Cuirs ­Desrochers: de la ­France à ­Plessisville


Édition du 10 Avril 2024

Cuirs ­Desrochers: de la ­France à ­Plessisville


Édition du 10 Avril 2024

Par Emmanuel Martinez

Atef Ouechtati et sa femme Audrey Alberca ont tout vendu en France pour reprendre l’entreprise Cuirs Desrochers à Plessisville dans le Centre-du-Québec. (Photo: courtoisie)

REPRENEURIAT. Malgré un océan qui les séparait, un Français à la recherche d’un nouveau défi a trouvé l’entreprise de son cœur à Plessisville, au Québec.

Avec sa femme et ses deux enfants, Atef Ouechtati a traversé l’Atlantique pour vivre un rêve : posséder son entreprise. Il l’a réalisé en février, en mettant la main sur Cuirs Desrochers, une PME familiale du Centre-du-Québec qui était à la recherche d’un repreneur.

« En France, il aurait été impossible pour moi d’acquérir une telle société, dit-il en entrevue. Il y a plus de grands groupes qui ont les ressources pour les reprendre et je n’avais pas d’expérience d’entrepreneuriat. En plus, j’aurais dû avoir une mise de fonds bien plus importante qu’ici et je n’aurais pas obtenu de financement. »

Celui qui vivait à Montélimar, au sud de Lyon, a pu compter sur Desjardins et Investissement Québec pour lui fournir un prêt. Il a également pigé dans ses économies afin de boucler la transaction.

« Sans eux, cela n’aurait pas été possible, dit l’entrepreneur de 40 ans. Aucune banque canadienne n’aurait prêté à des étrangers qui viennent de s’installer. »

 

Grâce au CTEQ

C’est le Centre de transfert d’entreprise du Québec (CTEQ) qui a rendu ce mariage possible.

Atef Ouechtati avait contacté le CTEQ afin de s’enquérir d’entreprises à vendre. De son côté, Cuirs Desrochers, fondée en 1981 par Denis Desrochers, puis reprise en 1997 par sa fille Nancy et son conjoint, avait fait de même pour trouver un acquéreur.

« Je savais que le Québec souffre d’un déficit d’entrepreneurs et qu’il y avait du potentiel et des besoins, explique le Français. J’avais toujours voulu vivre au Québec et au Canada. J’ai fait toutes mes démarches depuis la France. »

Atef Ouechtati est arrivé en avril avec sa famille pour visiter quatre PME et voir si le Québec leur plaisait. Ils ont passé deux semaines ici.

« Moi et ma compagne avons beaucoup aimé l’entreprise et ses produits, dit-il. Le travail artisanal nous a beaucoup plu. Elle est rentable et bien gérée. L’entreprise était déjà numérisée, donc on n’avait pas à moderniser ça. Les autres que j’avais visitées nécessitaient des investissements importants. Elles étaient souvent dotées d’outils archaïques. »

Évidemment, le contact avec Nancy Desrochers et Dominique Chagnon, les propriétaires, les a rassurés.

« On s’entend très bien avec eux, mentionne-t-il. Notre première rencontre était chaleureuse. Ils nous ont tout montré. La relation est très bonne. Ils nous donnent des conseils tout en nous laissant la liberté de faire ce qu’on veut depuis qu’on est aux commandes. »

Atef Ouechtati a déjà des idées pour faire croître la PME d’une dizaine d’employés. Il désire ouvrir l’atelier au public afin que les visiteurs puissent travailler eux-mêmes le cuir.

« On désire se concentrer sur de nouveaux produits, note le patron. On aimerait démocratiser le travail du cuir, notamment en vendant des kits aux particuliers pour qu’ils puissent faire des objets en cuir à domicile. On souhaite se pencher sur l’exportation. Je suis certain que cela pourrait avoir du succès à l’étranger. »

 

Rassurer les employés

Pour la transition, les anciens propriétaires resteront sur place durant les premiers mois. Atef Ouechtati a la sagesse d’écouter les employés et de bien comprendre l’entreprise avant de lancer des projets. « On a dû les rassurer pour leur dire que rien n’allait changer, qu’on allait seulement essayer de conquérir de nouveaux marchés, affirme-t-il. De nous voir en famille, cela les a réconfortés. Les employés sont attachés à cette entreprise. Certains sont là depuis plus de 25 ans. C’est une équipe très autonome. »

« On a été bien accueillis, ajoute-t-il. La France et le Québec sont deux pays complètement différents. Je suis venu ici pour m’intégrer et vivre comme les Québécois. Si on fait un effort d’aller vers eux, on ne vous repousse pas. »

Celui qui a vendu sa maison en France pour s’installer à Plessisville conseille à ceux qui voudraient suivre son exemple d’être bien préparés, notamment grâce à une planification financière adéquate. Il croit également que les repreneurs ne doivent pas se limiter à leur champ d’expertise, lui qui travaillait dans la distribution de produits contre les incendies dans l’Hexagone. « Il ne faut pas être fermé à aller dans d’autres domaines, dit-il. C’est long, il y a des embûches et cela demande beaucoup d’énergie. La persévérance est la clé pour réussir ce type de démarche. »

Il juge que le Québec a le potentiel pour attirer des repreneurs étrangers, même si le financement demeure l’obstacle le plus important. Il déplore que la paperasse pour l’immigration représente un frein. « C’est compliqué et contraignant, déclare-t-il. On doit consulter des professionnels, ce qui coûte cher. »

Néanmoins, il estime que le jeu en vaut la chandelle.

« Je trouve que c’est un beau défi, croit-il. J’étais à un âge où je n’apprenais plus. Je recommande aux gens qui veulent le faire de se lancer. Faut pas avoir peur. »

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