L'open banking ne fait pas peur à Louis Vachon

Publié le 16/11/2018 à 14:30

L'open banking ne fait pas peur à Louis Vachon

Publié le 16/11/2018 à 14:30

Par Stéphane Rolland

Louis Vachon [Photo: Romeo Mocafico]

La Banque Nationale ne craint pas la concurrence que pourrait amener une adoption plus large du système bancaire ouvert (open banking) au Canada. Au contraire, l’institution financière montréalaise a déjà commencé à «embrasser» ce changement technologique, affirme Louis Vachon, son PDG, qui a parlé à Les Affaires en marge d’une conférence organisée par CFA Montréal récemment.

Pour certains clients qui donnent leur consentement (le consentement est un principe important du système de banque ouverte), les informations de leurs différents comptes au Canada et aux États-Unis sont agrégées en un seul endroit. Environ 3% de la clientèle de la Nationale au pays utilise cette offre, explique M. Vachon.

L’idée derrière le système bancaire ouvert est de permettre aux particuliers, qui y consentent, de partager leurs données bancaires avec d’autres entreprises de technologie financière (fintech), ce qui permettra à ces firmes de développer des produits et services novateurs. En septembre dernier, le ministre des Finances, Bill Morneau, a formé un comité consultatif qui devra lui fournir des conseils quant aux mérites du système bancaire ouvert.

M. Vachon s’attend à ce qu’Ottawa accorde une grande importance à la protection des données personnelles, ce qui écarterait les plus petites fintech du processus. «La question est de savoir jusqu’à quel point "ouvert" veut dire "ouvert"», a-t-il dit en marge de l’événement, où il a défendu notamment la pertinence de l’AMF. «Connaissant nos amis à Ottawa, je m’attends à ce que la barre soit assez haute à cet égard.»

Lire aussi : «L'AMF doit continuer d'exister», plaide Louis Vachon

C’est aussi l’avis de Brandon Dewitt, le directeur de la technologie chez MX, dans une entrevue que nous avons publié mercredi dernier. «La sécurité et la gouvernance doivent rester au sommet de la liste des préoccupations du gouvernement afin de créer un cadre réglementaire standardisé pour que les gens puissent avoir confiance dans le système», a dit l’expert dont la firme travaille avec plus de 1800 institutions financières à travers le monde pour développer des projets liés au système bancaire ouvert.

Une concurrence plus intense?

Les grandes banques canadiennes pourraient être les grandes perdantes d’un mouvement vers le système bancaire ouvert, selon un rapport de Moody’s Investors Service. L’augmentation de la concurrence qui s’en suivrait pourrait réduire la rentabilité du réseau de détail bancaire, qui profite d’un marché d’oligopole, toujours selon Moody’s Investors Service.

M. Vachon ne pense pas que la concurrence s’intensifiera davantage après l’intervention du fédéral. «Écoutez, ça va dépendre de la manière dont on approche cet enjeu, répond-il. Dans certaines juridictions, le système bancaire a été déployé pour vraiment élargir beaucoup plus la concurrence. Ce n’est pas le même contexte au Canada. Les consommateurs veulent plus de choix et de flexibilité, mais en même temps, le gouvernement veut protéger les citoyens par rapport à leurs données.»

Au Royaume-Uni, le gouvernement a imposé une législation plus contraignante pour les banques et plus flexible pour les consommateurs. En fait, si les clients le demandent, les grandes institutions financières n’ont pas le choix de partager leurs données avec une sélection de tiers préautorisée.

Outre le système bancaire ouvert, M. Vachon a relativisé la concurrence qu’amènent les fintech dans l’industrie bancaire. Il les voit davantage comme des partenaires. «Il y a quatre ou cinq ans, elles disaient que les banques étaient des dinosaures et que les fintech étaient les Uber de la finance. On attend encore», a-t-il dit lors de la présentation devant les membres de CFA Montréal.

L’année dernière, la Nationale a investi dans huit fintech. «C’est rare (de prendre une participation dans une entreprise), ce n’est pas notre métier, mais pour les fintech, c’est tellement stratégique qu’on l'a fait. »

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