Lac-Mégantic: vaincre le syndrome du survivant

Publié le 06/07/2016 à 14:40

Lac-Mégantic: vaincre le syndrome du survivant

Publié le 06/07/2016 à 14:40

Par Diane Bérard

Les participants du Creative Mornings Lac-Mégantic ont reçu une marguerite, symbole du thème du mois; l'amour. (Photo: Claude Grenier)

Il y a trois ans, un train en feu a traversé le centre-ville de Lac-Mégantic, laissant derrière lui 47 morts et des milliers de survivants. Comme dans l’expression «syndrome du survivant», ce mal de vivre qui dévore souvent ceux que la vie a épargnés. Ceux qui survivent à une catastrophe naturelle. Ou à une catastrophe humaine, comme une restructuration en entreprise. «Pourquoi eux et pas moi?» C’est la question qui hante la plupart des survivants.

Je rentre d’une visite éclair à Lac-Mégantic. J’ai quitté Montréal aux aurores pour assister au premier événement de la journée commémorative de la tragédie: une conférence Creative Mornings tenue dans le Parc des Vétérans, entre le lac et le «trou».

Le mouvement Creative Mornings compte 148 villes qui présentent chaque mois une conférence sur le même thème. De ce groupe, quatre membres sont québécois: Montréal, Québec, Trois-Rivières et, depuis mai, Lac-Mégantic.

Le thème de ce mois-ci: l’amour. Chaque ville le décline à sa façon. À Lac-Mégantic, on a choisi l’angle de la résilience. Car il faut s’aimer pour survivre. Si on ne s’aime pas, on se laisse couler. On s’endort tranquillement et on traverse le reste de sa vie comme un zombie. C’est ce que le conférencier, l’alpiniste Gabriel Filippi (ce Méganticois est le seul Québécois à avoir grimpé les deux versants de l’Everest), aurait pu faire. Après tout, il a survécu trois fois à la mort. Il lui a fallu beaucoup d’amour pour continuer.

Éviter la mort en 40 secondes

La première fois que la mort n’a pas voulu de M. Filippi, c’était il y a trois ans. Il rentre plus tôt d’une expédition au Pakistan, habité d’un mauvais pressentiment. Sitôt posé à Montréal, un message texte l’informe que ses 11 compagnons de grimpe restés sur place ont été assassinés par les talibans. Brisé, il rentre à Lac-Mégantic pour soigner sa douleur. Deux jours après son arrivée, c’est la tragédie ferroviaire. La mort le frôle une seconde fois. Il met 18 mois avant de retourner grimper. Et deux jours après son arrivée au Népal, la terre tremble. Le 25 avril 2105, un séisme fait 8000 morts. Filippi quitte sa tente en trombe pour se réfugier derrière une énorme pierre, située à «40 secondes». Un nuage de roches, de vent et de poussière fonce sur lui. Impuissant, il se place en petite boule et attend. «Sous ma tente, j’aurais été broyé. Cette grosse pierre, bien qu’elle me protégeait partiellement, m’a sauvé la vie.» Il y aura le Gabriel avant et après le tremblement de terre.

40 secondes, c’est le temps qu’il a fallu à Gabriel Filippi pour trouver un abri et survivre à la tempête. Parfois, c’est tout ce dont on dispose pour se trouver une grosse pierre. Parfois, on en a un peu plus. Mais le vrai combat débute lorsque l’on a quitté sa roche. C’est là qu’intervient l’amour. «La vie continue, les gens autour de toi avancent. Toi, tu stagnes, raconte Filippi Il faut t’aimer assez pour l’avouer. S’avouer vulnérable nous rend plus fort.» Il a levé la main et demandé de l’aide. Un tabou dans le monde des grimpeurs, admet-il. «Dans notre univers on n’avoue pas qu’on a besoin d’aide.» L’univers de la grimpe est-il si différent du reste du monde? Survivre aux petites et grandes pertes de la vie exige une bonne dose d’amour, celui des autres, mais aussi celui de soi.

Le défi, c’est après les 40 secondes qu’il débute.

À la une

Jusqu'à quel point faut-il être patient avec un titre perdant?

Il y a 44 minutes | Philippe Leblanc

EXPERT INVITÉ. Je n'aime pas appliquer de recette toute faite.

À surveiller: Rogers, Meta et Alphabet

Il y a 30 minutes | Charles Poulin

Que faire avec les titres Rogers, Meta et Alphabet? Voici des recommandations d’analystes.

Bourse: Wall Street ouvre en hausse, rassurée sur l'inflation et la tech

Mis à jour il y a 30 minutes | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto ouvre en hausse.