Bombardier: «mauvaise job» bien corrigée selon Québec et Ottawa

Publié le 03/04/2017 à 09:52, mis à jour le 03/04/2017 à 13:24

Bombardier: «mauvaise job» bien corrigée selon Québec et Ottawa

Publié le 03/04/2017 à 09:52, mis à jour le 03/04/2017 à 13:24

Le grand patron de Bombardier (Tor., BBD.B) a reconnu que l'entreprise avait fait une «mauvaise job». Les gouvernements de Québec et d'Ottawa estiment quant à eux que la direction a répondu aux critiques de la population entourant l'augmentation salariale en décidant de la retarder jusqu'en 2020.

En marge du coup d'envoi de la Semaine internationale de l'aérospatiale, lundi, à Montréal, les deux ordres de gouvernement ont estimé que Bombardier avait répondu aux critiques de la population entourant les salaires de ses patrons en décidant de retarder d'un an –jusqu'en 2020– une partie de leur rémunération pour l'année 2016.

Les dirigeants politiques n'ont toutefois pas voulu dire si le constructeur d'avions et de trains devrait aller encore plus loin pour calmer la grogne. Au cours d'une mêlée de presse, la ministre de l'Économie, Dominique Anglade, a affirmé que Bombardier avait «besoin d'entendre ce que la population avait à dire», ajoutant que la proposition annoncée la veille par l'entreprise reflétait «cette compréhension».

Celle-ci n'a pas voulu dire si elle était à l'aise de voir les dirigeants de la société conserver leurs primes de rendement en argent alors qu'elle a affiché une perte nette de 981 millions $ US l'an dernier et que ses revenus ont reculé.

De son côté le ministre fédéral de l'Innovation, Navdeep Bains, a estimé que l'avionneur avait commencé à prendre des moyens pour calmer la grogne.

Au terme d'une tempête médiatique de plusieurs jours, Bombardier semble avoir compris cette frustration, a-t-il expliqué au cours d'une mêlée de presse. Le ministre a indiqué que l'entreprise devait adopter une «approche différente», sans aller jusqu'à dire qu'elle devait en faire davantage.

Plusieurs ont fait part de leur indignation en raison du montant global qui tient compte des primes, de la rémunération en actions et de la valeur du régime de retraite de 32,6 millions $ US, en hausse de 50 pour cent sur un an, octroyé aux six plus hauts dirigeants. Ce montant était jugé indécent, alors que Québec a injecté 1,3 milliard $ dans la CSeries et que le gouvernement Trudeau vient de consentir un prêt de 372,5 millions $. D'ici la fin de 2018, Bombardier devrait en plus avoir éliminé quelque 14 500 postes à travers le monde.

Samedi, le président du Comité des ressources humaines et de la rémunération de l’entreprise avait pourtant adressé une lettre ouverte intitulée «La compensation est entièrement conçue pour créer de la valeur». Il livrait un plaidoyer en faveur de pratiques salariales «saines» avec 5 arguments pour justifier l'envolée des rémunérations.

Les initiés de Bombardier ne partagaient pas tous cette analyse puisque, sur fond d'appel à la révolte des actionnaires, Pierre Beaudoin, le président du conseil d'administration, avait renoncé vendredi soir à son augmentation. Le conseil lui avait alloué 6,8 millions de dollars (+36%).

Le grand patron de Bombardier, Alain Bellemare, a reconnu que l'entreprise avait fait une «mauvaise job» à la suite de la controverse, mais croit néanmoins que le lien de confiance avec les Québécois n'a pas été brisé.

«Nous avons sous-estimé la réaction de la population et mal expliqué la rémunération, a affirmé M. Bellemare, au cours d'une entrevue téléphonique avec La Presse canadienne, dimanche soir. Je pense que les gens ont compris, ou que nous avons laissé sous-entendre, que nous allions toucher ces montants immédiatement.»

Le PQ maintient sa motion

Malgré le report annoncé par la direction de Bombardier, l'opposition péquiste maintient la pression et déposera mardi comme prévu sa motion visant à faire annuler ces hausses. Soulignant que l'entreprise est «un fleuron de l'industrie québécoise», la motion indique que «l'importante aide financière de l'État à l'entreprise aurait dû limiter l'octroi de bonis aux dirigeants».

Elle demande à tous les dirigeants de Bombardier de renoncer à l'augmentation de leur rémunération et invite le premier ministre Philippe Couillard à faire «une demande formelle en ce sens à la direction de l'entreprise».

Le Parti québécois dit déjà avoir l'appui de la Coalition avenir Québec et de Québec solidaire.

«On s'est fait un peu rouler dans la farine», a dit le député péquiste Pascal Bérubé, lundi matin. «Moi je vais rappeler qu'on a perdu des milliers d'emplois, que l'action est descendue de façon considérable, que l'entreprise était près de la faillite. C'est comme si quelqu'un nous demandait de l'argent pour son loyer et son épicerie, puis il décidait de partir sur la rumba en augmentant ses conditions personnelles», a t-il ajouté.

«Pour en débattre, ça prend l'approbation du gouvernement, alors j'ai hâte de voir la réponse. Mon homologue Jean-Marc Fournier était à la manifestation hier. S'il est si préoccupé par la grogne des Québécois et l'augmentation de salaires des cadres de Bombardier, il va dire à ses troupes de l'approuver. Il y a un test demain, un test sur la capacité de l'Assemblée nationale de parler d'une seule voix dans un enjeu qui touche pour vrai les Québécois», a dit M. Bérubé.

Flexibilité

Pour sa part, l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA) a «accueilli favorablement» le geste «d'ouverture et de flexibilité» fait par Bombardier.

Son coordonnateur québécois, David Chartrand, a toutefois souligné que les événements des derniers jours rappelaient que le gouvernement Couillard n'avait pas pris soin d'aménager des clauses spécifiques avant d'aider l'avionneur en investissant dans la CSeries.

 

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