Rogers: le changement de la garde suscite de nouvelles attentes

Publié le 17/10/2016 à 10:23

Rogers: le changement de la garde suscite de nouvelles attentes

Publié le 17/10/2016 à 10:23

Par Dominique Beauchamp

(Photo: Bloomberg)

Coup de théâtre chez Rogers Communications (Tor., RCI.B,55,42$) qui profite de bons résultats financiers au troisième trimestre pour annoncer le départ surprise de son chef de la direction, Guy Laurence, et le recrutement tout aussi inattendu de l’ex-président de Telus (Tor.,T,42,59$), Joe Natale.

Autre source d’étonnement: Rogers doit nommer un président par intérim, l’actuel président du conseil et ami de la famille Rogers, Alan Horn, puisque M. Laurence quitte immédiatement son poste alors que M. Natale doit atteindre l’expiration d’une clause de non concurrence, en juillet 2017, avant de joindre Rogers, note Aravinda Galappatthige, de Canaccord Genuity.

M. Natale avait lui-même quitté la présidence Telus de façon inattendue en août 2015, un départ que bien des anaystes s'expliquaient mal.

L’ex-président britannique de Vodafone UK, M. Laurence aura dirigé Rogers moins de trois ans, pendant lesquelles il donné un sérieux coup de barre.

Son départ est soudain puisque M. Laurence venait d’obtenir sa citoyenneté canadienne et avait vanté sa nouvelle vie à Toronto dans un discours il y a un mois.

De plus, Edward Rogers, vice-président du conseil de la société que sa famille contrôle, s’est contenté de dire «nous remercions Guy pour le leadership qu’il a exercé ces trois dernières années», dans un communiqué.

Rogers assure aussi que la transition n’aura aucun effet sur ses activités quotidiennes.

Chez Telus, où M. Natale était perçu comme le dauphin du président du conseil Darren Entwistle, on le considérait comme l’un des architectes de l’expérience client de Telus, qui se targue du plus taux de désabonnement parmi les fournisseurs sans-fil au pays.

«L’attention qu’il porte à l’expérience client et les résultats d’exploitation probants qu’on lui reconnaît font de lui le candidat tout désigné pour aider Rogers à surmonter les défis et profiter des occasions qui se présentent à elle», a d'ailleurs affirmé M. Horn.

Ce n’est pas la première fois que les géants des télécommunications maraudent chez leurs rivaux. En 2005, Bell Canada avait recruté George Cope à sa présidence, alors qu’il dirigeait Telus Mobilité.

Bénéfice du doute et spéculation

Avant l’appel-conférence de Rogers, deux analystes sont partagés concernant le changement de la garde soudain. Ils semblent toutefois prêts à donner le bénéfice du doute à la société en raison des compétences de M. Natale.

Le départ immédiat de M. Laurence et l’attente de M. Natale fait en effet craindre des conflits internes concernant la future stratégie de Rogers.

«La première réaction des investisseurs à un départ aussi soudain risque d’être négative parce que Rogers semblait avoir regagné une pente ascendante comme en témoigne le rebond de 16% de son action depuis un an», écrit M. Galappatthige

En revanche, le changement de la garde ouvre la spéculation concernant la possibilité que Rogers se restructure ou essaime des divisions, ajoute l’analyste de Canaccord Genuity.

L’analyste ne touche pas à son cours cible de 58$ pour Rogers ni à sa recommandation «conserver».

«M. Laurence a réussi à ré-énergiser et à repositionner Rogers pour l’avenir. De cet angle, son départ est négatif. Toutefois, M. Natale arrive avec beaucoup de crédibilité», indique Maher Yaghi, de Marché des capitaux Desjardins.

Un troisième trimestre solide

Bien que le bénéfice de Rogers ait chuté de moitié à 0,43$ par action en raison de la dévaluation récente du service de télévision en continu Shomi, la société a surpassé plusieurs prévisions, au troisième trimestre.

Rogers a notamment attiré 114 000 nouveaux clients au service post-payé sans fil, soit 65% de plus que le consensus de 69 000. Il s'agit des plus importants ajouts de clients depuis 2010.

Le nombre d’abonnés Internet a atteint 39 000, soit 69% de plus que prévu et les plus important ajouts depuis 2011.

Ses revenus mensuels moyens par abonné ont aussi augmenté de 2,1% à 62,30$.

Malgré la hausse du coût d’acquisition des clients le bénéfice d’exploitation du service sans fil a crû de 1%, à 884 millions de dollars (M$). Les flux de trésorerie de 598M$ ont aussi atteint la cible.

Les réductions de coûts ont aussi nourri une amélioration de 4% du bénéfice d’exploitation du câble à 431M$.

Les revenus totaux ont bondi de 12,7% en partie grâce à la chaîne de sports Sportsnet et à l’équipe de baseball Blue Jays.

À en juger par la hausse de 3% de l'action de Rogers à l'ouverture lundi, il faut croire que les investisseurs sont plus intéressés par une restructuration potentielle que déçus du départ de M. Laurence. 

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