Michael Jackson : l'industrie musicale perd son roi

Publié le 26/06/2009 à 00:00

Michael Jackson : l'industrie musicale perd son roi

Publié le 26/06/2009 à 00:00

Par La Presse Canadienne
Porté par l'énorme succès de l'album "Thriller" (1982), l'artiste a un poids tel qu'il réussit à faire plier en 1983 la jeune chaîne musicale MTV, qui refusait de diffuser le clip de "Billie Jean" en raison de sa programmation musicale plut`t blanche. Confrontée à la menace de boycott de Columbia, MTV cédera et... ne s'en plaindra pas. Peu après, la légendaire vidéo de "Thriller", signée John Landis, fera l'objet de diffusion toutes les heures.

"Les audiences étaient trois ou quatre fois supérieures à la normale quand le clip passait", se souvient Judy McGrath, PDG de MTV Networks. Jackson "a été lié de façon inextricable à ce qu'on a appelé la génération MTV".

L'artiste est tellement populaire que Walt Disney ne rate pas l'occasion. En 1986, le groupe lance dans ses différents parcs le coûteux film 3-D "Captain EO", produit par George Lucas et réalisé par Francis Ford Coppola: une attraction de 17 minutes qui sera vue pour la dernière fois à Disneyland Paris en 1998.

Après "Thriller", salué par huit Grammies et qui se vendra à plus de 100 millions d'exemplaires dans le monde, Jackson récidive cinq ans plus tard avec "Bad", qui s'écoule à 22 millions d'unités. En 1991, l'artiste signe un contrat record de 65 millions de dollars avec Sony.

Michael Jackson avait également fait sensation en déboursant en août 1985 pas moins de 47,5 millions de dollars, à la barbe de Paul McCartney, pour acquérir le catalogue d'ATV Music, qui détient les droits des chansons écrites par les Beatles. Une opération commercialement avisée, le flot constant de droits d'auteur reversés chaque année lui assurant un train de vie plus que confortable. Il s'offrira ainsi en 1988, pour 14,6 millions de dollars, le ranch de Neverland, une propriété de 1.000 hectares dans les collines viticoles de Santa Barbara (Californie). Rapidement, "Bambi" en fait un extravagant mini-parc d'attraction personnel.

La bombe éclate en 1993, quand il est accusé d'attouchements sur un garçon de 13 ans.

"Ca représente quelque part le début de la fin, tant financièrement, spirituellement, psychologiquement, juridiquement", analyse Michael Levine, son attaché de presse à l'époque.

Si Jackson a réglé l'affaire par un arrangement à l'amiable avec la famille de l'accusateur, certains parlant d'un chèque de 15 à 20 millions de dollars, d'autres rumeurs ou accusations de pédophilie suivront.

Commençant à connaître des problèmes financiers, il se résout en 1995 à fusionner ATV Music dans le catalogue Sony, l'opération lui rapportant 95 millions. En 2001, sa moitié des parts de Sony/ATV lui servira de cautionnement pour décrocher un prêt de 200 millions de dollars auprès de la Bank of America.

Discographiquement, Jackson n'est plus magique. En mai 1997, c'est le bide pour l'album "Blood on the Dance Floor: HIStory in the Mix" qui ne se vend qu'à quelques centaines de milliers d'exemplaires dans le monde. L'espoir renaît en octobre 2001 quand l'album "Invicible" entame une carrière prometteuse, avec deux millions d'exemplaires vendus. Avant de plonger très vite dans les profondeurs des charts.

Résultat: les déboires financiers ne cessant pas, Michael Jackson continue d'emprunter à tour de bras, si l'on en croit la plainte déposée en 2002 par la société de conseils financiers Union Finance & Investment, qui lui réclame 12 millions de dollars d'impayés. Un règlement à l'amiable, gardé secret, interviendra en 2003.

La même année, Jackson est à nouveau rattrapé par une affaire de pédophilie présumée, alors qu'on l'accuse une nouvelle fois d'attouchements sur un garçon de 13 ans. Le procès, en 2005, qui s'achèvera sur un acquittement, permettra de jeter une lumière crue sur l'état désastreux de ses finances. Selon un comptable, le chanteur faisait face à "une crise de liquidités constante" et dépensait chaque année entre 20 et 30 millions de dollars de plus qu'il ne gagnait.

En mars 2008, nouvelle humiliation, avec l'ordonnance de saisie de Neverland, pour ne pas avoir payé 24,5 millions de dollars de taxes diverses. Michael Jackson s'en tirera en faisant racheter sa dette par une société cofondée avec le fonds d'investissement Colony Capital. Mais la propriété, échappant à la vente aux enchères, n'est plus à lui.

Au cours des dernières années, Jackson avait essuyé plusieurs autres procès, dont l'un intenté par cheikh Abdallah ben Hamad al-Khalifa, deuxième fils du roi du Bahreïn, qui lui réclame 7 millions de dollars: il affirme avoir versé des millions de dollars pour dépanner l'artiste, mais aussi pour qu'il enregistre un album, écrive une autobiographie. Comme d'autres, l'affaire sera réglée à l'amiable, dans la discrétion.

Face à cette montagne de dettes et aux échecs discographiques, il était donc logique que la société AEG Live du promoteur de concerts Philip Anschutz annonce, en mars dernier, que le chanteur -qui n'est alors plus monté sur scène depuis 1997- allait donner une série de concerts en juillet à Londres.

Au fil des ventes rapides de billets, la dizaine de concerts prévus à l'O2 Arena se transforme en 50. Mais le promoteur annonce l'annulation de quelques dates, repoussées à mars 2010. Selon Sony, plus de 900.000 billets avaient déjà été vendus.

La mort de Michael Jackson est survenue alors que l'artiste s'entraînait pour ces concerts londoniens au Staples Center de Los Angeles avec Kenny Ortega, chorégraphe et réalisateur des films "High School Musical". Ortega avait déjà travaillé avec Jackson sur plusieurs vidéos, dont "Dangerous" en 1993.

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