Des lunettes bleues et non roses pour 2011. Photo : Bloomberg.

Les marchés d'actions du monde entier ont globalement conclu l'année 2010 à leur plus haut niveau depuis un peu plus de deux ans.

Ainsi, l'indice des Bourses mondiales a atteint aujourd’hui son plus haut niveau depuis septembre 2008, mois où la chute de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers avait provoqué un effondrement de l'ensemble des places financières. Sur l'année 2010, l'indice inscrit une progression de 10%.

Dans le cas de la Bourse de Toronto, la progression de l’indice S&P/TSX a été de 15% sur l’ensemble de l’année 2010, essentiellement grâce aux titres liés aux matières premières. En effet, Western Coal Corp a gagné en 2010 pas moins de 279%, à 12,34 dollars, Nevsun Resources 196%, à 7,4 dollars, Fronteer Gold 183%, à 11,70%.

Un exemple frappant : Baffinland Iron Mines, dont la direction a recommandé aujourd’hui-même à ses actionnaire d’accepter l’offre bonifiée quelques heures auparavant par ArcelorMittal. Le titre de Baffinland a ainsi progressé de 177%, à 1,44 dollar, sur l’ensemble de 2010.

Un chiffre est révélateur : en 2010, le dollar américain a perdu 4,5% par rapport à la devise canadienne, si bien que les deux monnaies ont fini l’année à la parité.

Tout n’est pas rose

«Si l’on regarde les rendements qui proviennent du Canada, le portrait n'est pas tout rose. Il n'y a qu'à étudier la répartition de l'origine de ces gains», note Gareth Watson, directeur, groupe de conseil, portefeuille de valeurs canadiennes, de Scotia Capitaux.

Le secteur des métaux de base est le grand vainqueur, avec une croissance de 45%. Ce bond est le reflet d'un gain de 28% du cours du cuivre, en raison de la forte demande des pays émergents, particulièrement la Chine, et du recul du dollar américain. (Tout affaiblissement du billet vert américain rend en effet les matières premières - évaluées en dollars américains - plus abordables aux yeux des acheteurs qui utilisent des devises étrangères.)

L'or a été une autre valeur sûre, son groupe d'actions s'appréciant de 27% en 2010. Le lingot a franchi le record des 1 400 dollars américains l'once en fin d'année, alors que les investisseurs étaient à la cherche d'un abri contre la détérioration des devises comme le dollar américain et l'euro. Bien entendu, les compagnies minières canadiennes en ont tiré profit.

Les titres du secteur financier ont réussi à dégager un gain moyen de 5% à la Bourse de Toronto. Ttrois banques - la Nationale, la Laurentienne et la Canadian Western Bank - ont haussé leur dividende. Les investisseurs s'attendent à ce que leurs consoeurs fassent de même en 2011.

Des revers en vue

Les gains de 2010 n'ont jamais été engrangés de façon linéaire, le marché canadien ayant connu sa part de revirements au printemps, à l'aube de la crise des dettes européennes, et pendant l'été, alors que les craintes de récession à double fond étaient à leur comble.

La volatilité est probablement ce qui caractérise le mieux les transactions de 2010. Les investisseurs ont été déçus par la lenteur de la reprise économique mondiale et consternés par l'ampleur des problèmes de dettes souveraines à travers le monde.

Pour ce qui est de la nouvelle année qui arrive, les marchés du monde entier devraient globalement continuer à être soumis à plusieurs des pressions qui les ont touchés en 2010, la planète continuant à se remettre de la récession qui a suivi le quasi-écroulement du système financier en septembre 2008.

«Un mouvement lent et difficile, c'est ce que nous avons vu cette année, c'est ce que nous verrons l'an prochain. Je crois que nous allons continuer à voir certaines des mêmes frustrations», a estimé Kate Warne, spécialiste des marchés canadiens chez Edward Jones à St. Louis.

«Les inquiétudes restent les mêmes, en général, mais la bonne nouvelle, c'est que nous avons une année de plus derrière nous et par conséquent, il devrait y avoir une hausse de la confiance, vu que nous continuons à progresser - par opposition à cette inquiétude constante de nous voir retomber dans les affres de la crise financière de quelque façon que ce soit», ajoute-t-elle.