« Ce secteur des technologies et des start-up va bien au Canada et ailleurs dans le monde, alors ça nous amène des occasions de croissance. » – Jean-Nicolas Delage, avocat associé chez Fasken
LES GRANDS DU DROIT. L’économie se transforme, et avec ces changements s’amènent de nouveaux besoins en matière de services légaux. Quels sont les secteurs et champs d’expertise en demande en 2019, et quels sont les occasions et les défis qui s’y rattachent ?
Cannabis
Le premier d’entre eux est certainement le champ d’expertise lié au cannabis. Avec la légalisation toute récente, les entreprises qui sont actives dans cette industrie ont un grand besoin de conseils légaux. Le cabinet Langlois est de ceux qui a su récolter la manne.
«Nous sommes toujours sur la même lancée que nous avons connue en 2018. L’année 2019 dans son ensemble sera très intéressante parce que la réglementation sur les produits comestibles risque d’entrer en vigueur cette année, autant au provincial qu’au fédéral», explique Mylany David, avocate associée chez Langlois. C’est elle qui chapeaute les activités du cabinet qui sont liées à l’industrie du cannabis.
Qui dit nouvelles réglementations, dit nouveaux besoins de conseils dans l’industrie. «Chaque fois qu’il y a une nouvelle loi, on doit la lire, la comprendre et l’interpréter pour nos clients, de sorte que leurs projets et opérations sont conformes aux règles», dit Mme David. Pour le moment, chez Langlois, environ une vingtaine d’avocats travaillent sur des mandats liés à ce secteur.
Les champs d’expertise qui ont été rassemblés pour conseiller les clients sont nombreux. Le cabinet fait par exemple du développement de projets pour des promoteurs qui veulent se lancer dans la production, de la recherche de terrain à la rédaction de contrats de construction en passant par le financement. Il s’occupe aussi de l’importation d’équipement et des questions de propriété intellectuelle, de marques de commerce, de commerce en ligne, de droit du travail, de gouvernance et de licences.
Pour le moment, le cabinet n’a toutefois pas eu à recruter de nouveaux avocats spécialisés en cannabis. Mylany David explique que Langlois s’est positionné dans cette industrie avant même la légalisation en ciblant le secteur du cannabis médical. «Quand la légalisation est arrivée, nous étions donc déjà des chefs de file. Nous n’avons pas eu besoin de recruter d’experts parce que nous avions déjà développé l’expertise. Quand nous recrutons, cependant, c’est clair que l’intérêt et les connaissances du marché du cannabis deviennent au centre de nos préoccupations.»
Droit de l’environnement
Les questions légales liées à l’environnement sont un autre domaine qui est actuellement en effervescence. Le 23 mars 2018, la nouvelle Loi sur la qualité de l’environnement entrait en vigueur. Tous les règlements qui résultent de cette loi seront amenés à être modifiés au cours de l’année 2019, ce qui risque d’amener de l’eau au moulin des grands bureaux. «Les obligations liées à l’environnement se multiplient et ma charge de travail s’alourdit déjà», dit Chloé D’Astous, avocate au sein de l’équipe de litige et de droit commercial en droit de l’environnement chez BCF. Elle remarque une expansion dans trois domaines : litige, droit commercial et transactionnel, conformité. Cette expansion fait pression à la hausse sur la demande d’avocats spécialisés.
«Il y a une pénurie d’avocats spécialisés en environnement. La demande est extrêmement grande parce que les bureaux ont besoin de ces expertises-là, ne serait-ce que pour soutenir les grandes transactions et fusions sur lesquelles ils travaillent», dit Mme D’Astous.
Selon elle, l’avenir est donc prometteur. Considérant les pressions faites sur les gouvernements pour lutter contre les changements climatiques, la réglementation des activités industrielles qui se resserre et la protection de l’environnement qui devient une question de société plus discutée que jamais, le droit de l’environnement est un domaine juridique qui présente un bon potentiel de développement.
Technologies
Le secteur des technologies et des start-up est un autre secteur dans lequel la demande de services juridiques auprès des cabinets se fait importante.
«Ce secteur va bien au Canada et ailleurs dans le monde, alors ça nous amène des occasions de croissance», indique Jean-Nicolas Delage, avocat associé chez Fasken spécialisé en start-up et en technologies émergentes.
Justement parce qu’elle anticipe une croissance intéressante dans ce secteur, l’entreprise a récemment lancé ViaFasken, une plateforme en ligne qui offre certains services automatisés allant de la création de l’entreprise à la génération de contrats, la gestion de l’actionnariat et la gestion des options d’achat d’actions. M. Delage décrit la plateforme comme une porte d’entrée pour les start-up.
«Pour elles, c’est facile, parce que toute leur information est sur ViaFasken, dit M. Delage. Si elles cherchent du financement, elles peuvent s’asseoir avec une firme de capital de risque et leur montrer, par exemple, la composition de leur actionnariat directement sur une tablette.»
En lançant cette plateforme, le cabinet réagit également à l’arrivée des outils «legaltech», qui risquent d’influencer l’industrie légale, et veut ainsi se positionner du côté des « »disrupteurs » plutôt que des « disruptés »». Quel impact cette plateforme aura-t-elle sur son nombre d’employés ?
Il n’est pas encore clair aux yeux de M. Delage si, à terme, l’effet en sera un de remplacement ou de déplacement d’emplois. «Certains aspects du travail seront automatisés et accomplis par des outils de legaltech, oui, mais fera-t-on plus de travail stratégique, maintenant ainsi notre nombre d’avocats ? C’est trop tôt pour répondre. Une chose est sûre, on veut être en avant de la parade.»
Pour le moment, les perspectives d’emploi restent bonnes au sein du groupe de pratique chargé des start-up et des technologies. «Nous avons une croissance super rapide, dit M. Delage. On anticipe aussi que ça se poursuive ; on vient d’ailleurs de recruter deux jeunes avocats. On est en recrutement constant pour nous aider à gérer notre croissance.»