La Banque du Canada a prévenu lundi qu'elle surveillait de près l'endettement des Canadiens, et elle a une fois de plus demandé aux ménages et aux banques du pays d'agir de façon responsable en ce qui a trait aux prêts.

À l'occasion de son premier discours prononcé à titre de sous-gouverneure de la Banque du Canada, Agathe Côté a affirmé devant le Canadian Club de Kingston, en Ontario, que le contrôle de la dette des ménages constituait un facteur clé de la reprise économique.

« La solidité de la situation financière des ménages est essentielle à une économie équilibrée », a-t-elle déclaré.

« Elle est essentielle au maintien de la progression des dépenses de ceux-ci et de la croissance économique globale sur une trajectoire viable ainsi qu'à la préservation de la stabilité de notre système financier », a-t-elle ajouté.

Mme Côté a dit craindre qu'en cas de choc ou de hausse des taux d'intérêt, les Canadiens aux prises avec de lourdes dettes doivent réduire leurs dépenses dans d'autres secteurs.

Il s'agit là d'un problème pour l'économie, les dépenses des ménages représentant environ 60 pour cent de la demande globale au pays.

Mme Côté a reconnu que les faibles taux d'intérêt, en partie imputables à la politique appliquée par la Banque du Canada, expliquaient plus que tout autre facteur la hausse de l'endettement des Canadiens à des niveaux sans précédent, même en cette période d'incertitude économique.

Elle a toutefois expliqué que la principale responsabilité de la banque centrale était de ne pas perdre de vue l'atteinte de son objectif en matière d'inflation, et non pas de s'attarder à des phénomènes passagers, bien qu'elle ait laissé entendre que cela pourrait changer à l'avenir.

Face à la menace des emprunts excessifs, Mme Côté préconise un comportement plus responsable, tant de la part des emprunteurs que des prêteurs. Elle a toutefois indiqué que le gouvernement pourrait intervenir afin de limiter le crédit, comme elle l'a fait à deux reprises lors des deux dernières années.

La banque centrale lance des mises en garde au sujet des emprunts des Canadiens depuis environ un an, sans vraiment que cela ait changé quoi que ce soit. En fait, la situation s'est même empirée.

Selon des données rendues publiques l'automne dernier, la dette des ménages canadiens a atteint un niveau record de 148 pour cent du revenu disponible au troisième trimestre. Ce niveau est supérieur à celui enregistré aux États-Unis.

« Outre les bas taux d'intérêt, la hausse des prix du logement et les extractions de liquidité sur la valeur nette des maisons ont joué un rôle dans la croissance du crédit ces dernières années, ce qui a contribué à faire augmenter les dépenses des ménages », a expliqué Mme Côté.

Le volume des lignes de crédit et des prêts garantis par l'avoir propre foncier a augmenté de 170 pour cent au cours de la dernière décennie, soit près de deux fois plus rapidement que la dette hypothécaire, a-t-elle dit.