Des designers québécois vendent en Chine

Publié le 04/06/2011 à 00:00, mis à jour le 09/06/2011 à 10:52

Des designers québécois vendent en Chine

Publié le 04/06/2011 à 00:00, mis à jour le 09/06/2011 à 10:52

Par François Normand

Crédit: Bloomberg

Petites familles, jeunes couples, professionnels... Les couloirs de l'Oriental Plaza, un centre commercial chic au coeur de la capitale, sont encombrés de consommateurs léchant les vitrines de boutiques de luxe comme Burberry (vêtements), OMEGA (montres) ou Tiffany & Co (bijoux).

Avec la hausse du niveau de vie en Chine, beaucoup de Chinois ont les moyens d'acheter des vêtements griffés ou de se payer une montre à 25 000 $ US. Le marché des produits de luxe et haut de gamme est d'ailleurs devenu une mine d'or pour les entreprises.

Une dizaine de designers québécois de produits de la fourrure, regroupés sous l'étiquette Beautifully Canadian, en profitent. Parmi eux, des entreprises comme Zuki, Jean Crisan ou Natural Furs International, qui vendent leurs créations chez White Collar, une chaîne chinoise de boutiques de vêtements pour femmes.

Elle possède une cinquantaine de magasins dans le nord du pays, dont 42 haut de gamme, qui vendent des vêtements en fourrure. Le regroupement de designers a réalisé ses premières ventes en Chine durant la saison 2008-2009. Et pour 2011-2012, les ventes pourraient s'élever à 1,7 million de dollars canadiens.

Ces designers visent une clientèle précise. " Des femmes professionnelles, de 35 à 50 ans, qui ont de l'argent pour s'habiller ", dit Teresa Eloy, directrice du projet Beautifully Canadian, et directrice marketing au Conseil canadien de la fourrure.

Et ces femmes, parmi lesquelles on retrouve les conjointes de hauts fonctionnaires du gouvernement central, sont prêtes à payer cher pour de la fourrure canadienne, selon l'entrepreneure qui vient souvent en Chine. " Au Canada, une étole en peau de castor se vend de 1 200 à 1 500 $. Mais ici, son prix oscille de 10 000 à 12 000 $. "

Les designers québécois pourraient sans doute augmenter leurs ventes en Chine en ciblant une clientèle plus large. Mais cela diluerait l'étiquette Beautifully Canadian. C'est pourquoi le regroupement se donne le luxe de dire non. " On nous approche souvent pour vendre nos fourrures, mais on refuse dans certains cas afin de protéger notre marque ", soutient Teresa Eloy.

Le vêtement n'est pas le seul secteur dynamique de la vente au détail en Chine. Dans l'alimentation, les Français sont très forts avec la chaîne de supermarchés Carrefour. Les vins, surtout les grands crus, sont aussi très prisés par les nouveaux riches chinois.

Watsons, la chaîne de pharmacies de Singapour, a des centaines de magasins dans le pays, notamment à Canton.

L'Oréal, le géant français des cosmétiques, vend de plus en plus de produits de beauté... aux hommes. Et ce marché explose : Euromonitor prévoit une croissance annuelle de 29 % d'ici 2014.

Malgré la politique de l'enfant unique, le marché des jeunes n'est pas à négliger. Il regroupe 340 millions de consommateurs avec des besoins et des goûts particuliers, notamment pour les articles de sport.

Vendre au détail en Chine ne se fait toutefois pas du jour au lendemain. Il faut s'y rendre souvent pour repérer des clients et des distributeurs, et comprendre les habitudes de consommation des Chinois. Et surtout, il faut s'armer de patience. " Cela peut prendre jusqu'à deux ans pour obtenir des résultats concrets et des ventes intéressantes ", affirme Yves Nadon, un courtier québécois spécialisé en importation de produits de consommation au détail en Chine, installé à Shanghai.

Selon lui, trop d'entreprises négligent encore de faire des études de marché. " Débarquer à Shanghai pour vendre de l'huile d'olive n'est plus original. Par contre, viser une ville comme Chongqing, dans le centre du pays, où les goûts s'affinent, est plus approprié. "

Le commerce de détail en Chine, c'est....

des consommateurs plus judicieux qu'avant dans leurs dépenses, parce qu'ils misent maintenant davantage sur les produits de qualité.

un marché de consommateurs qui représentera les deux tiers du marché américain en 2020.

Un conseil :

Évaluez le type de ville où se trouve votre clientèle cible : les villes sophistiquées ou Tier 1 (Shanghai, Beijing, etc. ); les villes émergentes ou Tier 2 (Chongqing, Wuhan, etc.); ou les villes en voie de développement ou Tier 3 (Wuxi, Zhengzhou, etc.)

Sources : McKinsey, CEIC, Morgan Stanley, Jones Lang Lasalle

Notre dossier sur lesaffaires.com Notre journaliste est allé en Chine. Lisez ses blogues (Les Affaires en Chine).


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