L'onde de choc provoquée par le franc suisse se poursuit

Publié le 16/01/2015 à 07:47

L'onde de choc provoquée par le franc suisse se poursuit

Publié le 16/01/2015 à 07:47

Par AFP

Photo: Shutterstock

L'onde de choc provoquée par la décision surprise de la Suisse de laisser s'apprécier sa monnaie très convoitée frappe de plein fouet son économie et continuait vendredi à provoquer des vagues sur les marchés financiers.

La Bourse suisse a poursuivi son plongeon dès l'ouverture, perdant jusqu'à -5,78%, après avoir dévissé de -8,7% jeudi, un record de chute depuis 1988.

Jeudi, le franc suisse a gagné environ 20% par rapport aux autres monnaies. Il s'échange désormais autour de la parité avec l'euro, soit 1 euro = 1 franc suisse.

L'ensemble des milieux économiques du pays ont fait part de leur inquiétude après l'abandon d'une politique monétaire qui les mettait depuis plus de trois ans à l'abri d'une hausse du franc suisse au-delà du seuil de 1,20 CHF pour un euro.

Dans un communiqué, le patronat helvétique, regroupé dans l'association Economiesuisse indique que cette décision « a pris de court les marchés et les entreprises ». 

« Aux yeux de l'économie, cette mesure est incompréhensible au moment actuel », ajoutent les patrons suisses.

Economiesuisse prévoit dès à présent que des entreprises exportatrices et que le secteur du tourisme soient obligés de « réduire la voilure ».

La mesure continue aussi à susciter des remous sur les marchés des devises. Aux États-Unis, le grand courtier en ligne FXCM a annoncé ne plus pouvoir respecter les règles prudentielles parce que ses clients ruinés lui doivent 225 millions de dollars, tandis qu'en Grande-Bretagne, la maison de courtage Alpari UK s'est déclarée en cessation de paiement.

Secteur emblématique, l'industrie horlogère suisse voit le prix de ses montres bondir de 15% à 20% pour ses clients étrangers, alors que le Salon international de la Haute Horlogerie, qui accueille des milliers de revendeurs étrangers, va ouvrir ses portes lundi prochain à Genève.

La plupart des commandes des très grandes marques horlogères sont passées durant ce salon.

Vendredi, le patron d'une petite marque horlogère, H. Moser & Cie, installée au nord de la Suisse, à Neuhausen am Rheinfall, près de la frontière allemande, a publié une lettre ouverte au président de la BNS.

Dans cette lettre, il lui annonce que « les premiers détaillants » qui commercialisent ses montres, vendues à 95% à l'étranger, ont « annulé leur commandes suite à votre annonce ».

Cet entrepreneur, Edouard Meylan, ajoute également qu'il est tenté de délocaliser son entreprise en Allemagne, toute proche.

Vendredi matin, la grande banque suisse UBS a été la première à sabrer ses prévisions de croissances pour la Suisse en 2015, en raison de cette nouvelle donne financière.

L'UBS table désormais sur une croissance de 0,5% en 2015 (au lieu de 1,8% précédemment) et de 1,1% en 2016 (au lieu de 1,7%).

Selon Economiesuisse, le « tourisme d'achat », soit celui des Suisses qui traversent la frontière pour faire leurs courses et qui pénalisent les commerçants locaux, risque aussi de repartir de plus belle à la hausse.

La Suisse avait déjà connu une situation similaire à l'été 2011, en pleine crise financière mondiale. Le franc suisse à l'époque était très convoité, jouant à plein son rôle de valeur refuge.

Du coup, le franc suisse s'était également  envolé pour atteindre la parité avec l'euro.

Cet appétit international pour la monnaie helvétique avait poussé en septembre 2011 la Banque nationale suisse à adopter le taux plancher, empêchant que sa monnaie passe passe sous le seuil des 1,20 euro.

Pendant 3 ans et demi, la BNS a acheté conscieusement des euros quand trop de spéculateurs s'intéressaient au franc suisse et faisaient pression à la hausse. En presque 4 ans, ses réserves en euros ont ainsi été multipliées par 10.

Selon des experts, la situation devenait de plus en plus intenable pour la banque nationale, qui a préféré se couper la main, plutôt que de se couper le bras.

Le président de la Banque nationale, M. Thomas Jordan a d'ailleurs indiqué jeudi, lors d'une conférence de presse à Zurich que l'aggravation des disparités monétaires, qui ont conduit à l'abandon du taux plancher, « pourraient encore s'accentuer », laissant entendre que la mesure aurait pu avoir des effets beaucoup plus douloureux, si elle avait été prise après une mesure d'assouplissement monétaire attendue par la Banque centrale européenne le 22 janvier.

 

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