Recul du pétrole: un grand changement structurel

Publié le 09/01/2015 à 11:29

Recul du pétrole: un grand changement structurel

Publié le 09/01/2015 à 11:29

Par Jean Gagnon

(Photo: Bloomberg)

Parfois un événement revêt une telle importance, qu’on le qualifie, pardonnez-moi l’expression, de «game-changer». Un événement qui va tellement changer la donne que le monde ne sera plus pareil par la suite. Du moins, pendant un certain temps.

La baisse du prix du pétrole risque aujourd’hui d’être un de ces événements qui pourrait très bien changer de façon significative la scène économique mondiale. «Le prix du pétrole, c’est la grosse histoire de 2015. Il s’agit d’un choc qui ne se produit qu’une fois par génération», dit Kenneth Rogoff, professeur d’économie à l’Université Harvard, en entrevue avec l’agence Bloomberg.

«Il s’agit d’un changement structurel majeur que l’on se doit de respecter», dit Stéfane Marion, économiste en chef à la Financière Banque Nationale. «Le fait de couper en deux le prix du pétrole a le potentiel de déstabiliser plusieurs pays et de modifier substantiellement certaines politiques économiques et sociales», ajoute-il.

Selon Oxford Economics Ltd, un prix du pétrole à 40 $ gonflera le PIB des Philippines de près de 2% au cours des deux prochaines années et fera baisser celui de l’Arabie saoudite et de la Russie de près de 4%. Pour la plupart des pays, l’impact sera positif. Les États-Unis, la France et le Royaume-Uni verront leur PIB augmenter de 0,5% et plus. Au Canada, le gain sera d’environ 0,3%.

De la part de l’Arabie Saoudite, il s’agit d’un changement d’attitude assez incroyable, opine Stéfane Marion. Alors que durant longtemps on les a vu protéger le prix, voilà que maintenant, les saoudiens semblent plutôt déterminés à éliminer la nouvelle production.

À moyen terme, l’offre devrait diminuer. Sur le marché des obligations à rendement élevé, le coût de financement des entreprises pétrolières aux États-Unis a doublé à cause de l’incertitude entourant le secteur en même temps que les revenus fondent de moitié à cause de la baisse du prix. Plusieurs ne tiendront pas le coup.

Le secteur a encaissé beaucoup de mauvaises nouvelles, estime M. Marion. Les titres des compagnies canadiennes ont beaucoup reculé en bourse. Le sous-indice de l’énergie du S&P/TSX a dévissé de 16,6 % au cours du quatrième trimestre de 2014.

Pour les investisseurs, le moment semble opportun de sur-pondérer quelque peu ce secteur, croit l’économiste. L’offre devrait se rajuster assez rapidement, et qui sait, peut-être que la demande pourrait surprendre en 2015.

Et que dire du secteur automobile. La crise pétrolière de la fin des années 70 avait bouleversé l’industrie automobile. Le changement structurel que nous vivons pourrait de nouveau changer la donne. Selon Ward’s Automotive Group, les ventes de camions consommant beaucoup d'essence ont excédé celles des plus petites automobiles par la plus forte marge depuis 2005 durant le mois de décembre, peut-on lire sur Bloomberg. L'agence n'a toutefois pas précisé quelle était l'ampleur de l'écart.

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