General Motors refuse de plier face à Donald Trump

Publié le 10/01/2017 à 14:29

General Motors refuse de plier face à Donald Trump

Publié le 10/01/2017 à 14:29

Par AFP

General Motors (GM) ne prévoit pas de modifier ses projets de production au Mexique malgré les attaques du président élu américain Donald Trump, a réitéré mardi sa PDG, Mary Barra.

«Notre stratégie a toujours été de produire là où nous vendons et cela n'a pas encore changé», a déclaré Mme Barra lors d'un point presse avec des journalistes au siège de GM à Detroit (nord, Michigan) où se tient depuis lundi la 29e édition du salon automobile.

«Quand vous regardez le nombre d'emplois que nous avons créés dans ce pays, je pense que notre voix sera entendue au moment où les politiques seront élaborées», a développé Mme Barra.

L'industrie automobile, notamment GM, Toyota et Ford, est la cible de Donald Trump élu sur la promesse de rapatrier les emplois manufacturiers aux Etats-Unis.

Ford et Toyota ont montré patte blanche en annonçant des investissements aux Etats-Unis et en renonçant, pour le premier, à construire une usine au Mexique.

GM, qui dispose de plusieurs sites industriels au Mexique dont trois usines d'assemblage - Silao, San Luis Potosi et Ramos Arizpe - n'a encore fait aucun geste.

Mardi, Mary Barra a expliqué qu'il était encore «trop tôt» pour évaluer l'impact sur GM d'une renégociation promise par Donald Trump de l'accord de libre-échange Aléna, associant les Etats-Unis, le Canada et le Mexique.

«Nous allons avoir une voix active quand les changements de politiques vont se faire», a assuré la patronne de GM, propriétaire des marques Chevrolet, Cadillac, Buick et GM.

Cadillac maintient ses projets pour un modèle fabriqué en Chine

Propriété de General Motors et icône de la voiture de luxe «Made in America», Cadillac maintient également son projet de vendre aux Etats-Unis un véhicule fabriqué en Chine, malgré l'offensive anti-délocalisation menée par Donald Trump.

Interrogé sur la question par l'AFP lors d'un entretien au salon automobile de Detroit (Michigan, nord), le PDG Johan de Nysschen a répondu par l'affirmative.

La CT6 hybride rechargeable est produite dans l'usine de Cadillac à Pudong Jinqiao, près de Shanghai. Elle va commencer à être commercialisée aux Etats-Unis au printemps, devenant le deuxième véhicule --après la Buick Envision-- fabriqué en Chine par une marque de General Motors et vendu sur le sol américain.

«La CT6 hybride a des composants américains mais pour des raisons économiques il faisait sens de la produire dans une seule usine vu le volume de production», explique M. de Nysschen.

Et de poursuivre: «La problématique était: soit nous ne la vendons pas du tout sur le marché américain soit nous l'importons aux Etats-Unis mais en petits volumes».

Surclassée aux Etats-Unis par les marques allemandes (BMW, Mercedes-benz et Audi) et le japonais Lexus, Cadillac a retrouvé une seconde jeunesse en Chine où la griffe séduit les classes aisées.

Le groupe y a vendu 89.530 voitures entre janvier et octobre, en forte hausse de 43% sur un an, contre 133.234 voitures aux Etats-Unis, en baisse de 5,6%.

En cas de guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, Cadillac prévoit d'arrêter d'importer la CT6 hybride.

«Cette voiture ne sera plus alors produite que pour le marché chinois», affirme Johan de Nysschen.

L'effet sur les ventes mondiales du groupe serait minime car la CT6 hybride est destinée à une clientèle de niche, en l'occurrence l'ouest du pays très sensible aux problématiques environnementales, et parce que les voitures «propres» ont représenté à peine 3% des 17,55 millions de véhicules vendus aux Etats-Unis en 2016.

M. Trump a menacé pendant la campagne électorale d'imposer des droits de douane prohibitifs de 45% sur les importations chinoises et d'inscrire la Chine sur la liste des manipulateurs de devises ce qui ouvrirait la porte à des sanctions commerciales .

«S'il y a une guerre commerciale, bien évidemment que cela va perturber notre activité» prévient Johan de Nysschen.

Un nouveau plan d'économie chez GM

Optimiste, General Motors anticipe par ailleurs de solides ventes de voitures, ce qui l'a conduit a relevé mardi ses prévisions 2017 et a annoncé un nouveau plan d'économies d'un milliard de dollars.

Cet optimisme est dû à «une solide performance attendue en Amérique du nord et à la Chine», les deux premiers marchés automobiles au monde, a expliqué la PDG Mary Barra, au cours d'un point presse avec des journalistes.

La marge opérationnelle en Amérique du nord devrait tourner aux alentours de 10%, ce qui est conséquent dans une industrie où les marges tournent autour de 5 à 7% pour les producteurs de masse. GM doit annoncer ses résultats annuels 2016 le 7 février.

Le constructeur tire profit de l'intérêt des consommateurs américains pour les gros 4x4 de ville, les camionnettes à plateau et les crossovers dont la demande a explosé en raison de bas prix de l'essence à la pompe.

La stabilisation des ventes de voitures en Amérique du sud et les réductions de coûts vont également doper la rentabilité.

GM entend réduire ses frais généraux, tailler dans la logistique et dans la production de voitures mais ne dit pas si ces coupes vont s'accompagner de suppressions d'emplois ou de chômage technique.

Le géant de Detroit, qui veut économiser en tout 6,5 milliards de dollars d'ici 2018, n'exclut pas de prendre des mesures d'austérité en Europe, en raison de l'impact de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (Brexit), a expliqué la PDG Mary Barra.

L'objectif d'être rentable sur une année entière sur le Vieux Continent en 2016, ce qui serait une première depuis 16 ans, est "à risque", a ajouté la dirigeante.

En octobre, GM avait prévenu que le Brexit pourrait impacter ses résultats de l'ordre de 400 millions de dollars au second semestre, principalement du fait de la dépréciation de la livre britannique face au dollar.

Le constructeur produit et vend en Grande-Bretagne les modèles Opel sous la marque Vauxhall avec des usines d'assemblage à Ellesmere (nord) et à Luton (nord de Londres).

Le groupe aux quatre marques (Chevrolet, Cadillac, Buick et GMC) anticipe également une "solide" performance en 2017 et se veut optimiste pour ses activités liées à la mobilité (Maven) et ses investissements dans la plateforme d'auto-partage Lyft.

Ces dernières activités et les services financiers devraient dégager ensemble un bénéfice opérationnel de 2 milliards de dollars à l'horizon 2018, ce qui confirme la montée en puissance des services de mobilité destinés aux populations urbaines.

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