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Connecter, peu importe le médium

Kévin Deniau|Édition d'avril 2021

Connecter, peu importe le médium

L'absence des événements de réseautage depuis un an représente certainement un défi pour les recruteurs. (Photo: 123RF)

CHASSEURS DE TÊTE. Les derniers mois ont prouvé que le recrutement et l’embauche à distance étaient possibles. Mais quelles solutions de rechange les chasseurs de têtes ont-ils développées pour nouer des relations avec de nouveaux candidats potentiels ou même de futurs collègues?

Développer son carnet d’adresses quand les événements professionnels propices au réseautage, comme les 5 à 7 et les soirées d’entreprises, ont disparu des calendriers constitue certainement un défi. «Ça nous manque, en effet, constate Elisabeth Starenkyj, coprésidente et associée principale de La tête chercheuse. Mais nous nous sommes adaptés en concevant une stratégie de présence sur LinkedIn, qui est devenu un véritable lieu d’échange et de rayonnement pour nous.»

L’associée principale de l’agence de recrutement montréalaise souligne aussi le mouvement de solidarité créé par la pandémie. «Le réseau ne se crée plus dans un souper, mais autour d’une cause que l’on veut défendre», témoigne-t-elle, en mentionnant son implication dans le nouveau Regroupement des firmes de services professionnels indépendantes, lancé en mai dernier.

Une adaptation vécue aussi par d’autres joueurs de l’industrie du recrutement. «Je participais à quelques événements avant, même si je privilégie plutôt les dîners ou les rencontres individuelles quotidiennes avec mes clients», explique par exemple Olivier Cuilleret, cofondateur et associé de Fauve, spécialisé en attraction de talents. Une stratégie de tête-à-tête virtuel aussi choisie par Stéphane Dignard, président de Recrutement intégral.

De l’avis général, les événements en ligne n’offrent pas une solution intéressante aux événements en personne, du fait de l’absence de discussion possible en aparté entre participants. «Surtout en sachant qu’on est déjà bombardés de Zoom toute la journée», note Olivier Cuilleret.

 

Elisabeth Starenkyj, coprésidente et associée principale de La tête chercheuse (Photo: courtoisie)

La base est toujours présente

«Pour développer notre réseau de candidats, par contre, le passage au tout virtuel n’a pas changé grand-chose», atteste Elisabeth Starenkyj. En effet, le cliché du chasseur de têtes qui va aux événements pour garnir son carnet d’adresses de candidats potentiels est une représentation galvaudée de la profession, selon Xavier Thorens, président de Thorens Solutions. «Le réseautage pour des besoins de socialisation professionnelle va demeurer et reprendre après la pandémie, mais ce n’est pas ce qui nous permet ou non de faire notre travail, assure-t-il. Les bases de données, l’intelligence artificielle et notre réseau, si.»

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les contraintes sanitaires imposant des rencontres quasi intégralement en visioconférence semblent plutôt être une occasion pour les chasseurs de têtes. «Les candidats potentiels sont plus disponibles et maîtres de leurs horaires. De plus, nous gagnons du temps, car il n’y a pas de déplacement à prévoir, se réjouit Olivier Cuilleret. J’ai aussi l’impression qu’il est moins difficile d’obtenir des rendez-vous, car les candidats se sentent moins engagés que lorsqu’ils nous faisaient venir en personne chez eux.»

D’ailleurs, aussi étonnant que cela puisse paraître, après quelques mois d’arrêt, les chasseurs de têtes connaissent une activité débordante depuis l’été dernier. «Nous ne pensions pas que ce serait le cas, mais nous sommes occupés comme jamais en ce moment!» confie Xavier Thorens.

«Outre les secteurs du divertissement, de l’hôtellerie, de la restauration et du tourisme, qui ont été durement touchés, l’économie tourne encore bien et la pénurie de main-d’oeuvre reste accablante au Québec», explique l’associé de Fauve. «Compte tenu de la courbe démographique, la pandémie ne sera qu’une petite pause si on regarde la tendance des 20 prochaines années», renchérit le président de Thorens Solutions.

L’associée principale de La tête chercheuse mentionne également un autre élément conjoncturel de ce marché qu’elle qualifie de «chaotique»: «La pandémie a poussé beaucoup de gens à prendre leur retraite de manière anticipée, à remettre en question leurs aspirations dans la vie ou à vouloir changer d’emploi», rappelle Elisabeth Starenkyj. Ce qui a créé autant de postes à pourvoir.