Destiné à remplacer les C-130 Hercules et C-160 Transall vieillissants, l'A400M pâtit de retards d'au moins trois ans et de dépassements de coûts qui mettent en péril tout le programme. Les premières livraisons doivent intervenir dans les trois ans suivant le premier vol, qui n'a pas encore eu lieu.
Les difficultés proviennent notamment de la mise au point des gigantesques turbopropulseurs (turbines à gaz entraînant des hélices) TP400 de 11.000 chevaux -les plus puissants jamais construits en Occident- et en particulier de leur système de régulation électronique.
"De nombreux pays en Europe évaluent leurs besoins en matière de transport aérien (militaire) et doivent prendre des décisions à court terme. Nous avons été approchés par un certain nombre de pays en Europe", a expliqué mercredi à l'Associated Press Peter Simmons, porte-parole de la division Mobilité aérienne de Lockheed.
Le C-130J, version moderne du vénérable Hercules entré en service il y a 50 ans, "est un appareil éprouvé qui peut transporter environ 95% des charges que les flottes européennes sont requises d'emporter. Aussi convient-il très bien à leurs besoins. En ces temps de pressions sur les capacités et les budgets, c'est un avion très efficace en matière de coûts", fait valoir M. Simmons.
Le C-130J, plus petit que l'A400M, peut emporter une charge utile de 21,7 tonnes, et possède un rayon d'action maximum de 3.890km.
Boeing, de son côté, met en avant son C-17, un quadriréacteur de transport lourd capable d'emporter une charge utile. Jean Chamberlin, vice-président de la division Global Mobility Systems de Boeing, estime que le C-17, appareil de transport tactique et stratégique, remplit la plupart des besoins des clients de l'A400M. Le C-17, fait-il valoir, "est disponible maintenant, et sans coûts de développement". Le C-17 Globemaster est notamment utilisé, en Europe, par la Royal Air Force qui en possède six.
Lundi, le président exécutif d'EADS (maison mère d'Airbus) Louis Gallois a déclaré souhaiter "arrêter l'hémorragie" provoquée par "un calendrier absurde" pour l'A400M. "C'est un risque financier important pour notre entreprise, c'est même un risque déjà confirmé puisque nous avons déjà provisionné 2,3 milliards d'euros", a-t-il expliqué sur RTL. "Cela veut dire que nous sommes, sur les 180 premiers avions, en perte de 2,3 milliards" d'euros.
"Il faut voir comment on peut arrêter l'hémorragie et il y a des discussions avec les Etats" participants au programme, a souligné Louis Gallois. Le 11 juin dernier, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy "ont proposé qu'on se donne six mois pour négocier, c'est une très bonne nouvelle".
Il faut s'entendre "sur un nouveau calendrier de livraison", a souligné le président exécutif d'EADS. "Nous étions en retard parce que nous avions accepté un calendrier absurde, absolument irréaliste. Il y a une calendrier qu'il faut revoir, des standards d'avion, des performances qu'il faut discuter avec les clients", a-t-il noté.