BLOGUE. On connaît maintenant les deux priorités du nouveau PDG de RIM.

Thorsten Heins les a énoncées en réponse à la toute première question des analystes lors de sa téléconférence, lundi matin. Et il faut rendre à César ce qui revient à César, elles ont du sens.

Premièrement, M. Heins semble bien conscient de l'état lamentable dans lequel se trouve la marque BlackBerry actuellement, en particulier auprès du grand public et en particulier en Amérique du Nord.

Il est revenu sur la question à quelques occasions. Son premier mandat sera de trouver un nouveau grand patron du marketing. M. Heins parle d'un « changement de focus majeur » pour favoriser le marketing auprès des consommateurs.

Une grande partie du succès passé des BlackBerry résidait dans le fait qu'ils étaient les favoris des responsables de l'informatique des grandes entreprises. Ceux-ci pensent avec leur tête et adoraient diverses fonctions offertes par RIM, notamment en ce qui a trait à la sécurité.

Apple, puis Google, ont renversé la tendance en ciblant plutôt les consommateurs individuels. Ils ont en quelque sorte pris le pari de la démocratie. « Le peuple » a choisi les iPhone et les appareils Android et, après un certain temps, les responsables informatiques ont dû céder et accepter d'intégrer ces appareils dans leurs systèmes.

Il semble donc que RIM soit bien consciente que le vent a tourné. Pour les amateurs de hockey, on aurait cru entendre Pierre Gauthier découvrir que les gros attaquants ont plus de chances devant le filet adverse quand M. Heins a annoncé que « nous devons être plus orientés sur le consommateur ». C'était l'évidence même, mais mieux vaut tard que jamais.

« Nous avons un bon positionnement avec les directeurs technologiques et les entreprises, il faut se rapprocher des clients. »

Bref, la nomination la plus importante chez RIM ne sera peut-être pas celle de M. Heins, mais celle de ce nouveau « chief marketing officer ». À suivre.

Une entreprise structurée

Deuxièmement, M. Heins, qui était jusqu'à présent responsable des opérations, annonce un peu la fin de la culture « start-up » chez RIM. Il a résumé sa deuxième priorité en un mot: l'exécution.

C'est effectivement là aussi quelque chose qui a fait défaut chez RIM. L'un des problèmes qui ont miné le BlackBerry est le lent cycle de développement des nouveaux produits. M. Heins a semblé donner une explication à cette lenteur.

« Nous innovions pendant le développement d'un produit et ça doit cesser », a-t-il fermement lancé.

Il n'est évidemment pas question de ne plus innover, mais plutôt de peaufiner « le processus de définir un produit, puis d'exécuter un produit », via « une gestion de projets plus rigide ».

« Il faut comprendre que RIM a grossi très rapidement, a indiqué M. Heins. Quand je suis arrivé (en décembre 2007), l'entreprise agissait encore comme une start-up. Mais les processus d'une start-up ne s'adaptent pas à une entreprise plus grande. » 

Stratégie d'intégration

M. Heins a aussi donné quelques indices sur la stratégie à long terme qu'il entend adopter. Pas question, par exemple, de diviser l'entreprise en différentes unités d'affaires ciblées sur les appareils ou les services. Il a été plutôt clair là-dessus.

Son objectif premier est de miser sur le fait que RIM offre une panoplie de services intégrés: appareils, réseau, serveurs, etc.

« Il n'y a pas beaucoup d'entreprises qui ont ça, a-t-il rappelé. Il y a nous et l'autre entreprise avec un nom de fruit (Apple). »

Fait intéressant, il a ouvert la porte à une formule via laquelle RIM offrirait son prochain système d'exploitation, BlackBerry 10, à d'autres manufacturiers.

« Je suis absolument confiant que BlackBerry 10 va s'établir comme plateforme. S'il y a des demandes d'autres entreprises, je vais écouter et, si ça a du sens pour nous, je prendrai la décision avec le conseil d'administration. »

Tout juste avant, il avait rappelé que ce système est basé sur QNX, un système d'exploitation acheté par RIM. Celui-ci est déjà utilisé dans diverses fonctions et pourrait s'étendre. Au Consumer Electronics Show (CES), il y a quelques jours, on a montré des voitures intégrant QNX.

PLUS : Notre dossier spécial sur le changement de direction chez RIM