Le mercure aura notamment affecté les résultats de la pizzeria. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Rogers, Lightspeed et MTY? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Rogers Communications (RCI.B, 59,63 $): son chef de la direction financière quitte le navire
Après près d’une décennie à la tête de la direction financière du plus gros joueur du sans-fil au Canada, Tony Staffieri quitte Rogers. Si cette annonce sert selon lui d’un appel général à candidatures, Aravinda Galappatthige de Canaccord Genuity estime que la société devra impérativement trouver rapidement chaussure à son pied.
Puisque le ralentissement causé par la pandémie tire à sa fin, l’entreprise doit redoubler d’efforts pour améliorer sa performance financière si elle ne veut pas être supplantée par la concurrence dans cette course. Ses résultats trimestriels ont été plus volatils que ce à quoi s’attendait l’analyste, puisque le montage financier de l’entreprise est plus affecté par les conséquences de la COVID-19, a-t-il conclu.
La prochaine personne qui occupera le poste de Tony Staffieri devra donc regagner la confiance des investisseurs et présenter un plan de match clair, alors que le titre de Rogers plombe sa performance financière depuis le début de l’année, rappelle Aravinda Galappatthige.
D’autant qu’un levier financier de 5x — voire plus — pourrait s’ajouter au bilan de Rogers lorsque l’acquisition de Shaw sera complétée. D’ici là, d’autres mouvements dans la haute direction sont d’ailleurs à surveiller, glisse l’analyste. Une rigoureuse gestion financière sera donc nécessaire, mais aussi pour créer des synergies d’un milliard de dollars annoncées entre les deux sociétés.
C’est pourquoi il est persuadé que les yeux des investisseurs seront rivés sur le processus de sélection.
En attendant, c’est Paulina Molnar qui reprendra le temps de l’intérim les rênes des mains de celui qui quitte immédiatement ses fonctions. Tony Staffieri a figuré à de nombreuses reprises parmi les chefs de la direction financière les plus estimés selon plusieurs sondages, et a su gagner le respect d’acteurs du milieu aux positions variées, note Aravinda Galappatthige.
L’analyste maintient son cours cible à 71 $, et sa recommandation à achat.
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Lightspeed (LSPD-N, 98,77$US; LSPD-T, 122,22$): quelques nuances à apporter aux critiques
Depuis le rapport houleux de Spruce Point Capital Management de mercredi, le titre de Lightspeed Commerce dégringole sur les marchés.
Le vendeur à découvert a notamment laissé entendre qu’il s’inquiétait des marges dans une des divisions de l’entreprise, que les revenus soient moins de qualité que Lightspeed ne veut le laisser entendre, et du fait que les indicateurs clés de performance ont changé.
De son côté, Paul Steep de la Banque Scotia rappelle que les derniers rapports trimestriels de l’entreprise témoignent d’une forte croissance interne des revenus, et que si Lightspeed a multiplié les acquisitions, c’est pour mettre la main sur davantage de parts de marché et de nouvelles compétences techniques.
En révisant ses notes, l’analyste a néanmoins identifié quelques facteurs clés qu’il gardera à l’œil, comme une hausse du nombre de clients qui adoptent les services ce qui pourrait dépasser des attentes, et de l’ajout de nouveaux abonnements à ceux qui sont déjà existants. Il s’attardera aussi sur l’augmentation du côté de la facturation, et sur une décote possible par rapport à ses concurrents du secteur de la vente de logiciel en tant que service (SaaS).
Selon Paul Steep, la baisse des marges nettes de Lightspeed qui découlera de la croissance de sa solution de paiement était déjà connue des investisseurs. En effet, la société montréalaise en a fait mention dès le quatrième trimestre de l’exercice 2019. Les plus faibles marges tirées de son matériel informatique — comme ses terminaux fournis dans sa solution de paiement — seraient le fruit de subvention de matériels faisant partie de sa campagne de promotion pour lancer les activités de sa division, a précisé l’entreprise lors d’un appel téléphonique avec ses actionnaires au deuxième trimestre de 2020.
D’ailleurs le changement de ses indicateurs clés ne fait que mieux représenter les modifications que l’entreprise a apportées à son modèle d’affaires, croit l’analyste.
Il maintient sa recommandation à performance de secteur, et son cours cible à 121 $US, soit 20 fois son ratio valeur d’entreprise/revenu des douze prochains mois, dans un an.
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MTY (MTY, 64,40$) : des perspectives alléchantes, malgré quelques défis
Malgré quelques éclaboussures anticipées à court terme, Vishal Shreedhar de la Financière Banque Nationale entrevoit une luxuriante croissance pour le franchiseur MTY à l’approche du dévoilement des résultats de son troisième trimestre de l’exercice 2021.
Son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) devrait atteindre 46,2 millions de dollars (M$), estime l’analyste, contrairement au consensus qui table sur 43 M$, soit légèrement sous ce que l’entreprise a réalisé l’an dernier à 43,3 M$ ajustés.
Ses résultats devraient avoir été, en partie, soutenus par la réouverture progressive de l’économie, surtout en Ontario et au Québec, et l’inflation, mais freinés par la vague de chaleur observée dans le nord-ouest des États-Unis, quelques croûtes à manger du côté de Papa Murphy’s et des soucis de chaîne d’approvisionnement et de travailleurs.
Le mercure aura notamment affecté les résultats de la pizzeria, qui devront être en plus comparés à un lucratif trimestre un an plus tôt. Si certains analystes s’inquiètent de la levée des mesures de confinement, ce qui pourrait entraîner une baisse des commandes pour emporter, l’analyste rappelle que ses comparses ont plutôt affiché de bons résultats malgré tout au cours du troisième trimestre de 2021.
Ses adresses ontariennes et québécoises, qui représentaient 25% de ses ventes avant le début de la pandémie, devraient toutefois avoir profité de l’assouplissement des consignes et de la réouverture graduelle de l’économie, ce qui gommera partiellement l’effet négatif des résultats de Papa Murphy’s sur MTY, prévoit l’analyste de la Financière Banque Nationale.
Les ventes du franchiseur montréalais devraient atteindre 1,015 G$, et ses recettes 148 M$, ce qui représente dans les deux cas des hausses par rapport à l’an dernier, alors qu’ils s’étaient respectivement établis à 898 M$ et 135 M$.
À mesure qu’on se rapproche du moment où la pandémie sera chose du passé, l’espère-t-on, les investisseurs devront s’intéresser aux prévisions de croissance des ventes d’une même succursale de MTY, aux conséquences de l’inflation sur ses revenus, aux effets de la pénurie de main-d’œuvre et à l’augmentation des coûts liés à la chaîne d’approvisionnement, au plan de croissance du réseau grâce notamment à de la fusion et acquisition, et dans quoi l’entreprise investira du capital.
L’analyste rappelle qu’au dernier trimestre, la direction a laissé savoir qu’elle comptait augmenter les prix de ses plats pour mieux représenter le bond de ses coûts de production. Étant un franchiseur, ce genre de hausse lui est généralement bénéfique, fait remarquer Vishal Shreedhar, tant qu’elle n’affecte pas à la baisse le volume et la taille des commandes, ce qui pourrait fort probablement arriver cette fois-ci.
Néanmoins, l’analyste demeure avide du titre de MTY, puisqu’il s’attend à de belles performances au cours des trimestres à venir. L’entreprise pourrait utiliser ses ressources pour racheter des actions, ou même faire des acquisitions notamment.
Il maintient donc sa recommandation à surperformance et son cours cible à 72 $, ce qui représente 11 fois son ratio entre son BAIIA de l’exercice 2022 et celui de 2023.