Six clés pour protéger votre capital

Publié le 05/06/2009 à 00:00

Six clés pour protéger votre capital

Publié le 05/06/2009 à 00:00

Car si certains risques surgissent comme des ours, d'autres grugent en silence vos épargnes. Voici six recommandations de spécialistes pour protéger votre portefeuille.

1 Prémunissez-vous contre les aléas du dollar

Certains le voyaient tomber jusqu'à 0,50 $ US quand il ne valait plus que 0,60 $ US en 2002. Mais cinq ans plus tard, en novembre 2007, le dollar canadien atteignait plutôt 1,09 $ US.

Pour le touriste qui visitait les États-Unis, cela se traduisait par des aubaines, mais pour l'investisseur qui avait acheté des titres américains en dollars canadiens, c'était une véritable catastrophe.

À long terme, l'effet du taux de change sur un portefeuille bien diversifié est neutre, mais à court terme, il peut être important, dit Marc Dubuc, directeur, développement de produits et stratégie de marché, chez Desjardins.

Dan Hallett, président de Dan Hallett & Associates, estime important de couvrir son exposition à la devise américaine depuis l'annonce du plan de relance de l'économie aux États-Unis. " Les Américains ont emprunté énormément d'argent. Cela fait peser un nouveau risque sur la valeur du dollar américain au cours des prochaines années ", dit-il.

Sans croire que le yuan chinois puisse détrôner de sitôt le dollar américain comme devise de référence à l'échelle mondiale, M. Hallett juge possible que le dollar américain traverse une période de turbulences.

Pour réduire ce risque, vous pouvez recourir à des fonds négociés en Bourse reproduisant l'indice américain S&P 500 qui neutralisent l'effet de change. Ils permettent ainsi de vous protéger à peu de frais de l'incidence du dollar américain, dit Raphaël Hainault, planificateur et fiscaliste au Fonds des professionnels.

Une diversification sur plusieurs marchés internationaux réduit aussi le risque de subir l'effet négatif d'une devise, précise M. Hallett.

2 Atténuez l'effet de l'inflation

L'inflation est une menace silencieuse qui pourrait miner une bonne partie de votre avoir si vous n'y prenez pas garde.

Vos économies peuvent s'apprécier, vous pouvez éviter les pertes année après année, mais de façon relative, la valeur de votre portefeuille peut quand même diminuer si tout coûte plus cher, comme c'est le cas lors des périodes de forte inflation. N'oubliez pas qu'en épargnant, vous visez à protéger votre pouvoir d'achat à la retraite.

" Dans le contexte où les gouvernements injectent beaucoup d'argent dans l'économie, il y a tout à craindre que l'inflation ressurgisse au cours des prochaines années ", dit M. Dubuc.

Pour vous protéger de l'inflation, vous devez éviter de mettre une trop grande part de vos actifs dans des titres à revenu fixe, tels que les titres obligataires et les certificats de placement garanti, précise-t-il.

Utiles quand les marchés boursiers s'effondrent, ces titres se révèlent improductifs quand tout devient plus cher.

" Un rendement moyen de 3 % sur cinq ans pourrait bien équivaloir à un rendement nul, voire négatif si l'inflation est de 3 ou 4 % ", prévient M. Dubuc. Ce risque est d'autant plus d'actualité que ces titres sont actuellement à la mode parmi les investisseurs échaudés par la Bourse et avides de sécurité.

Catégorie risquée et, actuellement, malaimée, les actions représentent la protection idéale contre l'inflation, dit Olivia Woo, gestionnaire de portefeuilles chez Mawer, à Calgary.

L'immobilier constitue aussi un excellent rempart contre la hausse des prix, dit M. Dubuc. " Les gens qui sont propriétaires ne se rendent pas toujours compte de la protection dont ils jouissent. "

3 Assurez l'équilibre des différentes catégories de placement

Vous accumulez chaque année des titres de diverses catégories en pensant que vous évitez ainsi de mettre tous vos oeufs dans le même panier. Erreur : votre portefeuille est peut-être en train de se concentrer dans une catégorie d'actifs, ce qui menace vos épargnes.

Cela peut se produire si vous achetez pour une somme fixe de chaque catégorie de placement chaque année, sans tenir compte du prix que vous payez vos titres. Ou encore si une catégorie d'actif s'est beaucoup appréciée par rapport aux autres.

Ainsi, votre portefeuille peut connaître des ratés si vous ne le rééquilibrez pas au moins une fois l'an, selon une proportion bien établie, dit Marc Dubuc.

Attention aussi à ne pas vous laisser piéger par vos émotions, qui peuvent vous amener à investir une part trop importante de votre portefeuille dans un titre ou une catégorie de placement. " Les gens ont tendance à augmenter leur exposition aux titres qui s'apprécient ", indique Raphaël Hainault, du Fonds des professionnels. Or, c'est précisément parce qu'ils s'apprécient qu'ils risquent de redescendre ensuite, souligne-t-il.

Malgré que presque toutes les différentes catégories d'actif se soient comportées de la même façon durant la crise, la diversification demeure entièrement justifiée, selon le spécialiste. En période de croissance, elle vous fait profiter des meilleurs rendements, peu importe où ils se trouvent. En période de crise, sans annuler vos pertes, elle vous permet au moins de les réduire.

Prenez garde aussi à une fausse diversification, c'est-à-dire de détenir des parts de plusieurs fonds communs qui contiennent les mêmes actions, dit M. Hainault. Il recommande d'investir dans les fonds communs équilibrés pour réduire ce risque.

4 Déjouez les périodes boursières défavorables

À long terme, la Bourse monte toujours, dit-on. Malgré la récente déconfiture des marchés, ce précepte reste vrai, selon la plupart des experts qui s'appuient sur des statistiques remontant au début du 20e siècle.

La séquence par laquelle s'effectue cette progression pourrait avoir un effet déterminant sur votre rendement global à la Bourse, dit Olivia Woo. C'est le cas parce que la Bourse affiche d'une année à l'autre des rendements extrêmement variables.

Si vous subissez de mauvais rendements pendant les premières années où vous investissez à la Bourse et connaissez un marché haussier à l'approche de la retraite, vous profiterez au final de rendements de beaucoup supérieurs à ceux que vous auriez eu si l'inverse s'était produit.

Un rendement négatif de 33 % (rendement du Dow Jones en 2008) sur un portefeuille naissant de 5 000 $ a, après plusieurs années, un effet relativement mineur. Sur un portefeuille de 500 000 $, son effet est désastreux.

Il n'y a pas d'abri idéal pour ce risque, la possibilité de l'éviter dépendant souvent de la chance.

Vous pouvez toutefois le réduire en conservant des liquidités, suggère Mme Woo. Vous éviterez ainsi de devoir vendre vos actions lors de creux, car vous aurez des économies qui serviront de coussin et qui pourront être réinvesties au début d'une reprise.

Vous pouvez aussi réduire progressivement votre exposition à la Bourse quelques années avant votre retraite pour diminuer le risque d'une mauvaise surprise à la dernière heure, conseille Mme Woo. À cette période de votre vie, il est recommandé d'augmenter la pondération de titres à revenu fixe dans votre portefeuille.

5 Soyez prudent, mais pas trop

Vous pourriez être tenté de tourner le dos à la Bourse après avoir vu votre épargne fondre en 2008. Mais actuellement, le plus grand risque est celui de mettre votre argent sous votre matelas et d'être trop prudent, dit Olivia Woo.

L'inflation, l'accroissement de l'espérance de vie et les impôts risquent en effet de gruger vos économies si vous manquez d'audace.

" Ne pas courir de risques est un très grand risque ", dit Mme Woo. Sans en faire une règle d'or, la spécialiste souscrit à l'idée selon laquelle plus vous êtes jeune, plus vous devriez investir à la Bourse. La formule par laquelle on retranche son âge du nombre 100 pour déterminer le pourcentage d'actions en portefeuille fournit un bon point de départ pour une réflexion personnalisée, selon elle.

Mme Woo ne doute pas de voir les marchés boursiers récompenser les investisseurs à long terme par des rendements supérieurs.

" Pour assurer une retraite heureuse, il est aussi nécessaire d'être prudent que de conserver un potentiel de croissance dans son portefeuille ", souligne Dan Hallett.

Ainsi, c'est de l'équilibre entre le risque des actions et la certitude des rendements obligataires que dépend à long terme le succès de votre plan d'épargne.

6 Assurez-vous de détenir des liquidités en tout temps

Vous pouvez avoir suivi les conseils des spécialistes et épargné pendant de nombreuses années pour vous constituer un pécule.

Évitez cependant de détenir trop d'actifs difficiles à vendre, afin de ne pas être pris à devoir céder à rabais vos placements pour rester à flot.

C'est ce qui pourrait arriver si vous détenez trop d'actif immobilier à l'approche de la retraite. " Si vous avez besoin d'argent rapidement, vous pourriez être forcé de réhypothéquer ou de vendre votre propriété selon des modalités moins favorables ", dit M. Hainault.

Même scénario si vous détenez trop d'actions et si, de surcroît, vous investissez parfois sur marge. Vous pourriez être forcé de vendre des titres dans un creux si vous n'avez pas d'option de rechange.

L'avantage d'un portefeuille bien diversifié est que vous pouvez établir dans quel ordre vous vous départirez de chaque titre de façon à en obtenir le meilleur prix possible.

À défaut d'avoir une encaisse bien garnie, M. Dubuc recommande aux épargnants de disposer au moins d'une marge de crédit pour parer aux imprévus.

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