À surveiller: Canadien National, Loblaw et Paramount Resources
Catherine Charron|Publié le 06 juillet 2023Un analyste réitère sa confiance envers la direction de lu Canadien National. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres du Canadien National, de Loblaw et de Paramount Resources? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note : l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Canadien National (CNR, 159,15$): la route est de plus en plus incertaine
Constatant que de nombreux facteurs nuisent à brosser un portrait clair des prochains mois de Canadien National, Benoit Poirier de Valeurs mobilières Desjardins révise à la baisse ses attentes.
D’une part, le volume transporté au deuxième trimestre a plus diminué qu’escompté, glissant de 7,3% par rapport au même moment l’an dernier, alors que l’analyste misait sur un recul de 4,4%. Il attribue cette performance au transport de conteneurs intermodal – surtout international-, au transport de produits forestiers, et aux feux de forêt partout au pays.
De l’autre, son troisième trimestre a débuté avec une grève au port de Vancouver. La reprise complète de ses activités de transport intermodal est donc incertaine à très court terme, estime l’analyste.
Lors de la dernière rencontre avec leurs actionnaires, les dirigeants de l’organisation ont indiqué que leur bénéfice par action prévu s’appuyait en grande partie sur une reprise des activités de consommation au cours de la deuxième moitié de l’exercice 2023. Benoit Poirier doute qu’un tel scénario se réalise.
Non seulement l’entreprise est affectée par les grèves dans les installations portuaires, mais en plus, les indicateurs économiques laissent présager qu’une reprise du transport intermodal dans la deuxième moitié de l’exercice est peu probable. Ses tonnes milles commerciales devraient plutôt avoir glissé de 2,6% à la fin de 2023, croit l’analyste.
Il table donc sur un recul en 2023 de 0,2% de son bénéfice par action par rapport à l’exercice précédent. C’est sous la cible que s’était fixée la société de transport, souligne l’analyste, ce qui laisse entrevoir d’autres baisses.
Ainsi, d’après lui, les revenus générés par l’entreprise au deuxième trimestre devraient atteindre 4,071 millions de dollars (M$), tandis que son bénéfice par action ajusté et dilué devrait se situer à 1,73$, et non plus respectivement à 4,321 M$ et 1,92$.
Or, le CN ne sera pas la seule affectée par ses différents phénomènes, rappelle Benoit Poirier : le secteur du transport au complet devrait en pâtir au deuxième trimestre.
Néanmoins, l’analyste révise à la hausse son cours cible pour la société, le faisant passer de 180$ à 184$. En effet, Valeurs mobilières Desjardins s’appuie dorénavant sur ses prévisions pour 2025 pour le fixer.
De plus, l’analyste réitère sa confiance envers la direction de l’organisation, misant notamment sur une bonification de son ratio d’exploitation grâce à la nomination d’Ed Harris comme directeur de l’exploitation à la fin de 2022. Ce ratio devrait atteindre 59,9% en 2023, et 58,2% en 2024.
Loblaw (L, 120,47$): croissance stable de son bénéfice par action
Loblaw (L, 120,47$): croissance stable de son bénéfice par action
Vishal Shreedhar de la Financière Banque Nationale s’attend à ce que l’entreprise dévoile un meilleur bénéfice par action qu’à pareille date l’an dernier le 26 juillet prochain, mais aussi à ce que l’effet de l’inflation commence à s’estomper sur ses résultats.
En effet, l’inflation devrait avoir augmenté de 9,1% au cours du deuxième trimestre, d’après les chiffres de mai. Au trimestre précédent, elle avait plutôt atteint 10,5%. Cependant, grâce à son modèle d’affaires et l’efficacité de ses initiatives, l’entreprise devrait continuer de croître, indique l’analyste.
Au deuxième trimestre seulement, ses ventes d’aliments de même qu’en pharmacie devraient avoir cru, et l’entreprise devrait avoir su tirer profit de son offre publique d’achat d’action et de ses programmes pour rendre ses activités plus efficientes.
Son bénéfice par action grimpera donc de 13,8% en un an, et ses ventes d’aliments d’un même magasin comparable bondiront de 5,5%, alors qu’elle avait haussé de 0,9% l’année précédente.
L’entreprise devrait avoir généré des ventes de 13,607 millions de dollars (M$), ce qui est légèrement sous ce sur quoi mise le consensus, à 13,685 M$. Au deuxième trimestre de 2022, elle avait obtenu 12,847 M$. Le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement se situera d’après lui à 1,618 M$. Il était de l’ordre de 1,499M$ en 2022.
Après la révision des cibles d’immigration annoncée par Ottawa, Vishal Shreedhar croit que Loblaw devrait en tirer profit. Au cours des trois dernières années, en moyenne, la croissance du nombre de Canadiens a contribué à 1,1% des ventes d’un même magasin comparable, souligne-t-il.
Or, pour qu’elle puisse réellement en bénéficier, l’entreprise devra augmenter sa superficie de vente en pieds carrés, elle qui a cumulé un peu de retard par rapport à ses paires. Pour corriger le tir, Loblaw a annoncé au quatrième trimestre de 2022 qu’elle comptait augmenter son taux de croissance à 1%, rappelle l’analyste.
Vishal Shreedhar estime qu’on devrait continuer à observer au cours des prochains trimestres, tout comme dans le reste de l’industrie du commerce de détail d’ailleurs, une tendance vers les produits en rabais chez les consommateurs. Loblaw compte même transformer 10 magasins Provigo en des succursales de Maxi au Québec.
La Financière Banque Nationale laisse son cours cible inchangé à 140$, tout comme sa recommandation à «surperformance de secteur».
Paramount Resources (POU, 28,93$): ses objectifs partent en fumée
Paramount Resources (POU, 28,93$): ses objectifs partent en fumée
Les feux de forêt qui sévissent en Alberta obligent la société pétrolière de Calgary, Paramount Resources, à revoir à la baisse ses attentes de production pour la première moitié de son exercice 2023.
En effet, l’entreprise a annoncé le 4 juillet 2023 dans un communiqué de presse avoir «rétabli avec succès la totalité de la production, à l’exception d’environ 2 500 barils d’équivalent pétrole / jour» (bep/j). Paramount Resources avait précédemment estimé que 5000 bep/j manqueraient à l’appel.
Ce coup de sabre est similaire à celui qu’anticipait Jamie Kubik de Marchés des Capitaux CIBC, mais est en deçà de celui sur lequel misait le consensus des analystes. Ce dernier croit donc une révision de leurs prévisions devrait être annoncée, ce qui pourrait nuire au titre de l’entreprise.
L’entreprise s’attend désormais à ce que son volume moyen de vente quotidien atteigne 92,5 millions de bep, ce qui sous-entend, d’après l’analyste, que son volume de vente moyen quotidien devrait atteindre 87,8 M de bep au deuxième trimestre de 2023.
Jamie Kubik, lui, tablait plutôt sur 86 M de bep au cours de cette même période. Il est toutefois moins optimiste que le consensus des analystes, qui s’attendaient plutôt à ce qu’il atteigne 96,5 M de bep.
Paramount Resources a aussi indiqué dans ce communiqué qu’elle reprendra son offre publique de rachat dans le cours normal des activités. Dans le cadre ce programme, l’entreprise devrait retirer de la circulation jusqu’à 10% de ses actions, rappelle l’analyste.
Celui-ci ne serait toutefois pas étonné de voir la société garder dans ces coffres une partie de ses liquidités, afin de saisir les opportunités d’acquisitions lorsqu’elles surviendront.
Marchés des capitaux CIBC maintient son cours cible à 37,50$, et sa recommandation à neutre. Le titre de l’entreprise s’échange présentement à 4,5 fois ses flux de trésorerie ajustés pour les frais financiers (DACF), ce qui est similaire à ses pairs.