Aritzia: un titre boursier qui n'est pas donné

Publié le 14/10/2016 à 14:22

Aritzia: un titre boursier qui n'est pas donné

Publié le 14/10/2016 à 14:22

Par Dominique Beauchamp

Le détaillant de vêtements griffés pour femmes Aritzia(Tor.,AZT,18,81$) avait évidemment de bons résultats à présenter au premier dévoilement trimestriel depuis son entrée en Bourse, le 3 octobre dernier.

Le contraire aurait surpris étant donné l’opération de séduction que requiert un premier appel public à l’épargne.

Rappelons que le commerçant trentenaire de Vancouver n’a récolté aucun des 460 millions de dollars de la vente de 28,7 millions d’actions à 16$ chacune. Le fondateur Brian Hill et la firme d’investissement de Boston Berkshire Partners (actionnaire depuis 11 ans) sont passés à la caisse.

L’action s’est envolée jusqu’à 19,44$ le 13 octobre, avant de se replier à son cours actuel. Ce n'est pas tout à fait l’enthousiasme qu’avaient exprimé les courtiers en affirmant que la demande des investisseurs dépassait par dix fois le nombre d’actions émises.

Peut-être que les feux de paille décevants d’autres entrées en Bourse ont réussi à assagir les investisseurs.

Il faut dire que l’action d’Aritzia se négocie à un généreux multiple 56 fois ses profits si on annualise à 0,32$ par action le bénéfice ajusté des six premiers mois de l’année. La performante Dollarama(Tor., DOL,102,33 $) obtient un multiple de 30 fois les siens.

La valeur boursière d'Aritzia atteint déjà 2 milliards de dollars, selon Bloomberg. Cela se compare à la valeur de 418 millions de dollars du détaillant Reitmans(Tor., RET.A,6,71$) qui compte dix fois plus de boutiques.

Bond de 16,9% des ventes comparables

Mieux connue pour ses 13 marques exclusives, Aritzia a accru ses revenus de 30,1% (à 157,9 millions de dollars),au deuxième trimestre, en partie grâce à l'ouverture depuis un an de huit nouvelles boutiques et à l’expansion de quatre autres magasins.

Aritzia a notamment ouvert une première boutique à Roosevelt Field à Long Island, qui a porté à 18 le nombre de ses établissements américains.

Le marchand a aussi relocalisé et doublé la taille du magasin au Yorkdale Shopping Centre à Toronto, sans nuire à ses ventes élevées par pied carré.

Le bond de 16,9% des ventes comparables des boutiques ouvertes depuis plus d’un an est spectaculaire, car il se compare à un trimestre pendant lequel ses ventes avaient déjà explosé de 20,8%.

Comme plusieurs détaillants, Aritzia profite de ventes en ligne, mais il ne divulgue pas séparément ses ventes en magasin et sur Internet.

Il n’est donc pas possible de savoir à quel point l’émergence de ses ventes en ligne depuis trois ans gonfle le taux de croissance global des ventes comparables.

Son bénéfice net a grimpé de 42,5%, à 9,3 M$, pour une marge nette de 5,9%, sans les frais de 4,6M$ de l’émission d’actions, l’impact du taux de change et la valeur de 90,9M$ attribuée aux options pour les cadres.

Encore 3,5M$ liés à l’émission affecteront les résultats du prochain trimestre.

Aritzia a aussi prévu 2M$ de dépenses annuelles pour toutes les exigences d’une entreprise en Bourse.

La société devra aussi ajouter à ses dépenses le coût d’un nouveau système de gestion des ressources humaines qui était auparavant capitalisé afin de se conformer aux règles comptables américaines.

Les dirigeants n'ouvrent pas leur jeu

Durant l'appel-conférence qui a suivi le dévoilement des résultats, les trois dirigeants sont restés discrets et n'ont pas ouvert leur jeu, comme c’est souvent le cas dans le monde ultraconcurrentiel du commerce de détail.

Le fondateur Brian Hill s’est contenté de dire que l’entrée en Bourse était un jalon excitant pour toute l’équipe. Il a aussi assuré que le détaillant restera fidèle à son approche méthodique à long terme, qui s’appuie sur des produits de qualité, une expérience inspirationnelle pour les consommatrices et l’excellence opérationnelle.

Toutes les divisions ont contribué à la croissance, au deuxième trimestre, a-t-il signalé.

Au cours des six prochains mois, trois à quatre nouvelles boutiques ouvriront leurs portes tandis que trois autres seront agrandies ou rénovées. Un magasin du Centre Eaton à Toronto sera notamment agrandi.

Le Centre Eaton de Toronto sera d’ailleurs le premier à abriter quatre de ses enseignes, soit Aritzia, Wilfred, Babaton et TNA, a pour sa part précisé Jennifer Wong, présidente et chef de l'exploitation.

Mme Wong, qui est entrée au service d’Aritzia en 1987 en tant qu’associée aux ventes à temps partiel, s’est dit particulièrement satisfaite du lancement cet automne de la nouvelle marque The Group by Babaton.

L’entreprise entend continuer à innover dans la mise au point de marques exclusive pour nourrir sa croissance.

Sa rentabilité devrait aussi bénéficier des économies d’échelle que lui procure sa taille croissante, notamment en ce qui concerne ses achats de marchandises.

La technologie en renfort

Le détaillant commence à peine à profiter du potentiel des nouvelles technologies pour mieux capter les besoins de ses clientes.

La société déploie un nouveau système de terminaux aux points de ventes qui devrait être fonctionnel à l’été 2017.

L’entreprise termine aussi d’implanter le progiciel d’intelligence d’affaires HANA de SAP AG qui lui procurera des capacités d’analyse de données.

Le 13 octobre, Aritzia a aussi lancé son nouveau service d’expédition international dans 220 pays en vue d’une future croissance à l’étranger.

L’effort de marketing à l’étranger, par le biais d'éventuels sites transactionnels en langue et monnaie locales, dépendra des commandes, a indiqué Mme Wong.

Éventuellement, les données guideront aussi l’implantation physique de boutiques à l’étranger.

Mme Wong a donné en exemple son meilleur marché américain en ligne, Los Angeles, où elle n’a pas pourtant pas de magasin.

Six analystes ont participé à l’appel-conférence, la majorité provenant des courtiers qui ont écoulé les actions. On peut donc s’attendre à voir prochainement leurs premiers rapports de recherche.

 

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