S'inscrire dans la durée

Publié le 05/09/2022 à 12:00

S'inscrire dans la durée

Publié le 05/09/2022 à 12:00

Pour construire l’économie de demain, il faudra un leadership rassembleur et des décisions fortes, bien que parfois difficiles. (Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. La réalité démocratique vient avec son lot de défis. Faire face à la compétition électorale à intervalles rapprochés en est assurément un, surtout pour notre économie.

Si bien des promesses faites lors de campagnes sont tenables dans la courte durée d’un mandat, les grands chantiers, eux, laissent souvent place à des mesures dont les seuls effets positifs ne pourront s’inscrire dans la durée.

C’est la même logique qui nous pousse à promettre d’embaucher plus de médecins alors que le système de santé est en faillite, ou encore à numériser quelques formulaires papier pour «alléger» le fardeau de la paperasse administrative des entreprises plutôt que de numériser l'administration au complet. C’est l’arbre qui cache la forêt. 

On nous répondra que les coûts sont exorbitants. Que les partis d’opposition rejettent des projets d’envergure par calcul politique. Bref, l’obstruction parlementaire ne cesse de se banaliser. Il suffit de regarder au sud de la frontière! Mais quel est le coût réel de ces décisions basées sur une vision à courte durée?

Il existe pourtant des exemples réussis dans des régimes démocratiques en Occident, de projets de société qui ont transformé des économies du tout au tout.

 

En demander plus à nos représentants 

En 2001 par exemple, l’Estonie a numérisé son économie. Conséquences? Explosion des investissements directs étrangers, plus aucun fardeau administratif pour les entreprises, baisse du nombre de fonctionnaires et réduction des dépenses publiques. Rien que ça. 

Un autre enseignement remarquable de cet exemple balte est la transition d’une grande majorité des entreprises et des start up vers le secteur des technologies. En effet, le gouvernement joue souvent un rôle important en raison des appels d’offres publics qui orientent la spécialisation des entreprises. Avec d’immenses besoins en infrastructures, biens et services technologiques, le gouvernement a ainsi créé un effet d’entraînement structurel du tissu entrepreneurial. 

Cette transition a été le fruit de longues années de travail, d’investissements, mais surtout d’une vision transpartisane sur le long terme.

 

Quelles avenues pour le Québec de 2030? De 2050? 

Que ce soit d’atteindre l’efficience administrative, de développer le prochain projet de société au Québec comme nous l’avons fait avec Hydro-Québec, ou encore d’ériger un système de santé à l’image des 50% de recettes fiscales que nous y investissons, toutes les visions à long terme capables de transformer tout ou partie de notre province ne devraient pas être un rêve inatteignable, mais un impératif sociétal. 

Ce courage politique est l'affaire de tous les élus. Sans exception. Pour construire l’économie de demain, il faudra un leadership rassembleur et des décisions fortes, bien que parfois difficiles. Il faudra aussi que tous les citoyens ainsi que toutes les parties prenantes privées et publiques comprennent que les concessions d'aujourd'hui sont les succès collectifs de demain. Sans quoi, ils seront également responsables des conséquences de leur propre égoïsme. 

Rome ne s’est pas construite en un jour. Le Québec de demain n'échappera pas à cette réalité.

À propos de ce blogue

Passionné d’économie et de philosophie politique, Pierre Graff évolue depuis 10 ans dans le monde des affaires. Il se questionne sur les enjeux politico-économiques au Québec et au Canada, et plus particulièrement ce qui affecte les jeunes gens d’affaires et les générations à venir. Il est actuellement PDG du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ).

Pierre Graff

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