La Maison ERE 132, jumelée aux Jardins de Métis, est un bâtiment durable qui se veut une vitrine d’excellence en écoconstruction qui permet au Créneau Écoconstruction d’éduquer et de sensibiliser. (Photo: Marjelaine Sylvestre)
INDUSTRIE DE LA CONSTRUCTION. Depuis 10 ans, le Créneau Écoconstruction travaille à mobiliser les entreprises du Bas-Saint-Laurent autour de la construction durable pour favoriser l’innovation et le développement des marchés.
« On est encore beaucoup dans la sensibilisation et dans l’éducation », constate sa directrice, Claire Sirois. Selon elle, certains segments de l’industrie de la construction demeurent assez traditionnels et conservateurs. « En même temps, l’entrepreneur va livrer le projet que lui demande son client, reconnaît-elle. D’où l’importance de sensibiliser toute la chaîne de valeur pour que le consommateur demande des produits verts à son entrepreneur. »
Un des grands projets ayant été réalisés au cours des dernières années dans la région est celui de la Maison ERE 132. Jumelé aux Jardins de Métis, ce bâtiment durable, qui se veut une vitrine d’excellence en écoconstruction, permet au Créneau Écoconstruction d’éduquer et de sensibiliser. Bâtie dans le but de mettre en valeur la principale richesse naturelle du Bas-Saint-Laurent, le bois, la Maison ERE 132 donne une visibilité à la cinquantaine d’entreprises locales ayant fourni leurs matériaux et expertise pour la construire.
« Les Jardins de Métis sont un grand attrait touristique dans la région, alors c’est une belle vitrine pour faire découvrir l’offre de nos entreprises », affirme Claire Sirois. D’emblée, elle note toutefois qu’il est encore difficile de chiffrer les retombées précises de ce projet. « Qualitativement, on l’entend, dit-elle. Les gens nous disent que c’est grâce à cette visibilité-là qu’ils ont eu certaines commandes. Quantitativement, c’est toutefois le maillon faible. C’est pourquoi cette année, la cinquième du projet, on compte faire des études pour en évaluer les retombées et en faire le bilan. »
Un autre projet qui occupe actuellement le Créneau Écoconstruction est celui de la création d’une certification qui viendrait confirmer qu’un matériau est biosourcé, explique sa directrice. Un tiers viendrait donc vérifier qu’un matériau est à moindre impact environnemental, puis y apposerait son sceau. « Ça devient difficile pour le consommateur de s’y retrouver dans le marché, dit Claire Sirois. On veut donc aider nos entreprises à se distinguer de celles qui font du greenwashing, ou de l’écoblanchiment. »
Selon elle, une telle certification devrait avoir des retombées positives pour beaucoup d’entreprises dans la région. L’organisme vient d’ailleurs de terminer une étude sur le sujet, et le grand constat est qu’il existe plusieurs certifications vertes, mais qu’il n’en existe qu’une seule relative aux matériaux biosourcés : le label Produit biosourcé, de l’organisme français Karibati. Le Créneau veut maintenant adapter et offrir cette certification dans sa région.
Pour y arriver, l’organisme travaille avec un partenaire belge, le Cluster Éco-Construction de Wallonie, qui a déjà rendu disponible cette certification dans sa région, explique Claire Sirois. « On travaille en collaboration pour donner plus de poids et une meilleure reconnaissance à plus grande échelle à cet outil. »
Si le projet en est encore à ses balbutiements, le Créneau Écoconstruction aimerait voir le projet prendre vie assez rapidement. « On est dedans, on est en discussion, dit Claire Sirois. Dans un monde idéal, on aimerait bien faire des annonces l’an prochain, sinon d’ici deux ans. »
Le retour du bois
Au fil des ans, le Créneau a réalisé d’autres projets qui ont servi les entreprises de la région. « Il m’a aidé à développer mes fiches techniques », raconte Louise Morin, contrôleuse aux Bardeaux Lajoie, un fabricant de bardeaux de cèdre basé à Saint-Eusèbe. Les fiches techniques décrivent les spécifications d’un produit : dimensions, calcul des quantités, installation, propriétés, distance de la source d’approvisionnement, traitement des résidus de production.
Rarement demandées par les grandes surfaces ou les consommateurs, ces fiches visent plutôt les professionnels. « Elles nous aident à commercialiser nos produits spécifiquement auprès des architectes », reconnaît Louise Morin.
Interrogée sur l’avenir de la construction durable, la contrôleuse se fait optimiste. « Ça fait 30 ans qu’on est dans l’industrie : à un moment donné, on a arrêté complètement de parler du bois. On voulait du plastique, se souvient-elle. La nouvelle génération retourne vers le vert. On veut prendre soin de notre planète. »