestière - dont celle de la production de bois d'oeuvre - en est un bon exemple, selon Carlos Leitao, économiste en chef de Valeurs mobilières Banque Laurentienne : " Les mises en chantier aux États-Unis ont atteint un sommet en 2006, mais elles ont commencé à reculer cette année-là ", dit-il, précisant que cette situation a freiné les exportations de bois québécois sur le marché américain.

À la une

Celestica réalise enfin l'embellie attendue

Il y a 55 minutes | Jean Gagnon

BOUSSOLE BOURSIÈRE. Le titre de Celestica s'est clairement sorti d'un corridor vers le haut.

Des technologies québécoises pour de meilleurs soins en région éloignée

Le CTS lance une initiative pour améliorer les soins de santé en région éloignée grâce à des technologies d'ici.

À surveiller: BCE, WSP et Bombardier

Que faire avec les titres BCE, WSP et Bombardier? Voici des recommandations d’analystes.