Une économie résiliente

Offert par Les Affaires


Édition du 11 Novembre 2020

Une économie résiliente

Offert par Les Affaires


Édition du 11 Novembre 2020

Par Pierre Cléroux

SIGNAUX FORTS. L’émergence d’une deuxième vague de ­COVID-19, qui a entraîné récemment de nouvelles fermetures de certains commerces et secteurs d’activité, jumelée à la grisaille d’automne, nous fait oublier que l’économie québécoise s’en sort pourtant bien. Mieux que prévu, du moins, alors qu’elle se retrouve même aujourd’hui en meilleure posture que dans le reste du pays.

À preuve : l’emploi au ­Québec a rapidement rebondi depuis le printemps et se retrouvait, en septembre, à 98 % du niveau observé en février, comparativement à 96 % au ­Canada et à 93 % aux ­États-Unis. Les mesures prises pour freiner la propagation du coronavirus, ­rappelons-le, avaient provoqué la perte de quelque 830 000 emplois et fait passer le taux de chômage de 4,5 % à 17 % entre février et avril. Depuis, l’économie québécoise a récupéré une grande majorité (86 %) de ces emplois et le taux de chômage est redescendu à 7,4 % en septembre, par rapport à 9 % au ­Canada.

Autre bonne nouvelle : ­Les ventes des détaillants québécois ont dépassé les attentes et affiché une quatrième hausse d’affilée en août. Cette croissance mensuelle atteignait alors 1,6 % au ­Québec, comparativement à une augmentation beaucoup moins forte de 0,4 % au pays. Les ventes au détail au ­Québec s’élevaient alors à 105 % du niveau de février, contre 102 % au ­Canada et 99 % en ­Ontario.

Le ­PIB réel du ­Québec poursuivait aussi sa remontée et se retrouvait, en juillet, à 96,4 % du niveau affiché en 2019, par rapport à 95,3 % au pays. Ailleurs au ­Canada, la faiblesse de la demande et du prix du pétrole pèse lourd sur le dynamisme économique des provinces productrices de pétrole et, par conséquent, sur l’économie canadienne.

Des nuages à l’horizon

Si les économies québécoise et canadienne font aussi bonne figure par rapport aux ­États-Unis et à des pays d’Europe, comme l’Allemagne, la ­France et le ­Royaume-Uni, c’est principalement grâce aux importantes mesures de soutien au revenu mises en place par les différents ordres gouvernementaux, qui ont en grande partie compensé les pertes en salaires. Le revenu disponible a même grimpé et contribué à maintenir le pouvoir d’achat des ménages canadiens, permettant ainsi aux ventes au détail de rebondir. Cette épargne additionnelle pourrait aussi soutenir la consommation au cours des mois à venir.

Bien sûr, il y a encore des nuages à l’horizon. Les ventes au détail ont généralement fait bonne figure et le secteur manufacturier s’est aussi montré particulièrement vigoureux, mais la reprise demeure toutefois inégale. La fermeture des bars, des salles à manger, des salles de spectacle et des salles de sport, dans de nombreuses régions décrétées zone rouge depuis le début d’octobre, continuera d’affecter des secteurs d’activité qui avaient déjà grandement souffert depuis le début de la pandémie. L’industrie touristique demeure aussi fragile.

Bien malin qui peut prédire l’avenir, alors que la deuxième vague force les gouvernements à prendre diverses mesures de confinement et à fermer certains commerces. Voilà pourquoi il ne faut pas s’attendre à un retour à la normale de l’économie avant le début de 2022 ou, dans le pire des cas, lors du dernier trimestre… de 2023 !

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EXPERT INVITÉ

Pierre Cléroux est vice-président à la recherche et économiste en chef de la Banque de développement du Canada.

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