Peu à espérer des émissions obligataires

Publié le 19/12/2009 à 00:00

Peu à espérer des émissions obligataires

Publié le 19/12/2009 à 00:00

Une pluie d'émissions obligataires s'abat sur les marchés financiers. La raison est simple : les taux sont redevenus plus attrayants pour les entreprises qui cherchent du financement. L'investisseur peut y trouver son compte, mais il ne doit pas s'attendre à des rendements faramineux, surtout si une hausse des taux survient en 2010.

De grands émetteurs comme le gouvernement du Québec, Hydro-Québec, la Caisse de dépôt et placement ou le Mouvement Desjardins annoncent depuis cet été d'importantes émissions de titres de dette.

Il faut savoir que le contexte est plus favorable que l'an passé. " La reprise amène la prime de risque associée à la cote de crédit des entreprises à s'amenuiser ", explique Paul-André Pinsonnault, économiste principal, revenu fixe, à la Banque Nationale.

Conséquence : les écarts de taux, qui avaient atteint des niveaux records pendant la crise ont rétréci.

Par exemple, l'écart de taux entre les obligations 5 ans de Bell Canada et celles du gouvernement du Canada est passé de 510 points au 31 décembre 2008 à 115 points au 11 décembre 2009, illustre Yvan Fontaine, premier vice-président et co-chef de l'investissement chez Addenda Capital. " Ainsi, Bell peut maintenant se financer à un taux de 3,69 % sur cinq ans, comparativement à 6,80 % auparavant ", dit-il.

Même si la diminution des écarts est généralisée, la progression des nouvelles émissions se fait surtout sentir au sein des entreprises non financières, des gouvernements et du secteur parapublic.

" Depuis le début de 2009, les entreprises non financières ont émis pour 24,5 milliards de dollars (G$) d'obligations, note Harold Scheer, associé chez Baker Gilmore. Cela représente un bond de 57 % par rapport à 2007. "

Du côté des titres gouvernementaux, l'accroissement des émissions est lié à l'augmentation des déficits budgétaires, qui sont très importants. " Les nouvelles émissions d'obligations fédérales sont passées de 73 G$ en 2008 à 100 G$ en 2009, rappelle M. Scheer. Au provincial, elles sont passées de 53 à 73 G$ entre 2008 et 2009. "

Le retour des investisseurs

La poussée des émissions est aussi motivée par le retour des investisseurs sur le marché obligataire. En effet, 9,8 G$ ont été injectés dans les fonds obligataires au cours des 10 premiers mois de 2009, selon l'Institut des fonds d'investissement du Canada, comparativement à des retraits de 654,8 millions de dollars pour la même période l'an dernier.

" Il est désavantageux d'être sur le marché monétaire quand les taux sont aussi bas, croit Harold Scheer. Beaucoup d'investisseurs achètent plutôt des obligations gouvernementales et de sociétés dont l'échéance est à court terme, soit de deux ou trois ans en moyenne. "

Attention à la hausse des taux

Autre motivation pour les acheteurs : les écarts de taux, bien qu'ils aient baissé, restent relativement grands. " Les écarts sont comparables à ceux qui avaient cours au coeur de la récession de 1981-1982 ", dit M. Pinsonnault. Il y a donc encore de la place pour une baisse des écarts et, par ricochet, pour des gains sur les titres obligataires.

La hausse des taux d'intérêt ou la détérioration de l'économie pourraient gâcher la sauce. " Dans le contexte actuel, on ne peut plus dire que le marché obligataire recèle beaucoup de valeur, croit M. Fontaine. Maintenant, l'environnement économique est plus risqué. "

Pour Paul-André Pinsonnault, de la Nationale " les écarts entre les obligations de sociétés continueront de générer des rendements assez intéressants ". Même si les taux d'intérêt augmentaient de 2 %, les obligations de plus de 10 ans seraient encore attrayantes dans ce segment. Pour le reste, il ne faut pas s'attendre à des rendements faramineux. "

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