Le «Grexit» est-il inévitable?

Publié le 16/06/2015 à 10:23

Le «Grexit» est-il inévitable?

Publié le 16/06/2015 à 10:23

Par Jean Gagnon

(Photo: Bloomberg)

On s’en approche de plus en plus. Mais la sortie de la Grèce de la zone euro, baptisée «Grexit», est-elle la solution?

Les négociations de la dernière chance entre la Grèce et ses créanciers permettant de débloquer les crédits pour lui éviter d’être en défaut de paiement sur sa dette à la fin du mois, ont achoppé le week-end dernier. Dès lors, la probabilité que cette impasse se termine par une sortie de la Grèce de la zone euro a augmenté d’un cran. Une rencontre des ministres des finances des pays européens prévue jeudi au Luxembourg pourrait déclencher le processus.

«Pas de doute que nous sommes en fin de neuvième manche», dit Hendrix Vachon, économiste principal et expert reconnu des questions concernant les monnaies et les marchés de change chez Desjardins.

Si cela devait se produire, la Grèce aurait-elle des chances d’en sortir gagnante? Bien difficile à dire, car cela impliquerait plusieurs actions importantes, dont le succès est actuellement difficile à évaluer, explique l’économiste.

Les enjeux

En quittant l’euro, la Grèce devra créer une nouvelle monnaie. Elle devra convertir sa dette dans cette nouvelle monnaie, ce qui ne sera certainement pas bien reçu de ses créanciers. Il lui faudra aussi se financer dans cette nouvelle monnaie, à défaut de quoi elle se financera en euro, mais on peut présumer que les taux d’intérêt seront exorbitants.

Actuellement, les obligations du gouvernement de la Grèce échéant dans 2 ans se négocient à un taux de rendement de 28%, souligne Paul-André Pinsonnault, économiste principal, revenu fixe, Financière Banque Nationale. «Mais parions qu’il se fait très peu de transactions», dit-il.

Il y a des enjeux des deux côtés, explique M. Vachon. Un défaut de paiement entrainera des pertes importantes surtout à la Troïka composée du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque centrale européenne (BCE) et de l’Union européenne. Ainsi qu’aux autres banques centrales et aux pays européens.

Pour les grecs, les coûts seront énormes. «Ils devront vivre avec une monnaie faible et volatile, subir des taux de financement très élevés et mettre en place des réformes qui pourraient être encore plus douloureuses que celles que voulaient leur imposer les créanciers», dit Hendrix Vachon.

Quant aux autres pays de la zone euro, ils risquent de voir leurs prêts ne pas être remboursés, et d’en garder un arrière-goût désagréable. «La solidarité entre les pays de la zone euro pourraient s’en voir nettement ébranlée», ajoute l’économiste de Desjardins.

Peut-on éviter un Grexit? Oui, mais cette fois-ci il faudrait s’assurer de renégocier correctement la dette de la Grèce, estime Paul-André Pinsonnault. «Pas étonnant que l’on se retrouve dans la situation actuelle, car l’allègement de la dette négociée en 2012 était nettement insuffisante pour que la Grèce puisse s’en sortir.»

La «dixième manche»

Est-ce que la rencontre de jeudi au Luxembourg déclenchera le processus du Grexit. «On risque plutôt de se retrouver en dixième manche», ironise Hendrix Vachon. Le plan de sauvetage de la Grèce porte sur plus de 200 milliards d’euro. On débat actuellement sur la possibilité de débloquer 7,2 milliards d’ici la fin du mois pour permettre à la Grèce de rencontrer ses obligations financières.

«On devrait pouvoir s’entendre sur ce point, mais il faudra éventuellement renégocier la dette», insiste M. Vachon.

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