Il y a deux côtés à une médaille: l'exemple de Visa

Publié le 13/11/2015 à 15:47

Il y a deux côtés à une médaille: l'exemple de Visa

Publié le 13/11/2015 à 15:47

Le travail d'un investisseur n'est jamais ni clair, ni évident. Si jamais vous vous trouvez devant une situation qui vous semble évidente, dites-vous que de telles situations sont improbables et que vous êtes peut-être biaisé dans votre analyse!

L’analyse d’une entreprise permet toujours de déceler un certain nombre de facteurs positifs ainsi qu’un certain nombre de facteurs négatifs. Il y a toujours deux côtés à une médaille. Parfois, un investisseur peut se laisser emballer par les possibilités ou par le potentiel d'une entreprise. D'autres fois, il sera au contraire obnubilé par les côtés négatifs, les risques. Le marché boursier est généralement efficace pour bien soupeser à la fois les facteurs positifs et les facteurs négatifs. Il arrive toutefois que ce ne soit pas le cas. Vous trouverez parfois des situations où les investisseurs dans leur ensemble semblent se concentrer sur seulement un seul côté de la médaille.

Le travail de l'investisseur est d'analyser objectivement s'il est en accord avec le verdict du marché. S'il ne l'est pas, il est fort possible qu'il ait repéré une belle occasion de faire beaucoup d'argent en Bourse.

L’exemple de Visa illustre ce phénomène de façon éloquente.

Tout le monde connaît ce leader qui possède un réseau transactionnel mondial permettant d'effectuer des transactions de débit et de crédit. Si vous analysez l'entreprise, vous reconnaîtrez certainement que la société jouit de plusieurs facteurs favorables : une croissance naturelle des transactions électroniques partout dans le monde alors que les gens délaissent de plus en plus les transactions en espèces; un réseau transactionnel mondial qui serait très difficile à reproduire; un bilan exceptionnel et une rentabilité très élevée; un modèle d'affaires d'exception fondé sur des revenus hautement récurrents et qui nécessite relativement peu d'investissements en immobilisations; et une marque de commerce, Visa, reconnue sur toute la planète.

Vous reconnaîtrez toutefois également que la société est exposée à divers facteurs de risque : possibilité que les gouvernements règlementent davantage le secteur afin de réduire les frais imposés aux commerçants; acquisition récemment annoncée par la société de Visa Europe pour la somme de 23,5 G$; invention continuelle de nouvelles technologies de paiement électronique; ralentissement de la croissance économique mondiale; possibilité de fraude ou d’accès illicite aux informations des clients de l’entreprise; et sûrement plusieurs autres risques que l'on ne peut même pas prévoir.

Si l'on regarde l'évaluation du titre de Visa, on constate qu'il s'échange à plus de 27 fois les profits prévus par les analystes pour le prochain exercice (septembre 2016). Un tel ratio est nettement plus élevé que celui ayant cours pour l'ensemble du marché américain, l'indice S&P 500 s'échangeant à environ 16,5 fois les profits prévus de 2016 (selon Standard & Poors). De toute évidence, cette évaluation incorpore bien les facteurs positifs de la société. Les investisseurs lorgnent davantage le côté positif de la médaille.

En revanche, en 2011, lorsque nous avons pris la décision d’acheter le titre de Visa, nous étions venus à la conclusion que les investisseurs concentraient leur regard sur les côtés négatifs. À l’époque, le gouvernement américain avait annoncé qu’il couperait les frais que Visa et ses concurrents pourraient charger aux commerçants pour les transactions de débit. Le titre avait chuté en bourse et on pouvait l’acheter pour environ 15,0 fois les profits prévus.

Depuis 2011, la perception des investisseurs a complètement changé et le titre de Visa s’est apprécié de près de 350 %.

En évaluant un titre, il faut soupeser objectivement tant les éléments positifs que les facteurs de risque. Si vous réalisez que le marché boursier ne semble pas faire la même évaluation du potentiel et des risques, peut-être aurez-vous repéré une occasion très intéressante d'investissement. Évidemment, même si vous avez fait un bon travail d’analyse, peut-être aurez-vous omis ou sous-évalué certains risques. Ou peut-être vous serez-vous trompés quant au potentiel de croissance ou de rentabilité de l'entreprise en question. La Bourse n’est pas un monde de certitudes mais un monde de probabilités. Le travail de l'investisseur est de mettre ces probabilités de son côté. À long terme, cela devrait très bien le récompenser pour ses efforts d'analyse.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est président et gestionnaire de portefeuille chez COTE 100, une boutique de gestion de patrimoine. Il est également éditeur de la Lettre financière COTE 100, publiée depuis 1988. COTE 100 possède des actions de Visa dans certains des portefeuilles sous sa gestion.

 

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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