Ancien patron du Nasdaq et figure réputée de la finance new-yorkaise, Madoff, 70 ans, a été arrêté jeudi dernier. Il est accusé d'avoir escroqué de grandes banques et compagnies d'assurances de plusieurs pays et des personnalités riches et célèbres.
Une nouvelle banque française, le Crédit industriel et commercial (CIC), a annoncé mardi qu'elle risquait d'être affectée par le scandale, "par l'intermédiaire d'un fonds", pour un montant maximal de 90 millions d'euros. L'assureur helvétique Swiss Life a également indiqué mardi être indirectement exposé à hauteur de 90 millions de francs suisses (57 millions d'euros).
Autre établissement touché, la banque néerlandaise Fortis a de son côté fait savoir lundi soir qu'elle risquait de perdre entre 850 millions et un milliard d'euros dans cette vaste fraude pyramidale.
Parmi les autres victimes présumées de Madoff: la fondation caritative familiale du sénateur du New Jersey Frank Lautenberg, le magnat de l'immobilier américain Mortimer Zuckerman, le cinéaste Steven Spielberg, ou encore, selon le "Wall Street Journal", le patron des studios Dreamworks Jeffrey Katzenberg et la fondation du prix Nobel de la paix Elie Wiesel.
Le principe de la fraude pyramidale ne date pas d'aujourd'hui. Il consiste à promettre aux investisseurs une forte rentabilité, qui est versée grâce à l'argent frais apporté par les derniers à entrer dans le système.
Dans l'affaire Madoff, l'attention s'est rapidement portée sur les liens du courtier new-yorkais avec les autorités de régulation à Washington, chargées de contrôler les fonds d'investissement comme celui que Madoff gérait. Il connaissait tout le monde, souligne Arthur Levitt, ancien patron de la SEC (Securities and Exchange Commission) dans un entretien à l'Associated Press.
Linda Thomsen, une responsable de la SEC, a affirmé que les autorités travaillent avec le parquet fédéral et le FBI pour tenter de dénouer les fils de cette affaire et "poursuivre toute personne responsable de la conduite de la société Madoff".
L'ancien président du Nasdaq était un expert dont l'avis était sollicité par les autorités de régulation fédérales. Celles-ci lui ont demandé conseil sur un certain nombre de questions au fil des ans. En 2000, Madoff a par exemple siégé dans une commission consultative du gouvernement sur l'information des marchés, créée pour protéger les investisseurs en leur garantissant une information publique précise et complète.
Au cours des dix dernières années, des analystes financiers s'étaient pourtant inquiétés des pratiques de Madoff à plusieurs reprises. Une lettre envoyée à la SEC en 1999 l'a accusé de fraude pyramidale, mais le gendarme de la Bourse n'a pas pris la peine de mener ne serait-ce qu'un contrôle de routine, rapportait le "Washington Post" sur son site web. L'attitude de la SEC a déjà soulevé des questions lors de deux affaires précédentes impliquant des figures influentes de Wall Street ou des sociétés d'investissement renommées.
Par ailleurs, un juge fédéral a estimé lundi que les victimes présumées de Madoff devaient bénéficier de la Securities Investor Protection Corporation (SIPC), un fonds public spécial créé pour aider les investisseurs des entreprises de courtage en faillite. Le juge Louis Stanton a également ordonné que la société d'investissement de Madoff soit liquidée sous la juridiction d'un tribunal spécialisé dans les faillites.
La SIPC peut verser jusqu'à 500.000 dollars à chaque client lésé, dont 100.000 dollars maximum pour des demandes concernant de l'argent en espèces. Madoff a été inculpé de fraude la semaine dernière.