Curieuse erreur: Alcoa parle effectivement d'amener un siège social au Québec

Publié le 11/08/2016 à 21:57

Curieuse erreur: Alcoa parle effectivement d'amener un siège social au Québec

Publié le 11/08/2016 à 21:57

Par François Normand

La multinationale américaine Alcoa (New York, AA) pourrait transférer le siège social de sa division Groupe Produits primaires situé à Genève dans une autre ville. Montréal fait partie des villes potentielles, nous a-t-on confirmé, après un curieux quiproquo.

Un porte-parole du géant de l’aluminium au siège social d’Alcoa à New York, Jim Beck, a d'abord indiqué que Montréal était en voie d'obtenir un nouveau siège social, puis a, plus tard, indiqué que la métropole québécoise était «une option» parmi d’autres villes qu’il n’a pas voulu nommer.

Nous l’avons contacté ce jeudi après-midi après la publication d’un tweet du chef de la Coalition avenir Québec, François Legault. Il avait visité en matinée l’aluminerie d’Alcoa à Deschambault avec Martin Brière, président du Groupe Produits primaires.

Dans ce message il écrit :

«Ce matin, j'ai visité l'usine d'Alcoa à Deschambault qui compte 500 employés avec le Président - Alumineries, Martin Brière.

1. La direction américaine d'Alcoa est ouverte à déménager son siège social de New-York vers le Québec.

Ce serait extraordinaire, après avoir perdu le siège social d'Alcan, que le Québec récupère le siège social d'Alcoa!

2. La direction d’Alcoa a un projet de 1 milliard $ qui pourrait créer 250 emplois au Québec.»

Joint par le journal, François Legault a refusé de commenter sa déclaration sur Twitter. Alcoa Canada n’a pas non plus répondu à notre courriel.

La situation est pour le moins curieuse.

Au moment de notre premier appel à New York, le porte-parole d’Alcoa aux États-Unis a d’abord indiqué que la multinationale avait choisi Montréal pour y installer le siège social de la division du Groupe Produits primaires situé en Suisse – et non aux États-Unis.

Mais près d’une heure plus tard, Jim Beck nous a contacté pour nous dire qu’il y avait eu une erreur de communication et qu’aucune décision n’avait encore été prise à ce sujet.

Quant au projet de 1 G$ pour créer 250 emplois au Québec évoqué par François Legault, la direction d’Alcoa aux États-Unis souligne dans un courriel qu'elle nous a fait parvenir qu’aucune décision n’a été prise.

«Avec de bonnes conditions de marché, nous pourrions voir une occasion d’investir davantage au Canada, mais nous n’avons pas de plan à cet effet en ce moment», écrit la multinationale.

Cette réflexion d’Alcoa à propos de la localisation du siège social de sa division Groupe Produits primaires survient trois mois après qu’elle eut indiqué au gouvernement du Québec qu’elle souhaitait renégocier son entente pour son aluminerie de Bécancour.

Dans une entrevue accordée à La Presse canadienne en mai, le président du Groupe Produits primaires, Roy Harvey, a soutenu que c'est à cet endroit que la facture énergétique était actuellement la plus élevée au Canada.

En 2013, Alcoa avait menacé de quitter le Québec. La multinationale américaine avait finalement conclu une nouvelle entente d'approvisionnement avec Hydro-Québec jusqu'en 2030 pour ses alumineries de Bécancour, Deschambault et Baie Comeau.

Depuis l'entente, le prix de l'aluminium a encore reculé sur les marchés, notamment en raison d'une importante augmentation de la production chinoise.

En mai, Québec a fermé la porte à une nouvelle baisse des tarifs d'électricité pour Alcoa, à moins que la multinationale ne lui présente un nouveau projet structurant pour l'économie du Québec.

Est-ce ce projet de 1 milliard de dollar évoqué par François Legault ou la possibilité qu’Alcoa déménage le siège social de la division Groupe Produits primaires à Montréal?

Le porte-parole d’Alcoa a refusé de dire s’il y avait des discussions en cours à ce sujet actuellement avec le gouvernement du Québec.

Il s’est contenté de dire que l’énergie représentait environ le tiers des coûts pour exploiter une aluminerie, et que les prix de l’énergie était un facteur de localisation important pour les producteurs d’aluminium.

Il a été impossible d’obtenir des commentaires du gouvernement ce jeudi soir.

Cette histoire survient aussi dans un contexte où l'industrie nord-américaine de l'aluminium pâtit de la chute des prix.

Aux États-Unis, on assiste à une véritable hécatombe. Alcoa n’exploite plus que deux alumineries. Au Québec, les producteurs résistent à la tempête, mais ils ont de la difficulté à demeurer rentables.

Plus inquiétant encore, depuis 40 ans, la production d'aluminium migre des pays développés vers des économies émergentes (Chine, Brésil, Russie, Moyen-Orient, Inde, etc.), souligne une étude publiée en 2013 par l'International Aluminium Institute (IAI, «The Global Aluminium Industry : 40 years from 1972»).

 

 

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