La biotech québécoise au bord du gouffre

Publié le 27/07/2009 à 00:00

La biotech québécoise au bord du gouffre

Publié le 27/07/2009 à 00:00

Par Denis Lalonde
«Au début de l’année, on comptait 85 entreprises à capital ouvert et fermé au Québec dans tous les secteurs de la biotechnologie, pour un total de 2300 à 2500 emplois. Depuis, ce temps, entre 25 et 30 entreprises ont fermé leurs portes et une vingtaine d’autres sont à risque d’ici la fin décembre», précise Yves Rosconi, président et chef de la direction de Theratechnologies et président de BioQuébec, une association qui défend les intérêts des entreprises de l’industrie des biotechs.


Ce dernier ajoute qu’en comptant les emplois indirects, seulement au Québec, l’abandon du secteur des biotechnologies pourrait affecter jusqu'à 10 000 emplois. «Une entreprise comme Theratechnologies compte par exemple une centaine de travailleurs et génère quatre, voire cinq fois plus d’emplois indirects pour diverses activités de recherche clinique ou autres», dit-il.

M. Rosconi raconte que ce secteur de «l’économie du savoir» est délaissé par les gouvernements, ce qui laisse craindre un exode des cerveaux: «Des pays comme la Norvège, la France, l’Angleterre et les États-Unis injectent des centaines de millions de dollars ou d’euros pour attirer des chercheurs», affirme-t-il, citant le départ de Rafick-Pierre Sékaly. Ce scientifique de l’Université de Montréal a quitté pour le Vaccine and Gene Therapy Institute en Floride ce printemps, en raison notamment d’un manque de financement ici.

«Les scientifiques de haut niveau sont en général des gens très mobiles qui se déplacent où se trouve le financement. Dans mon équipe, 50% des travailleurs ont une maîtrise, un doctorat ou un post-doctorat et le salaire moyen est d’environ 90 000 dollars. S’ils se rendent compte que la biotechnologie n’est pas une priorité au Québec, ils vont aller ailleurs», raconte Yves Rosconi.

Ce dernier explique que lorsque les liquidités se raréfient, les entreprises ont le réflexe de diminuer leurs coûts au minimum en supprimant des emplois et en sabrant dans leurs programmes de recherche. Certaines vont même jusqu’à vendre leurs pertes fiscales à des entreprises plus fortunées pour acheter du temps. «Il faut des revenus pour pouvoir obtenir des crédits d’impôts liés à des pertes fiscales. Or, la plupart des sociétés québécoises présentes dans l’industrie des biotechnologies n’en ont pas, cars elles ne commercialisent pour le moment aucun produit. Elles vendent donc leurs pertes à rabais (quelques cents pour chaque dollar de perte) à des minières albertaines pour financer la poursuite de leurs activités», affirme-t-il.

M. Rosconi soutient qu’une société québécoise, qu’il ne peut nommer pour des raisons de confidentialité, a récemment vendu 150 millions de dollars de pertes fiscales, ce qui lui a permis d’obtenir un montant de 4 millions de dollars. L’acquéreur de ces pertes a ensuite obtenu 100 millions de dollars en crédits d’impôts du gouvernement du Québec.

Yves Rosconi soutient que dans l’ensemble, l’industrie de la biotechnologie québécoise a besoin d’une enveloppe de 150 à 175 millions de dollars pour survivre à la récession et à la crise du crédit qui l’accompagne. Il dit avoir rencontré, en début d’année, le ministre québécois du Développement économique, de l’innovation et de l’exportation (MDEIE), alors Raymond Bachand, pour lui proposer des mesures temporaires qui permettraient de financer adéquatement le secteur.

Voilà donc un dossier chaud qui se retrouve sur le bureau du nouveau ministre du MDEIE, Clément Gignac.

Le président de Thératechnologies souhaite la création d’un fonds en partenariat avec les grandes pharmaceutiques internationales, auprès de qui le gouvernement provincial achète pour plus de 1 milliard de dollars de médicaments de toutes sortes chaque année. Selon son plan, les pharmaceutiques réinvestiraient une partie des montants obtenus de Québec dans un fonds mis à la disposition des biotechs de la province et pourraient obtenir des avantages en retour, comme le prolongement de la durée de leurs brevets.

Ce concept pourrait être repris dans les secteurs énergétique, agricole ou industriel.

M. Rosconi croit également qu’en période de crise économique, le gouvernement devrait verser trimestriellement les crédits d’impôts à la recherche aux entreprises qui y ont droit. Actuellement, il faut compter plus d’un an après le dépôt du bilan financier annuel pour recevoir ces montants. «Ces crédits, pour l’exercice 2008, seront versés au début de 2010», déplore-t-il, estimant que plusieurs entreprises auront fermé leurs portes d’ici là, ce qui est dommage car l’industrie de la biotechnologie génère selon lui un fort potentiel de croissance économique pour la province et le pays.

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