L'énergie nucléaire, pourquoi pas?

Publié le 06/02/2024 à 12:00

L'énergie nucléaire, pourquoi pas?

Publié le 06/02/2024 à 12:00

56% de la production totale d’électricité de l’Ontario provient de leurs trois centrales nucléaires. (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. J’ai pensé bon de séparer en deux ma chronique à cause de la complexité et de l’importance du sujet et surtout afin de mettre en contexte la décision stratégique dans laquelle va s’inscrire la réflexion du gouvernement du Québec. Vous trouverez donc aujourd’hui la première partie et c’est un rendez-vous mardi prochain afin de vous dévoiler la deuxième!

La simple possibilité de relancer la centrale nucléaire Gentilly-II a suffi à propager à travers la province, à la vitesse de l’éclair, un malaise!

L’histoire de cette source d’énergie a été marquée de moments que l’humanité tout entière préférerait ne pas avoir vécus. Je suis d’ailleurs convaincu que les cicatrices laissées sur les corps et dans notre mémoire influencent grandement la réticence que plusieurs ont envers cette source d’énergie.

 

Un peu d’histoire

Cette puissante source d’énergie est à l’origine d’horribles souvenirs des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, faisant plus de 200 000 morts et plus de 100 000 blessés. Elle a également nourri une profonde angoisse collective chez une génération entière, craignant une attaque nucléaire à chaque instant de la guerre froide (1945-1989).

Du côté civil, on ne peut oublier les accidents nucléaires, la catastrophe de Tchernobyl en 1986, de Fukushima en 2011 et plus près de chez nous à la centrale de Three Mile Island (en Pennsylvanie) en 1979 et, bien entendu, ceux de Chalk River en Ontario, dans les années 50.

Il va sans dire que l’énergie nucléaire a l’avantage de ses inconvénients. Autant la puissance qu’elle dégage est redoutablement effective, autant elle ne laisse aucune marge d’erreur.

Son invention est le résultat de plusieurs années de recherches effectuées par d’éminents scientifiques et chercheurs, dont notamment, les Prix Nobel Pierre et Marie Curie, Henri Becquerel, Otto Hahn et Albert Einstein.

Tel que le raconte l’excellent film Oppenheimer, actuellement en lice avec 13 nominations lors de la prochaine soirée des Oscars, c’est le 16 juillet 1945, dans le désert du Nouveau-Mexique, que fut effectué le tout premier essai d’envergure de cette puissance exceptionnelle avec l’explosion de Gadget, la toute première bombe atomique.

Le constat fut clair et sans équivoque. Jamais n’avions-nous eu entre nos mains une énergie aussi puissante, destructrice et dangereuse que celle-ci.

 

Après les bombes, l’électricité

Au début des années 50, notamment grâce au discours historique Atoms for Peace du président américain Eisenhower, on concentre les recherches sur la possibilité de créer de l’électricité avec cette énergie.

Quelques années plus tard, en 1955, la petite ville d’Arco dans l’État de l’Idaho, comptant une population de 1000 habitants, devient la toute première ville à être entièrement électrifiée par une centrale nucléaire.

69 ans plus tard, en 2024, l’énergie nucléaire fournit 10% des besoins mondiaux en électricité. Cette proportion varie selon le pays ou même la région. Par exemple, le Canada est le sixième plus important producteur au monde ; 16% de nos besoins énergétiques totaux proviennent du nucléaire. 56% de la production totale d’électricité de l’Ontario provient de leurs trois centrales nucléaires. À titre de comparaison, au Québec, 94% de nos besoins proviennent de nos centrales hydroélectriques.

Aujourd’hui, plus d’une cinquantaine de pays utilisent cette énergie autant pour produire de l’électricité, qu’à des fins militaires, médicales et industrielles. Treize pays obtiennent d’ailleurs au moins le quart ou beaucoup plus de leurs besoins totaux en électricité avec le nucléaire, dont la France (70%), l’Ukraine (55%), la Belgique (43%) et les États-Unis (18%).

 

Et le Québec dans tout ça?

Au début des années 60, face à une économie en forte croissance, une fulgurante augmentation de nos besoins énergétiques et une difficulté à répondre à la demande, le commissaire d’Hydro-Québec de l’époque, Jean-Paul Gignac, recommande d’étudier les possibilités de diversifications de nos moyens de production.

Comme quoi l’histoire est un éternel recommencement, voici un passage d’une conférence qu’il donna il y a 50 ans, en 1964!

«Au rythme affolant où vont les choses, Hydro-Québec devra doubler sa production d’ici 10 ans (peut-être, éventuellement, tous les 6 ou 7 ans) […] À compter de 1974, elle devra de nouveau doubler ses installations.»

C’est finalement à la fin des années 60 que débute, après un long et passionné débat la construction de la première centrale nucléaire au Québec, Gentilly-I, suivi quelques années plus tard par la construction de la centrale Gentilly-II qui entra finalement en service en octobre 1983 et fermera ses portes une trentaine d’années plus tard en décembre 2012.

Sur ce, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour la deuxième partie de ma chronique. Bonne réflexion!

 

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À propos de ce blogue

Je me suis lancé en affaires quelques jours après avoir gradué de l’Université de Montréal en science politique. Un peu par hasard, beaucoup par folie, je suis devenu entrepreneur sans trop savoir ce qui m’attendait. Bien que ma première expérience en affaires fut catastrophique, je suis tombé en amour avec l’entrepreneuriat. Aujourd’hui, je suis à la tête d’un des plus grand producteurs de spiritueux et prêt-à-boire en Amérique du Nord et ce ne sont pas les projets qui manquent! Depuis novembre 2015, je partage chaque semaine ici mes idées, mes opinions et ma vision sur le monde des affaires et les sujets de société qui m’interpellent. Bienvenu dans mon monde!

Nicolas Duvernois

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