Chine: les petits investisseurs découragés par la chute boursière

Publié le 08/07/2015 à 06:31

Chine: les petits investisseurs découragés par la chute boursière

Publié le 08/07/2015 à 06:31

Par AFP

Photo: Bloomberg

Après une année d'euphorie, c'est la douche froide pour les investisseurs particuliers chinois, qui voient désormais les Bourses locales décrocher violemment: Gu Yongbiao, sexagénaire shanghaïen, dit avoir déjà perdu l'équivalent de 1 million de dollars canadiens et pas mal de ses illusions.

«Les entreprises et les institutions nous ont pris tout notre argent. Ce sont nous, les investisseurs individuels, qui payons l'addition!», se désole M. Gu, rencontré par l'AFP dans un bureau de courtage à Shanghai.

Autour de lui, des dizaines d'autres sexagénaires examinent dans un silence consterné les écrans où s'affichent les cours des actions.

Le vert domine: ce qui signifie en Chine un recul du titre, tandis que la couleur rouge traduit une hausse.

Depuis le 12 juin, la Bourse de Shanghai a dégringolé d'environ 30% et M. Gu a vu fondre les deux tiers de la valeur de son portefeuille -- soit à le croire quelque 5 millions de yuans --.

Pour des dizaines de millions d'investisseurs individuels et petits porteurs, l'atterrissage est brutal après une prodigieuse envolée de 150% en seulement douze mois.

Gu Yongbiao s'était mis à boursicoter il y a deux décennies après son licenciement par une entreprise d'État.

«À Shanghai, presque chaque famille compte au moins un membre qui investit en Bourse. Du coup, les turbulences nous affectent énormément», assure-t-il.

Au grand dam de M. Gu et de ses amis, les séances se suivent et se ressemblent: après un éphémère rebond lundi, Shanghai a de nouveau trébuché mardi (-1,29%) tandis que Shenzhen plongeait de plus de 5%, et ce en dépit des mesures d'urgence des autorités.

Piégé par le marché

«Tout ce que je possède est placé en Bourse, et je vois mes titres plonger invariablement de 10% (la limite maximale autorisée) chaque jour», soupire Gu Yongbiao, vêtu d'un polo rose.

Il était certes conscient des risques potentiels, et du fait que la plupart des entreprises cotées étaient largement survalorisées par rapport à leurs piètres performances économiques.

Mais il n'a pu résister à la tentation de profits faciles: «J'ai été piégé», soupire-t-il. 

Il est loin d'être le seul: signe de l'enthousiasme du grand public, il s'ouvrait en mai en Chine jusqu'à 4 millions de nouveaux comptes de transactions boursières chaque semaine. 

Dans un pays où les mouvements de capitaux sont restreints, où les taux d'intérêt rémunérant les dépôts bancaires restent maigrelets et où l'immobilier fléchit après des années de surchauffe, les Bourses se sont imposées comme l'un des rares placements attractifs pour les épargnants.

Sur 90 millions d'investisseurs en Bourse en Chine, plus de 99% sont des particuliers, selon un régulateur.

Beaucoup se sont endettés auprès de maisons de courtage -- via des « opérations sur marge » -- pour acheter des actions. Un effet de levier qui a alimenté l'envolée des marchés, mais qui désormais démultiplie leurs pertes.

Quand rien ne rassure

De l'avis des analystes, si le gouvernement a promptement réagi pour tenter d'enrayer le récent plongeon des Bourses, c'est précisément pour désamorcer la colère dans la masse des petits investisseurs.

Dans ce même bureau de courtage shanghaïen, Xiang Bailing, 74 ans, ne mâche pas ses mots sur l'incompétence supposée de Xiao Gang, président de la Commission chinoise de régulation des marchés financiers (CSRC), dont il exige la démission.

«Il y a avait une surabondance de titres disponibles sur le marché, et ils continuaient pourtant d'approuver des dizaines d'introductions en Bourse à marche forcée», fustige-t-il. Il n'a plus confiance dans les autorités.

Dans un geste d'apaisement, la CSRC s'est engagée à suspendre pour le moment toute nouvelle cotation. Et 21 maisons de courtage ont promis d'investir au moins 19 milliards de dollars en Bourse.

Pourtant, aucune de ces annonces ne semblait rassurer les investisseurs et stabiliser les marchés: la sévère correction se poursuivait dans un climat de défiance générale.

L'épisode traduit le manque cruel en Chine d'une classe établie d'investisseurs institutionnels s'imposant comme actionnaires de long terme, en contrepoids aux petits porteurs fluctuant au gré des turbulences du marché.

Un certain M. Wang se voulait cependant optimiste: « Je suis convaincu que le pays et les marchés vont monter à nouveau ».

Après tout, malgré la récente débâcle, la Bourse shanghaïenne reste en hausse de 81% sur un an.

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