Bourse : petite société deviendra grande


Édition du 04 Juin 2016

Bourse : petite société deviendra grande


Édition du 04 Juin 2016

Les petites capitalisations boursières passent souvent sous l'écran radar des investisseurs. Elles sont trop jeunes pour attirer le regard des analystes financiers et des publications spécialisées, qui demandent plus d'antécédents avant de les recommander à leur auditoire. Certaines sont pourtant les géants de demain. Quatre gestionnaires de portefeuille chevronnés ont accepté de nous dévoiler les entreprises qu'ils jugent les plus prometteuses.

Les choix de Christian Cyr, vice-président et gestionnaire de portefeuille principal, Fiera Capital

Ag Growth International (AFN, 38,91 $)

Capitalisation boursière : 573 M$

La récolte pourrait être abondante pour cette société, qui se spécialise dans la vente d'équipement aux agriculteurs. Christian Cyr considère Ag Growth International comme «un leader en devenir». Le gestionnaire a en haute estime la plus récente acquisition du groupe, Entringer S.A., en mars, qui lui permet de pénétrer le marché brésilien. Au cours des derniers mois, elle s'est aussi portée acquéreur de VIS (novembre 2015) et de NuVision (avril 2016). «Une croissance mondiale qui s'appuie sur une stratégie simple, soit de développer un réseau de distribution efficace dans un secteur où la demande est grandissante. L'entreprise déploie ses ailes à l'international pour contrer l'effet cyclique de ses activités, et ce, non seulement en Amérique du Nord, mais aussi en Europe, en Russie et en Amérique latine», explique-t-il.

L'investisseur à la recherche de revenu sera heureux de savoir que le titre verse un dividende annuel de 2,40 $ par action, pour un rendement de 6,25 %. Le principal risque à considérer avant d'y investir est la possibilité de voir les agriculteurs retarder leurs achats. Les fermiers ont cependant besoin d'équipements de plus en plus productifs et ne peuvent différer indéfiniment le renouvellement de leur machinerie. La société traîne une dette relativement élevée et pourrait peut-être avoir recours à une émission d'actions pour accélérer sa croissance par acquisitions.

Goeasy (GSY, 18,77 $)

Capitalisation boursière : 241 M$

Goeasy est en voie de réussir sa transition de prêteur de biens, qui s'adonne à la vente à tempérament à un taux d'intérêt annuel de 29,99 %, à prêteur financier alternatif. En fait, sa division Easyfinancial - principal vecteur de croissance - représente désormais près de 50 % de ses revenus et plus de 70 % de ses bénéfices. «Son carnet de prêts est parti de zéro en 2008 et oscillera entre 360 et 390 M$ à la fin de 2016», observe Christian Cyr, rappelant du même souffle que le titre s'échange à environ 7,5 fois les bénéfices prévus de 2016. Goeasy, auparavant connue sous le nom d'Easyhome, a récemment ratifié des ententes avec les détaillants Leon's Furniture (LNF) et Sears Canada (SCC) afin d'élargir la base de distribution de ses produits de financement. L'investisseur reçoit un rendement de dividende de 2,8 %, et ses intérêts sont alignés sur ceux des hauts dirigeants, qui détiennent 30 % des actions en circulation.

La gestion du risque associé au carnet de prêts est cruciale. La société accorde souvent du financement aux consommateurs qui ont besoin d'une deuxième chance au crédit. Au Canada, peu d'acteurs occupent ce créneau pour des prêts variant de 5 000 à 10 000 $. «Goeasy a développé sa propre technologie pour approuver et octroyer le crédit, limitant ainsi le biais associé à la nature humaine», estime le gestionnaire.

Opsens (OPS, 1,61 $)

Capitalisation boursière : 97 M$

Christian Cyr fait preuve d'audace avec son troisième choix. La société Opsens, de Québec, qui a initialement développé sa technologie pour l'industrie du gaz et du pétrole, et dont les solutions de fibre optique peuvent aussi être d'usage industriel, oeuvre désormais dans le domaine de l'équipement médical. Cette même technologie, baptisée OptoWire One, permet notamment de mesurer la pression sanguine en temps réel lors d'une opération cardiaque. Au pays, OptoWire 2 est toujours en attente d'approbation par Santé Canada, mais vient d'être approuvé par la Food and Drug Administration des États-Unis. Le produit, à usage unique, est déjà distribué à l'international, et la force de vente s'installe au sud de notre frontière. La société évalue qu'il s'agit d'un marché potentiel d'un milliard de dollars à moyen terme. «L'entreprise dégage des revenus, sans être rentable pour le moment. Il s'agit d'une histoire en développement», résume-t-il. Ce dernier rappelle d'ailleurs que d'autres sociétés québécoises oeuvrant dans un créneau similaire ont réussi leur expansion par le passé : TSO3 et Medicago.

Les choix de Stephen Takacsy, chef des placements, Gestion d'actifs Lester

Logistec (LGT.B, 40,00 $ )

Capitalisation boursière : 491 M$

Cette société, qui oeuvre principalement dans les services maritimes et environnementaux, est le premier choix de Stephen Takacsy. Présente dans plus de 28 ports et terminaux dans l'est de l'Amérique du Nord, Logistec se spécialise dans la manutention de toutes les catégories de marchandises sèches en vrac et en conteneurs. C'est cependant le secteur des services environnementaux de l'entreprise, par l'intermédiaire de la division Sanexen Services Environnementaux, qui est le moteur d'une forte croissance. «Je suis d'avis qu'elle pourrait devenir un leader mondial dans la réhabilitation structurale sans tranchée de conduite d'eau souterraine», explique-t-il. À 17 fois les bénéfices, le prix payé pour ce titre lui semble raisonnable, compte tenu de la croissance attendue. Cette société, contrôlée par la famille Paquin, bénéficie en plus de fortes barrières à l'entrée. Les actionnaires sont choyés depuis quelques années, Logistec distribuant un dividende en croissance et un dividende spécial à l'occasion. «Elle rachète aussi de ses actions à des fins d'annulation», ajoute Stephen Takacsy.

D-Box Technologies (DBO, 0,66 $)

Capitalisation boursière : 112 M$

D-Box est reconnue pour les fauteuils réactifs de cinéma qu'elle commercialise, et qui permettent de reproduire synchroniquement le mouvement de l'action du film. Non seulement la société de Longueuil vend-elle l'équipement en question, mais elle perçoit des redevances sur chaque billet vendu dans les salles dotées de sa technologie. «J'apprécie cette récurrence des revenus», dit M. Takacsy. Le déploiement de ces systèmes de simulation de mouvement pour l'industrie du cinéma va d'ailleurs bon train. La vague d'installation se poursuit au Canada, et commence à peine aux États-Unis et en Amérique latine. Dans ces deux régions, D-Box continue de prendre du galon, notamment par l'intermédiaire de la chaîne CineMark, qui y possède 5 796 écrans et dont 192 salles seront équipées de ses sièges. Le potentiel à l'international reste explosif, notamment en Chine où il se construit plus de 85 salles par semaine. «Il est raisonnable de penser qu'en 10 ans, ces systèmes pourraient être installés dans 2 à 3 % des salles de cinéma dans le monde et, éventuellement, générer des flux de trésorerie importants», dit-il.

La société conçoit aussi des systèmes de simulation de mouvement pour des applications industrielles. «Elle compte parmi sa clientèle des géants tels que Caterpillar et John Deere.» La Caisse de dépôt et placement du Québec semble y croire : elle est actuellement le deuxième actionnaire en importance, avec une participation dans l'entreprise qui frôle le cap du 12 %. Stephen Takacsy jongle avec plusieurs modèles financiers, mais considère que le titre pourrait facilement s'échanger entre 1 et 2 $.

Savaria (SIS, 8,58 $)

Capitalisation boursière : 270 M$

Savaria conçoit et fabrique des produits destinés à assurer à sa clientèle une plus grande mobilité : des sièges pour escaliers, des plateformes élévatrices, des véhicules adaptés et des ascenseurs résidentiels ou commerciaux. Un créneau susceptible de connaître une forte demande dans les prochaines années en raison du vieillissement de la population et de l'amélioration de l'espérance de vie. Le président et chef de la direction, Marcel Bourassa, a démontré son savoir-faire à plus d'une reprise en procédant à l'acquisition de plusieurs sociétés, à bon prix. Récemment, la filiale Silver Cross Automotive a signé un accord pour acheter la division automobile de Shoppers Home Health Care. Une transaction stratégique de 10 M$, payée au comptant, susceptible de générer des ventes additionnelles d'environ 15 M$ par année pour Savaria. «Je crois que la société pourrait doubler, voire tripler de taille, à moyen terme», estime Stephen Takacsy. Le titre progresse bien et s'échange désormais à près de 25 fois les bénéfices prévus. Le rendement du dividende est de 2,4 %.

Les choix de Mathieu Sirois, associé, vice-président et gestionnaire de portefeuille, Van Berkom et Associés

Grand Canyon Education (LOPE, 41,99 $ US)

Capitalisation boursière : 1,94 G$ US

Cette institution scolaire s'attire beaucoup d'éloges de Mathieu Sirois. Grand Canyon Education offre des programmes d'études en enseignement, en soins de santé, en ingénierie, sciences et technologie. Près de 80 % de ses 75 000 étudiants optent pour la formation en ligne. «La société offre depuis longtemps un positionnement différent par rapport à ses concurrents et n'a pas été touchée par la réforme de la réglementation survenue dans le secteur», explique-t-il. Le taux de placement de ses étudiants est supérieur à la moyenne, les frais de scolarité sont concurrentiels, elle se veut sélective dans le choix de ses étudiants et son image de marque est très forte. «Elle jouit d'une excellente réputation, des étudiants proviennent même d'États avoisinants, dont la Californie, et cette région du sud-ouest des États-Unis ne compte pas beaucoup d'autres établissements comparables, ce qui assure ainsi une demande continue pour ses programmes de formation», résume-t-il. M. Sirois, qui se spécialise dans les actions américaines à petites capitalisations, considère que le titre est nettement sous-évalué au cours actuel. «Ma cible varie de 50 à 60 $ US», conclut-il.

Envestnet (ENV, 33,58 $ US)

Capitalisation boursière : 1,38 G$ US

La société commercialise une suite logicielle intégrée, proposée par modules, pour appuyer les conseillers financiers indépendants dans leur travail. Il s'agit de la première solution du genre offerte aux petits acteurs de l'industrie. Elle leur permet de mieux concurrencer les grandes firmes. À l'heure actuelle, 47 000 conseillers utilisent l'application, mais le bassin est plutôt vaste aux États-Unis où il y aurait environ 365 000 conseillers financiers. Envestnet pourrait ainsi doubler - même tripler - son nombre d'utilisateurs dans les années à venir. Le modèle d'entreprise est attrayant, avec 95 % de ses revenus totaux qui sont de nature récurrente. «L'entreprise facture notamment un honoraire trimestriel, qui représente un certain nombre de points de base, payable d'avance, calculé sur les actifs sous gestion comptabilisés à la fin du trimestre précédent», observe le gestionnaire.

Le principal risque associé à cet investissement reste la volatilité des marchés, qui pourrait faire fondre une partie de l'actif sous gestion et, par conséquent, les honoraires facturés. Le titre a bondi de façon impressionnante au cours des dernières semaines, mais Mathieu Sirois le voit néanmoins atteindre le cap des 40 $ US.

Globus Medical (GMED, 24,02 $ US)

Capitalisation boursière : 2,27 G$ US

Globus Medical évolue dans le milieu de la santé et exploite des créneaux mal desservis par les grands acteurs de l'industrie en fabriquant vis, supports et autres produits destinés à la colonne vertébrale. Dans ce créneau, ses 555 M$ US de revenus annuels sont à mettre en perspective avec un marché potentiel de 10 G$ US. La société lance de 5 à 10 nouveaux produits par année, ses brevets sont solidement protégés, elle possède un fort réseau de distribution et bénéficie d'une relation de confiance avec les chirurgiens qui procèdent aux opérations. «La demande de nouveaux produits provient souvent directement des professionnels de la santé», dit-il. Au-delà de ce segment d'affaires, la société - dont le bilan n'affiche aucune dette - a aussi annoncé son intention de pénétrer le segment de la traumatologie. Il s'agit d'un marché de 6 G$ US à l'échelle mondiale, caractérisé par un environnement très similaire à celui de la colonne vertébrale. L'objectif de Globus Medical d'ici 2020 est de dépasser la barre du milliard de dollars américains en revenus annuels.

«Le seul fait d'augmenter ses parts de marché de 0,4 à 0,6 % par année pourrait assurer une croissance annuelle des ventes d'environ 10 %», calcule Mathieu Sirois. Le gestionnaire fixe sa cible à 30 $ US pour les 12 à 24 prochains mois, un rendement potentiel de 27 % par rapport au cours actuel. «Le titre pourrait même doubler sur un horizon de 5 à 7 ans si le plan d'affaires réussissait», conclut-il.

Les choix de Christine Décarie, vice-présidente principale et gestionnaire de portefeuille, Groupe Investors

Fiera Capital (FSZ, 13,00 $)

Capitalisation boursière : 650 M$

Christine Décarie a un faible pour la firme de placement indépendante Fiera Capital, dont l'actif sous gestion s'élevait à 98 G$ au 31 mars 2016. «Le plan est de faire croître ce chiffre à 200 G$ d'ici 2020, en s'appuyant sur la croissance interne et des acquisitions», dit-elle. Pour l'année en cours, les dirigeants souhaitent élargir leur offre de services en misant d'abord sur l'expansion constante de leur plateforme aux États-Unis, d'où l'acquisition récente d'Apex Capital Management. Cette dernière fait plus que doubler la présence de la société dans les marchés des services aux investisseurs institutionnels et des services de sous-conseils aux investisseurs individuels aux États-Unis. «Fiera intègre bien ses nouvelles acquisitions et réussit à conserver le personnel clé des entreprises achetées», ajoute la gestionnaire. Son cours cible de 16 $ laisse présager un rendement potentiel de 25 % d'ici les 12 à 18 prochains moins, sans compter le rendement du dividende qui avoisine les 4,7 %.

Lumenpulse (LMP, 16,50$)

Capitalisation boursière : 410 M$

Bien que coûteux en fonction seulement de son évaluation de 19 fois les bénéfices prévus pour l'exercice 2017, le titre de la société montréalaise Lumenpulse pourrait s'avérer un choix éclairé à long terme. «La performance de ce genre d'entreprises en forte croissance n'est pas réglée au quart de tour, et un trimestre peut parfois réserver des surprises», prévient cependant Christine Décarie. N'empêche que le fabricant de produits d'éclairage DEL vient d'allonger un minimum de 60 M$ en argent et en actions pour acquérir Fluxwerx Illumination, une société spécialisée dans la fabrication de luminaires DEL destinés à l'éclairage général d'espaces institutionnels et commerciaux. «J'anticipe non seulement une croissance par acquisitions, mais aussi une croissance interne au cours des prochaines années. En plus de la hausse prévue du chiffre d'affaires, les dirigeants ont l'objectif ambitieux de rehausser les marges bénéficiaires de 18 à 20 %», conclut-elle.

Napec (NPC, 0,89 $)

Capitalisation boursière : 71 M$

Mme Décarie jette ensuite son dévolu sur Napec, mieux connue sous l'ancien nom de Groupe CVTech. Établie à Drummondville, l'entreprise se spécialise dans l'entretien des réseaux de transport et de distribution d'électricité et de gaz naturel. «Elle est bien positionnée pour bénéficier des investissements massifs dans les infrastructures, de même que des tendances actuelles qui favorisent l'éolien et l'énergie solaire, au détriment des centrales de charbon, dit-elle. Pierre Gauthier, anciennement d'Alstom, s'est ajouté à l'équipe de direction en tant que président en septembre 2014. Le plan établi pourrait donner un nouveau souffle à la société», dit-elle. Un titre plus risqué, qui s'échange à seulement 6 fois les bénéfices de 2016 et qui pourrait fort bien faire dans les prochaines années. «Le carnet de commandes se situe à un sommet historique de près de 470 M$», observe-t-elle. La Caisse de dépôt et placement du Québec détient d'ailleurs 12 % des titres en circulation.

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