[Photo : Bloomberg]

Après des années de rude bataille, la réforme du système de santé américain de Barack Obama, destinée à offrir dès janvier une couverture maladie subventionnée à des millions d'Américains, se concrétise mardi avec l'ouverture en ligne des demandes.

Cette loi, adoptée en 2010, est au coeur du bras de fer budgétaire avec la majorité républicaine de la Chambre des représentants, qui y est fermement opposée.

Cette dernière a réclamé, en vain, un report de la mise en place de ce texte connu sous le nom d'« Obamacare », dont elle avait fait une condition sine qua non pour conclure un accord sur le budget fédéral. L'impasse des discussions a provoqué la paralysie partielle des administrations fédérales depuis mardi matin.

« La loi sur l'assurance médicale abordable (Affordable Care Act) va de l'avant, son financement est déjà en place et vous ne pouvez pas l'interrompre », avait lancé lundi à l'adresse des républicains le président Barack Obama.

Plus de 50 millions d'Américains n'ont pas de couverture médicale indiquent des chiffres de 2010 du Bureau du recensement.

Sur ce nombre, de 30 à 33 millions d'Américains bénéficieront du nouveau programme d'assurance maladie d'ici 2016, laissant 26 à 27 millions de personnes sans couverture, selon une estimation du Bureau du budget du Congrès (CBO), un organisme bipartite.

Le programme comprend la création de nouveaux marchés d'assurance maladie par le gouvernement fédéral dans 36 Etats, qui offrent un choix de couverture bénéficiant du jeu de la concurrence.

« Aujourd'hui avec le lancement de ce programme commence un jour nouveau où la couverture médicale sera plus accessible et abordable comme jamais auparavant », a souligné mardi la ministre de la Santé Kathleen Sebelius, sur le site internet du ministère.

site saturé dans l'Etat de New York

Selon un rapport de l'administration Obama, la deuxième assurance meilleur marché couvrant 70% des coûts médicaux d'un assuré typique se montera à 328 dollars mensuel par personne. Pour une famille de quatre, avec un revenu annuel de 50 000 dollars, la prime mensuelle variera en moyenne de 600 dollars en Arizona (sud-ouest) à 1 069 dollars dans le Mississippi (sud).

Mais, point central de la loi Obama, la plupart des personnes souscrivant à ces assurances pourront bénéficier de subventions sous forme de crédit d'impôt.

Le président Obama a assuré mardi que la plupart des personnes devraient pouvoir obtenir une couverture médicale pour moins de cent dollars par mois.

« Aujourd'hui commence une intense campagne de six mois d'enregistrement et de formation du public sur ces marchés d'assurance maladie », a souligné mardi sur le site du ministère de la Santé (Heath and Human Services), Marylin Tavenner, directrice des centres des services de Medicare et Medicaid, les programmes de couverture médicale des retraités et des pauvres, lancés en 1965.

Le premier jour d'enregistrement a entraîné la saturation de nombreux sites.

« Le lancement de l'Obamacare ressemble pour le moment à un énorme embouteillage automobile au premier jour des vacances d'été', écrit sur son site Jeff Kagan, un analyste du secteur des nouvelles technologies. "Un grand nombre qui essaie d'entrer sur le site du programme n'y parvient pas".

Dans l'Etat de New York où le site, saturé, a reçu deux millions de visites dans les deux premières heures d'ouverture, les responsables "encouragent" les utilisateurs à réessayer plus tard, quand les problèmes techniques seront résolus.

Le président Obama a quant à lui promis lors d'une intervention à la Maison Blanche mardi que le fonctionnement du site devrait s'améliorer dans le courant de la journée, attribuant les problèmes d'accès au fait que plus d'1 million de personnes l'avaient déjà visité avant 7H00 du matin (11H00 GMT).

"Il y avait ce matin cinq fois plus de demandeurs sur ce marché (d'assurance maladie, ndlr) qu'il n'y en a jamais eu simultanément sur le Medicare, ce qui vous donne une idée de l'importance de ce programme", a souligné le président.

"Nous allons accélérer les choses dans les prochaines heures pour faire face à cette demande, qui dépasse tout ce que nous attendions", a-t-il promis.